Crise politique au Togo : Nana Akufo-Addo en médiateur, Alpha Condé disqualifié.

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La tension politique au Togo ne baisse pas. Au contraire, les manifestations de l’opposition continuent et prennent même une allure d’insurrection populaire, si on s’en tient aux évènements de ces deux derniers jours. Le régime autocratique de Faure Gnassingbé ne ménage non plus aucun effort pour intensifier la répression sauvage qui s’abat sur les populations de la capitale et de l’intérieur du pays occasionnant des morts, des blessés, des dégâts et la destruction du siège du PNP (Parti National Panafricain) de Tikpi Salifou Atchadam.

Crise politique au Togo : Nana Akufo-Addo en médiateur, Alpha Condé disqualifié.

Sur le plan de la médiation, après le feuilleton controversé CEDEAO –OIF avec le duo Chambas-Mindaoudou vite récusé par la coalition, les bons offices du Président de l’Union Africaine, certainement sollicité par Faure Gnassingbé pour emballer l’opposition dans une voie sans issue, n’ont pas prospéré. Annoncée à Conakry pour le 16 octobre, la coalition n’a finalement pas fait le déplacement.

La crédibilité du Président de l’Union Africaine qui nourrit aussi une volonté farouche de s’offrir un troisième mandat au pouvoir et l’évolution de la situation sur le terrain sont les causes de ce déplacement avorté. Mais sur le plan régional, les efforts continuent pour circonscrire le brasier togolais avant qu’il ne se propage au-delà du pays.

Le groupe informel des 5 mis en place par le Secrétaire général des Nations Unies en marge des Assemblées générales de New York, que Faure Gnassingbé tente de contourner au profit d’Alpha Condé, semble revenir dans le jeu en force.

Le Président ghanéen Nana Akufo-Addo revient dans le jeu, la coalition attendue à Accra

Le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a effectué un séjour de 48 heures à Accra du 17 au 18 octobre. Au-delà des sujets sur les relations bilatérales entre les deux pays voisins, la crise politique que traverse le Togo était au menu des entretiens, selon plusieurs sources. Faut-il le rappeler, le Président du Ghana avait été mandaté par le groupe informel des 5 chefs d’Etats pour s’occuper de la crise togolaise.

Ce dernier a eu un premier entretien avec le leader de l’UFC, Gilchrist Olympio à Accra et a, ensuite, rencontré discrètement Faure Gnassingbé il y a environ deux semaines à Ho, une ville au centre du Ghana. Au cours de cette visite discrète hors camera, Faure Gnassingbé, selon des sources proches de la Présidence à Accra, avait rassuré son homologue de la maîtrise de la situation et promis que les choses rentreraient vite dans l’ordre. En réalité, cette fausse assurance affichée par le locataire de la Marina devant son homologue était une manœuvre pour contourner le groupe des 5 chefs d’Etat, dont l’approche ne lui semblait pas favorable, pour impliquer un autre acteur dans le jeu, notamment Alpha Condé. Ce sera peine perdue.

Le groupe des 5 chefs d’Etat reprend le dossier togolais et le Président ghanéen, à l’issue de son entretien avec son homologue ivoirien, rendra compte aux Présidents Christian Marc Roch Kaboré, Mahamadou Issoufou et Patrice Talon de l’approche retenue pour dénouer la crise togolaise. Mieux, il va solliciter l’appui d’un poids lourd de la région, notamment Muhammadu Buhari. L’ensemble de ces chefs d’Etat de la CEDEAO ont compris l’urgence d’agir dans le cas togolais afin de préserver la région d’une crise d’instabilité.

La coalition de l’opposition sera donc probablement conviée à Accra pour une séance de travail avec le président du Ghana. Ce dernier se rendra ensuite au Togo, certainement accompagné d’un de ses pairs pour présenter à Faure Gnassingbé le plan de sortie de crise. Le retour en force du groupe des 5 chefs d’Etat dans la crise politique au Togo ne doit certainement pas arranger la situation de Faure Gnassingbé dont la plupart des collègues de la région, à l’exception d’Apha Condé, souhaitent un départ au terme de son mandat en 2020, selon une source diplomatique. Le fils de feu Gnassingbé Eyadema qui est aux affaires depuis 12 ans, après 38 ans de son père, va-t-il enfin entendre raison ? Les jours à venir nous situeront.

Source : L’Alternative No.650 du 20 octobre 2017

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