« La frontière est mince entre une prudence avisée et la paranoïa » (Dean Koontz)
Le Togo des Gnassingbé, c’est une lapalissade, c’est une dictature vieille de 54 ans de père en fils et de type monarchiste, avec un pouvoir de père en fils. Et un régime fort verrouillé. Mais aussi l’un des États les plus militarisés d’Afrique. Le règne sans fin des Gnassingbé, ils le doivent à une armée, pilier du régime, qui est tout sauf républicaine et prête à tout pour garder le pouvoir dans le giron familial. Un appareil sécuritaire dont le point fort est sa cohésion sans faille et ethniquement très homogène sur lequel comptait le père, mais aussi le fils, aujourd’hui.
Lors de la grave crise sociopolitique qui a ébranla le régime en 2017, Faure Gnassingbé a pu bénéficier de cette armée qui a réprimé dans le sang les manifestations, inédites par leur ampleur, qui avaient embrasé tout le pays. Les sécurocrates de Faure Gnassingbé qui forment un cordon étanche autour de lui, multipliaient les réunions et mettaient en garde les FAT (Forces Armées Togolaises) contre toutes velléités séditieuses.
Malgré cette homogénéité que présente l’armée et son allégeance au chef de l’Etat, la sérénité ne semble pas de mise au sein du régime togolais. Comme quoi on ne peut avoir confiance à 100% aux hommes en treillis qui sont parfois imprévisibles. Chaque coup d’Etat qui intervient dans l’espace CEDEAO entraine des bouleversements au sein des FAT qui trahissent la nervosité et la fébrilité du pouvoir de Faure Gnassingbé.
Le 18 août 2020, un coup d’Etat est perpétré au Mali. Le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est renversé. A Lomé, quelques jours plus tard, plusieurs nominations interviennent dans les rangs des FAT. Le Général de Brigade, Komlan Adjitowou est nommé Chef d’état-major particulier du Président de la République ; le Colonel Kassawa Kolémaga prend les commandes de l’armée de terre et le Colonel Tassounti Djato propulsé à la tête de l’armée de l’air. Dans la foulée, le sécurocrate en chef de Faure Gnassingbé, le Général Abalo Kadanga, Chef d’Etat-major général des FAT et bras armé du régime, est dégommé, remplacé par le Général de Brigade Dadja Maganawé.
Le 5 septembre 2021, la Guinée à son tour est secouée par un coup d’Etat. Alpha Condé est capturé par les forces spéciales guinéennes. Arrivé au terme de son deuxième mandat en 2020, l’octogénaire dictateur guinéen, groggy par le pouvoir, organise un référendum controversé qui aboutit au tripatouillage de la Constitution, fait massacrer ses compatriotes et opère un braquage électoral qui lui permit de s’offrir un troisième mandat. Moins d’un an après son coup de force électoral, le vieil homme est « doumbouyé », dégagé du trône par les militaires. La soif inextinguible d’Alpha Condé pour le pouvoir l’aura conduit à sa perte.
Un putsch ressenti comme une onde de choc à Lomé. Une semaine après le coup d’Etat en Guinée, Faure Gnassingbé procéda à une série de nominations au sein des Forces armées togolaises (FAT). Le Colonel Massina Yotroféi, patron de la Gendarmerie nationale et sécurocrate du chef de l’Etat perd son poste au profit du Colonel Kodjo Amana. L’ancien tout puissant Directeur de la Gendarmerie devient Inspecteur général Adjoint des FAT. Quant au Général de Brigade Komlan Adjitowou, promu un an plus tôt, Chef d’Etat-major particulier de Faure Gnassingbé, il est nommé Inspecteur général des FAT.
Le dernier coup d’Etat intervenu au Burkina Faso le 24 janvier 2022 qui a chassé du pouvoir Roch Marc Christian Kaboré a eu également des répercussions à Lomé. Deux jours seulement après le putsch, le Colonel Takougnadi Alognim qui commandait le 3è Régiment d’Infanterie de Témédja perd son poste, remplacé au pied levé par le lieutenant-Colonel N’Gowaki Kadanga…
Médard AMETEPE
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com