Comment la friperie sauve la vie des jeunes étudiants de Lomé

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Chaque année, 65 000 tonnes de vêtements d’occasion arrivent au Port autonome de Lomé en provenance d’Europe ou des Etats-Unis. Ils font du marché de la friperie, appelé en langue locale « abloni », un business florissant dans notre pays, dont vivent plusieurs milliers de personnes. Parmi elles, Cathérine Djata, étudiante en fin de parcours Licence en sociologie à l’Université de Lomé. Reportage.

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De l’ancien français frepe qui signifie « chiffon », lui-même issu du bas latin « faluppa » ( fibre, petite chose sans valeur) la friperie est un commerce de détail qui vend des vêtements d’occasion. Au Togo, ce marché est en pleine croissance du fait d’une forte demande et du pouvoir d’achat des consommateurs.

Jeudi, 18 mars 2021. Il est 4 heures du matin quand Cathérine Djata arrive au marché de Hédzranawoé. Situé au centre de Lomé, il est le lieu par excellence du commerce de friperie. Les lundis et jeudis sont les jours de la semaine qui y sont consacrés. « les balles de vêtements en provenance de l’Europe, des Etats-Unis et de l’Australie sont proposées durant ces deux jours . Et pour faire de bonnes affaires, il faut être sur les lieux très tôt » indique l’étudiante.

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Plus on achète en gros, moins c’est cher. Vendue à partir de 80.000 FCFA, la balle est un tas d’habits pour tous les goûts et pour tous les âges, à la qualité aléatoire. En effet, parmi la centaine d’habits, on peut y retrouver certaines à peine portées, d’autres plus usées ou d’autres encore qui auront besoin de retouches pour avoir une deuxième vie.

Arrivée à l’aube, Cathérine passera près de 6 heures dans le marché à fouiller, retourner et inspecter avant de repartir avec 2 balles de friperie.

Opportunité

Une fois dans le conteneur qui lui sert de boutique, Cathérine fait une  sélection minutieuse des habits qui pourront servir d’achalandage. « Pour attirer le client et le décider à acheter, la marchandise seule ne suffit pas. La manière de la présenter, de l’exposer est tout aussi déterminante » relève-t-elle.

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Elle fixe les prix en fonction de la qualité des habits : 3000 FCFA en moyenne pour une robe, 2500 FCFA pour une chemise. S’ils paraissent relativement chers pour le Togolais moyen, Cathérine estime qu’ils restent largement en deça des prix pratiqués dans les boutiques de prêt-à-porter, 8000 FCFA et 6000 FCFA pour les mêmes produits, avec une qualité inférieure, assure-t-elle. De fait, elle réalise sur une balle un bénéfice moyen de 150.000 FCFA.

Filière aux mains des Ibos

Pantalons, chemises, polos, robes, jupes, chaussures etc. sont achetés par les consommateurs Occidentaux puis jetés souvent à peine portés. Ceux-ci retrouvent, bradés, une seconde vie en Afrique, notamment au Togo grâce à des entreprises de recyclage qui en font la collecte avant de les envoyer à Lomé. Une fois ici, les grossistes, pour la quasi-totalité des Ibos, ethnie nigériane, se chargent de la distribution.

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La filière est alimentée par la consommation effrénée des pays développés et le « vite-acheté » « vite-jeté », conséquence de la fast fashion, cette mode bon marché à la dizaine de collections par an.

Focus Infos No 269

Source : Togoweb.net