Au Togo, la crise sociopolitique qui secoue le pays depuis quatre mois déjà, a rendu l’économie exsangue. Les affaires sont au ralenti. La misère caractérisant le quotidien des populations s’accentue, l’amertume se lit sur les visages.
Tout était parti d’un appel de Salifou Tikpi Atchadam, leader du Parti National Panafricain (PNP) à l’endroit des autres partis le 19 août dernier, au cours d’une manifestation réprimée dans le sang par le pouvoir de Lomé.
Forts du soutien de la population, réunis au sein d’une coalition, 14 partis de l’opposition organisent presque chaque semaine des manifestations pour contester le pouvoir de Faure Gnassingbé aux affaires depuis 2005. Le poisson pourrissant toujours par la tête, la crise actuelle qui secoue le Togo affecte gravement l’économie du pays. Désolation, déception, amertume, surtout une galère sans précédent, sont devenues le quotidien du Togolais.
« Actuellement, rien ne marche au pays. Ce manque d’engouement des Togolais pendant ces moments de fêtes de fin d’année est révélateur. A la dernière foire, les étrangers sont presque absents, l’affluence n’a pas été au rendez-vous. A pareil moment, c’est l’affluence habituellement au marché de Hédzranawoe, mais c’est le contraire cette année. Avant, les étrangers venaient au Togo, mais depuis que les manifestations de rue ont commencé, les gens ont pris peur, ils ne viennent plus et c’est l’économie du pays qui en pâtit. Un exemple, je suis mécanicien gros camion. Actuellement, les camions ne viennent plus des autres pays et me voici reconverti en conducteur de taxi-moto. Rares sont ceux qui sollicitent nos services en ces temps de crise », regrette Mensah, mécanicien auto reconverti en conducteur de taxi-moto, croisé au marché de Hédzranawoe.
Assise devant son stand, mine un peu serrée, Adjo passe un énième coup de chiffon sur ses pâtes alimentaires. «La crise actuelle constitue un frein à la bonne marche des activités. Notre chiffre d’affaires a considérablement baissé depuis des manifestations. Regardez, l’affluence n’est pas au rendez-vous, les clients ne viennent pas. C’est un cas général, nous avons des nouvelles des autres marchés de la ville », a-t-elle déclaré, dépitée.
Manifestement, face à cette situation les Togolais ne décolèrent guère. Par crainte de ne pouvoir sortir de ce guêpier sans patriotisme, ils invitent les différents protagonistes à mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation, le seul moyen pour une résolution durable de la crise.
« Depuis le mois d’août, les appels à manifester de l’opposition s’amplifient. On assiste à des manifestations presque chaque semaine, ce qui paralyse l’économie. Les gens sollicitent nos services, à la fin du contrat, ils disent d’attendre pour le paiement y compris les juges, les avocats avec qui on travaille. L’économie du pays s’engouffre. On a du contracter des prêts pour survivre, tout le monde étant méfiant à sortir le peu de sous à sa disposition. Sérieusement on en souffre, la joie a fui le Togolais, vous auriez dû le remarquer vous-mêmes, nous sommes tous des mort vivants », fulmine Koffi, conducteur de télé-taxi croisé dans les rue de Lomé.
Et de souhaiter : « Le mieux serait de trouver une solution à cette crise pour le meilleur du pays, nous en appelons d’ailleurs à l’esprit patriotique de tous ces acteurs ».
Le pouvoir et l’opposition s’accusant mutuellement pour une résolution effective de cette crise, les Togolais demeurent dans l’expectative et passent leur temps à gémir.
Source : www.icilome.com