Arise et Gagan Gupta acculés au Gabon : Nécessité pour le Togo de reprendre le contrôle de PIA

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Depuis le coup d’État du général Brice Oligui Nguema, président de la transition au Gabon et tombeur d’Ali Bongo Ondimba en fin août 2023, les enquêtes sur les crimes économiques présumés sous le régime d’Ali Bongo se multiplient, et de présumés coupables sont interpellés et mis à la disposition de la Justice. Plusieurs entreprises étrangères dont Olam et Arise sont aussi mise en lumière.

D’abord critiquées pour leurs liens avec l’ancien président, Olam et Arise subissent aussi de vifs reproches de la part des Gabonais quant à leurs activités et leur gestion du personnel local au Gabon. Cette situation soulève des questions similaires concernant la gestion de PIA Togo, détenue par les mêmes acteurs. Selon des indiscrétions, l’ambiance est lourde ici au Togo depuis que la situation prend d’autres tournures au Gabon.

« Après la chute d’Ali Bongo, Olam et Arise défendent leurs investissements au Gabon », lit-on sur le site de Jeune Afrique (JA). Le confrère est revenu sur les critiques formulées à l’encontre des deux entreprises relatives au traitement réservé à leurs employés. Aussi informe-t-il que « les deux groupes agroindustriels ont lancé une vaste campagne de communication en vue de résonner jusqu’au sommet de l’État » gabonais.

Pratiques décriées

« Olam et Arise sont des sociétés écrans appartenant toutes à Bongo et leurs associés », « Gagan Gupta n’a jamais investi au Gabon, il a participé au détournement des fonds »… Dans le collimateur des internautes gabonais et face à une avalanche de critiques au lendemain du coup d’État du général Brice Oligui Nguema, Olam et Arise sont montés au créneau pour défendre leur bilan. Influents dans divers secteurs, de l’agro-industrie aux infrastructures, en passant par la logistique ou encore le transport, le géant du négoce et du courtage de denrées alimentaires et son ex-filiale, spécialisée dans le développement d’écosystèmes industriels, piloté par le serial entrepreneur indien Gagan Gupta, sont accusés de « maltraiter leurs salariés et d’avoir bénéficié d’une série d’avantages sous l’ancien régime ». « Les internautes gabonais reprochent, non seulement, la mainmise des deux groupes sur les marchés publics au Gabon, mais aussi les conditions de travail et la précarité des salariés », glisse un économiste gabonais ayant requis l’anonymat.

S’il reconnaît le rôle économique important des deux géants singapouriens, avec quelque milliers d’emplois créés, notre interlocuteur juge « les horaires de travail (souvent de 8h à 19h), et la rémunération (environ 5 000 francs CFA/7,62 euros) injustes », écrit JA. En effet, les pratiques décriées au Gabon, telles que les horaires de travail longs et la rémunération inadéquate, sont également présentes au Togo. Les salariés locaux sont confrontés à des conditions de travail difficiles, avec des journées de travail prolongées, tandis que leur rémunération, filet-on en coulisse, reste nettement en deçà des normes acceptables, ne permettant pas de subvenir convenablement à leurs besoins. Il est essentiel de souligner que les employés locaux, qu’ils soient au Gabon ou au Togo, méritent des conditions de travail dignes et une rémunération équitable pour leurs efforts. Le respect des droits des travailleurs est un principe fondamental, et toutes entreprises, qu’elles soient étrangères ou locales, doivent résolument s’engager à offrir un environnement de travail sûr, des horaires raisonnables et des salaires justes. Ainsi, il est impératif que les gouvernements et les autorités de régulation surveillent de près les pratiques des entreprises et veillent à ce qu’elles respectent scrupuleusement les droits des employés. De plus, les employés locaux doivent être encouragés à se faire entendre et à exprimer librement au besoin, leurs préoccupations, tout en bénéficiant de mécanismes de protection adéquats.

PIA Togo et la question de la Direction générale…

D’abord, pour beaucoup, l’absence de Togolais au sein de la Direction générale de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) est bien plus qu’une simple question d’équité ou d’égalité des chances. C’est une question de souveraineté nationale et d’autonomie économique. Au Togo, M. Tushar Khairnar  est en même temps le Président et le Directeur général de la BU d’Arise IIP du Togo connue sous le nom de PIA. C’est lui qui fait « la loi ». Or au Bénin, où des entreprises similaires opèrent notamment à la GDIZ – Glo-Djigbé Industrial Zone, c’est un Béninois en la personne de Letondji Beheton qui est le Directeur Général. Bien qu’il s’agisse d’un Partenariat public-privé, la présence de ressortissants locaux à des postes clés de la Direction générale garantit une meilleure représentation des intérêts nationaux et une prise de décision adaptée à la réalité locale.

Le Togo, tout comme le Bénin, regorge de talents compétents, de professionnels hautement qualifiés et de personnes ayant une connaissance approfondie du contexte local. Ces ressources humaines méritent amplement l’opportunité de contribuer activement à la gestion de PIA Togo. Nommer au moins un Directeur Général Adjoint togolais au sein de PIA Togo permettrait d’assurer que les intérêts nationaux, les priorités économiques, et les spécificités locales soient pris en compte dans la stratégie et la direction de l’entreprise. Cela renforcerait également la transparence et la responsabilité, car un ressortissant togolais serait directement responsable devant les autorités du pays. Aussi, la nomination d’un Togolais au poste de Directeur Général Adjoint serait un signal fort de l’engagement du gouvernement togolais en faveur de l’autonomie économique du pays.

Cela montrerait que le Togo a confiance en ses propres ressources humaines et qu’il est prêt à investir dans leur développement et leur leadership. Il s’agit d’un moyen de stimuler la croissance économique nationale, de créer des emplois, et de promouvoir le savoir-faire local. Il est donc temps que le Togo saisisse cette opportunité pour renforcer sa souveraineté économique en plaçant des compétences locales aux postes clés de PIA Togo. Il est aussi temps de valoriser et d’exploiter pleinement le potentiel des talents togolais pour le bien du pays et de ses citoyens. La nomination d’un Directeur Général Adjoint togolais serait un pas décisif dans cette direction, et une affirmation de la capacité du Togo à prendre en main son destin économique.

Recrutements, salaires et conditions…. des sujets qui fâchent aussi

Le recrutement massif d’expatriés (originaire du pays des responsables) pour occuper des postes de responsabilité à PIA Togo est une source de préoccupation majeure. Cette situation a engendré des frustrations parmi les employés locaux qui constatent que leurs collègues expatriés bénéficient plus de conditions optimales de travail et de rémunération bien plus avantageuses. En effet, ces expatriés, au nombre d’une cinquantaine d’après les indiscrétions, occupent des postes stratégiques au sein de l’entreprise. Ils bénéficient, selon les sources, de salaires mirobolants, de logements de rêve, et de véhicules de fonction, tandis que les employés locaux perçoivent des salaires bien en deçà de leurs compétences et de leurs contributions. Cette inégalité dans les conditions de travail et de rémunération est non seulement « injuste », mais elle mine aussi la motivation des travailleurs togolais, qui se sentent dévalorisés et sous-estimés. S’il est évident que le recrutement massif d’expatriés n’est pas justifié à tous les niveaux de l’entreprise, il est toutefois important de souligner que la nationalité ne devrait pas être le critère déterminant pour occuper des postes de responsabilité. Ils devraient être attribués en fonction des compétences, de l’expérience et de la capacité des acteurs à contribuer plus efficacement à l’essor de l’entreprise.

Une équipe réduite d’expatriés, même en proportion inférieure à ce qui est actuellement en place, serait suffisante pour apporter une expertise externe tout en laissant place aux talents locaux. Au demeurant, il est crucial que PIA Togo revoie sa politique de recrutement et de rémunération afin de garantir une répartition plus équitable des opportunités et des avantages entre les expatriés et les employés locaux. Cela favorisera non seulement un meilleur climat de travail, mais également la croissance et le développement durables de l’entreprise, dans le respect des compétences et de la dignité de ses travailleurs togolais. Il est aussi crucial que PIA Togo adopte une politique de transparence totale dans la gestion de ses contrats et des fonds empruntés. Les contrats conclus avec des partenaires étrangers doivent être clairs, accessibles et compréhensibles pour tous les acteurs concernés, y compris le public togolais. Toute opacité dans les contrats peut susciter des inquiétudes quant à d’éventuels détournements de fonds et compromettre la confiance du public dans l’entreprise.

Le Togo, pour sa part, doit vite tirer leçons des critiques formulées au Gabon en évitant la concentration excessive de pouvoir et d’influence économique entre les mains d’entreprises étrangères. Il doit aussi mettre en place des mécanismes pour favoriser l’émergence de capitaines locaux d’industrie, les promouvoir pour le bien de l’économie nationale. Cela peut être réalisé en encourageant l’entrepreneuriat local, en facilitant l’accès au financement pour les entreprises locales, et en promouvant des partenariats équilibrés entre les acteurs nationaux et étrangers. Enfin, le Togo doit protéger sa souveraineté économique en veillant à ce que les entreprises étrangères opèrent dans le respect des lois et des intérêts nationaux. Une politique de promotion de l’industrie locale, de la création d’emplois locaux et de la diversification économique contribuera à éviter les pièges de la dépendance excessive vis-à-vis d’entreprises étrangères, tout en assurant un développement harmonieux et durable du pays. Il en va de l’intérêt supérieur de la Nation. Important !

Source: La Manchette

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Source : icilome.com