Allemagne: Angela Merkel annonce sa retraite politique

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La chancelière allemande, Angela Merkel, a annoncé lundi 29 octobre lors d’une conférence de presse qu’elle quitterait la tête de l’Etat à l’issue de son mandat de chancelière, en 2021, et qu’elle se retirerait de la vie politique.

Elle a également confirmé qu’elle ne se représenterait pas à la présidence de son parti, la CDU, en décembre, lors du prochain congrès. Une décision prise, selon elle, avant l’été.

Angela Merkel restera donc plus de deux ans à son poste de chancelière, sans être présidente du parti majoritaire. Elle avait pourtant toujours insisté sur le fait qu’elle liait fortement les deux fonctions. « Je suis convaincue que les deux sont liées, a-t-elle confirmé lors de sa conférence de presse. Mais j’ai dit que je n’allais pas me représenter. Pour une durée limitée, c’est possible de séparer les deux fonctions. Cette limitation est nécessaire. »

Recul de dix points

Cette décision fait suite à un nouveau revers électoral, dimanche, lors d’élections régionales dans la Hesse. La CDU y est arrivée en tête, avec 27 % des voix, mais affiche un recul de dix points par rapport au scrutin de 2013. Mi-octobre, l’Union chrétienne sociale (CSU), alliée historique de la CDU avait également été désavouée en Bavière, lors des élections régionales.

« La CDU n’a pas su convaincre suffisamment les électeurs, a estimé la chancelière. L’élection d’hier doit être une césure. Il doit y avoir une chance pour la CDU, la CSU et le SPD [le parti social-démocrate, membre de la coalition au pouvoir] d’identifier les éléments de paix dans le pays et de vivre ensemble. »

Rappelant qu’elle avait longuement réfléchi avant de présenter sa candidature il y a deux ans, Angela Merkel a dit assumer sa responsabilité pour les échecs de sa politique. « L’image présentée par la coalition est inacceptable, a-t-elle affirmé. Je m’efforce de permettre au gouvernement de faire enfin son travail dans de bonnes conditions. »

Angela Merkel a pris la tête de la CDU le 10 avril 2000, succédant à Wolfgang Schäuble, ancienne figure des gouvernements Kohl, impliqué dans « l’affaire des caisses noires », un scandale de financement illégal du parti. Elle a toujours insisté sur le fait qu’elle liait fortement la fonction de chancelière et de présidence du parti.

Depuis plusieurs mois, la chancelière lutte pour le maintien de sa coalition avec le Parti social-démocrate (SPD), mais celle-ci apparaît au bord de l’implosion à la suite des échecs électoraux pour les deux partis en Hesse et en Bavière.

Dans une conférence de presse suivant celle d’Angela Merkel, Andrea Nahles, présidente fédérale du SPD, a indiqué vouloir « un plan » pour les prochains mois et souhaite discuter de l’avenir de l’Etat social, de l’Europe et de l’écologie. « Les résultats des élections sont douloureux. Nous devons en tirer les conséquences », a-t-elle affirmé.

Préparer sa succession

La popularité de la chancelière n’a cessé de refluer depuis sa décision d’ouvrir les frontières du pays à plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016, à mesure que celle de l’extrême droite antimigrants progressait. Plusieurs cadres de son parti réclament depuis des mois un coup de barre à droite et demandent à Angela Merkel de préparer sa succession. Celle-ci avait refusé jusqu’ici de publiquement débattre de son avenir.

« La situation pour Merkel est sérieuse. La question est de savoir si nous allons bientôt devoir apposer derrière sa coalition la mention : en liquidation », ironisait lundi dans un éditorial le quotidien de référence Süddeutsche Zeitung.

Le chef de la CDU en Hesse, Volker Bouffier, pourtant considéré comme un proche d’Angela Merkel, a jugé que le piètre résultat dans son Land constituait « un signal d’alarme » pour le mouvement « et également pour notre présidente ».

Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung juge, lui, que ce serait « une grave erreur » pour Angela Merkel de s’accrocher à son poste « vu sa situation ». Il lui faut « prouver qu’elle a compris ce que tout le monde sait : la fin de son mandat de chancelière se rapproche », ajoute le journal lundi.

Prochains mois extrêmement difficiles

Les prochains mois seront extrêmement difficiles. Plusieurs scrutins sont prévus en 2019, qui pourraient se transformer en répliques des élections en Bavière et en Hesse. Le SPD et la CDU/CSU pourraient de nouveau voir leurs mandats se réduire. Outre les élections européennes, au mois de mai, en 2019 quatre Länder renouvellent leur parlement régional : la ville-Etat de Brême au mois de mai et, surtout, à l’automne, le Brandebourg, la Thuringe et la Saxe, trois Länder de l’Est où la chancelière est très critiquée. Dans ces régions, le risque est réel de voir le parti d’extrême droite populiste AfD arriver en première position.

Plusieurs candidats se profilent pour succéder à Angela Merkel. Trois ont déjà acté leur candidature : Friedrich Merz, ancien président du groupe parlementaire ; Annegret Kramp-Karrenbauer, actuelle secrétaire générale du parti et proche d’Angela Merkel ; et Jens Spahn, actuel ministre de la santé et une des figures de l’opposition contre la chancelière à l’intérieur de la CDU. La chancelière a refusé de commenter ces candidatures.

Source : www.cameroonweb.com