Accord de Niamey vu par le Prof Roger FOLIKOUE

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Accord de Niamey vu par le Prof Roger FOLIKOUE

Réunis à Niamey ce week-end, les chefs d’Etat d’Afrique ont signé un document qui, dit-on, dote le continent noir d’un marché commun. Et on parle d’un événement historique. Ce qu’analyse ici l’universitaire Roger Folikoue.

Rencontre de Niamey : Un fait dans l’histoire ou un fait historique ?

Depuis hier, on dit que c’est historique car l’Afrique vient de se doter d’un marché commun. Mais est-ce vraiment historique ou juste un fait dans l’histoire ?

Tout fait dans l’histoire n’est pas cependant historique. Car l’historique est ce qui marque la vie des hommes et des femmes, c’est ce qui est de l’ordre d’un événement qui brille par sa singularité.

Peut-on dire que ce qui s’est passé au Niger ce week-end avec la signature des présidents des États africains est historique ? Je ne crois pas, mais c’est un fait de l’histoire.

L’Union européenne a commencé avec le traité du marché de l’acier avec certains pays européens. Encore un traité économique et au fil du temps, ces pays ont compris que l’intégration économique a des exigences d’harmonisation non seulement économique, mais aussi politique au sens de la recherche d’un mieux-être ensemble dans un espace élargi.

On a voulu contourner le problème politique qui relève d’une vision avec des valeurs communes à partager et qui fondent l’économie, mais il se révèle incontournable.

L’Europe se rend compte aujourd’hui que la dimension politique est primordiale. Par politique, il ne faut pas entendre ici les querelles des partis politiques, mais le fait de penser l’être ensemble.

Ils sont encore là et c’est un problème incontournable.

Et voilà qu’ au lieu d’innover pour apporter quelque chose aux autres grands ensembles politiques en gestation au XXIe siècle, l’Afrique donne l’impression d’être le passé des pays occidentaux.

La rencontre de Niamey pourrait être historique si c’était un accord effectif, traduisant la mise en œuvre d’une utopie : une Afrique unie, sortie de la balkanisation.

Cette rencontre, un fait de l’histoire, se situe dans une ligne que nous n’avons pas inventée et qui nous place derrière les autres.

Elle pouvait être une occasion d’audace. Mais hélas…

A ce titre, 7 juillet 2019 est un fait de l’histoire, mais ce n’est en aucun cas historique.

Roger FOLIKOUE

Source : www.icilome.com