Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le rôle des parlementaires de la CEDEAO, surtout dans la crise au Niger. Parmi ces esprits avisés, on note le président du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio. Il s’interroge également sur ceux du Togo dans un post sur les réseaux sociaux.
Lecture!
A quoi servent les députés de la CEDEAO, à quoi servent les députés togolais ?
Quand on dit qu’au Togo les députés de l’opposition ne peuvent pas défendre par la loi les intérêts de la population, certains hurlent que ce sont des propos déraisonnables. Mais les faits sont très têtus.
Dans la vidéo ci-contre, c’est un député béninois qui s’exprime sur le projet d’intervention militaire de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest contre le Niger. Il est membre du parlement de la CEDEAO, vice-président de la Commission Paix et Sécurité, et parle à ce titre. Il dénonce le fait que les chefs d’Etat ne leur accordent aucune considération en tant qu’élus du peuple, encore moins à l’institution qu’ils incarnent.
Au Togo, un député s’est-il élevé pour s’offusquer de cette pratique ?
En réalité, ce qu’il se passe au niveau de la CEDEAO et que dénonce précisément ce député, c’est que les chefs d’Etat peuvent déclarer la guerre à un pays membre de la Communauté, sans consulter le parlement de l’organisation, contrairement aux dispositions légales. Le député ne parle pas ici d’une marginalisation des députés de l’opposition. Il évoque l’ensemble du parlement de la CEDEAO.
C’est ainsi que fonctionnent plusieurs de nos États, comme au Togo, où les députés de l’opposition n’ont aucune possibilité d’influer sur les lois votées à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, les conditions des élections ne peuvent permettre que les députés de l’opposition, à défaut d’être majoritaire, puissent avoir la capacité de bloquer des lois liberticides.
La conséquence directe au Togo est que depuis 1994 – une trentaine d’années – que l’opposition togolaise est représentée à l’Assemblée nationale, à peu de temps près, elle n’a jamais eu l’opportunité de faire voter une seule proposition de loi au profit de la population. A quoi sert-elle dans ces conditions ? A quoi servent nos parlements, si les chefs d’États ne les consultent pas sur les grands sujets concernant la Nation, même pas pour un sujet aussi grave qu’une déclaration de guerre à un pays tiers ? La démocratie est malade dans nos pays et nos organisations sous-régionales en souffrent.
La démocratie ne fonctionne pas de la même manière aux Etats-Unis, en France, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, par exemple. Chaque pays l’adapte à ses réalités propres, son histoire, tout en conservant les fondamentaux du concept. En Afrique, nous ne pouvons pas continuer d’appliquer le modèle français dans les pays francophones, en conservant les acquis de leur histoire et les réalités de leur culture. « Nos ancêtres les gaulois » doit disparaître de notre imaginaire. Nous avons notre histoire et nous avons notre culture. Il nous revient d’en faire une bonne combinaison avec la démocratie.
Il y a beaucoup de choses à changer dans la conception que les dirigeants ont de l’élection et surtout, il y a beaucoup à changer dans la pratique que l’on fait de la démocratie dans nos pays. Avec les crises successives, il est temps de construire une manière de diriger nos pays qui tienne compte de nos sensibilités, de nos cultures et de nos attentes.
Le chantier est vaste, nous ne pouvons en faire l’économie. Il est temps !
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais
Togo
Démocratie
Dictature
Gouvernance
Assemblée nationale
Source : icilome.com