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30 ème anniversaire du massacre de Fréau Jardin: un devoir de mémoire qui secoue le Togo

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Après l’assassinat de Tavio Amorin fin septembre 1992, la transition démocratique dont a accouché la Conférence Nationale se poursuivra malgré les à-coups et la multiplication des actes de sabotage manifestes du pouvoir RPT. Et malgré les errements d’une opposition qui peine à maintenir une dynamique unitaire aussi.

Le référendum donnant naissance à la IVème République est tenu le 27 Septembre 1992. Ce jour-là 98,11% des Togolais s’étant rendus aux urnes approuvent la nouvelle constitution inspirée en grande partie des actes de la Conférence Nationale. Le climat n’en est pas pour autant serein. L’éternel débat autour du bulletin unique défendu par l’opposition et contesté par le RPT, le déblocage des fonds de ce parti au pouvoir, continuent d’empoisonner la préparation des différents scrutins censés achever la transition.

Absentes de la scène depuis l’attaque de la primature le 03 décembre 1991, la France et l’Allemagne réapparaissent dans le paysage, nommant chacun un nouvel ambassadeur à Lomé à l’automne 1992 en la personne de Jean-Claude Gaussot et Reinald Steck. Koffigoh, quant à lui, plus seul que jamais, subit allègrement les foudres de ses désormais ex-compagnons de lutte et d’une presse acide qui ne manque pas de quolibets à son égard.

Il est désormais dans les colonnes Koffi GUNTTO (pour Gvt d’Union Nationale de Trahison Totale Organisée). Interrogé sur la question du dégel des avoirs du RPT, le premier ministre renvoie la balle au HCR qui assume désormais l’héritage législatif de la Conférence Nationale. C’est lors d’une session du HCR (Haut Conseil de la République), en présence des ministres, Arégba Polo, Agbeyomé Kodjo et Fanbaré Natchaba, le 22 Octobre 1992 que fait irruption un commando d’une centaine d’hommes qui boucle aussitôt les locaux et tend à Mgr Kpodzro un document à lire devant la presse où il réclame le déblocage immédiat des fonds du RPT incluant leur quote-part : 300 Millions de Francs CFA ( le double aujourd’hui, soit environ 915.000EUR).

Les militaires font état de leurs difficultés financières en cette rentrée scolaire. Les chefs des partis présents se rassemblent dans un coin et débattent entre la possibilité pour le HCR de refuser l’extorsion et se dissoudre aussitôt ou bien céder à ce chantage et laisser au gouvernement le soin de se charger des dispositions pratiques. C’est cette seconde option qui l’emportera au final. Un texte est rédigé et remis à Mgr Kpodzro pour signature.

Les 3 ministres sont autorisés à quitter les lieux à 15h. Polo, chargé des relations avec le HCR refusera pour rester auprès des Hauts Conseillers. Vers 16h30, les membres féminins du HCR dont Mme Brigitte Adjamagbo sont autorisées à quitter la salle sous les injures les plus ordurières des militaires surexcités.

Suit la libération des membres de la Commission Electorale Nationale et de la commission audiovisuelle. Il reste alors une quarantaine de hauts conseillers dont des membres du RPT.

Muet depuis la matin, Koffigoh va se contenter à la surprise générale d’adresser aux chefs de partis présents dans la salle un message leur intimant de signer une déclaration. Celle-ci vise à confirmer que la déclaration sous contrainte du prélat en début d’après-midi les engage et les empêche de se retourner une fois de plus contre lui pour trahison des actes de la Conférence. Eyadéma qui a promis de venir voir les otages vers 20h ne s’est finalement pas présenté, motif il n’a trouvé ni chauffeur ni escorte…

Au petit matin la tension remonte d’un cran, les ravisseurs ayant appris que Koffigoh aurait déclaré pendant la nuit à la BBC être totalement opposé au déblocage des fonds du RPT. Vers 7h30, Barry Moussa Barqué et Agbéyomé Kodjo se présentent avec un document qu’ils exigent que Mgr Kpodzro signe immédiatement sans en changer un iota contre la libération des otages.

Le document porte autorisation de déblocage des fonds du RPT. Le prélat finit par signer le document en prenant soin de déclarer haut et fort que son accord a été obtenu sous la contrainte. Les deux ministres disparaissent aussitôt. Une heure après, un militaire annonce aux otages qu’ils vont être libérés, ramenés chez eux sous escorte de la gendarmerie à condition qu’ils gardent le silence sur les événements de ces deux terribles jours. Zarifou Ayeva, Edem Kodjo, Yaovi Agboyibor, Dahuku Péré et Diabo seront les premiers libérés. Péré, membre du RPT recouvre la liberté sans heurt.

Ce ne fut pas le cas des leaders de l’opposition, giflés, copieusement fessés par les militaires avant de regagner leur domicile sous bonne garde. Les autres otages recevront le même traitement sauf les conseillers du RPT.

Mgr Kpodzro ayant retrouvé sa liberté de parole rend compte aussitôt à l’opinion nationale des derniers événements. Dès lors les questions sur cet épisode désastreux se font jour. Pourquoi Eyadéma ne s’est pas présenté au HCR comme promis ? Cette opération parfaitement coordonnée avec relèves régulières de gardes entre plusieurs unités des FAT a-t-elle pu se dérouler en désobéissance totale de la haute hiérarchie ? Pourquoi aucun des preneurs d’otage n’a été châtié comme promis par le président ? Le RPT récupère donc au prix d’une manœuvre perverse et violente avec le concours de l’armée togolaise 6,5 milliards de FCFA anciens. Mais l’incident est trop grave pour qu’il n’y ait pas de réaction.

Source : @228histoire

Source : Togoweb.net