Zimbabwe: un journaliste arrêté à cause des sous-vêtements de Grace Mugabe

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La police zimbabwéenne a arrêté un journaliste qui avait écrit dans un article que la Première dame du pays, Grace Mugabe, avait donné des habits d’occasion, dont des sous-vêtements, à des sympathisants du pouvoir, a rapporté mardi une ONG.

Kenneth Nyangani, journaliste du quotidien privé NewsDay, est en garde à vue depuis lundi soir à Mutare (est), selon l’Association des avocats des droits de l’Homme du Zimbabwe (ZLHR).

Il est susceptible d‘être poursuivi pour “diffamation”, a ajouté la ZLHR dans un communiqué.

Selon le journal NewsDay paru lundi, un député du parti au pouvoir, la Zanu-PF, a distribué pendant le week-end à des sympathisants des habits donnés par Grace Mugabe.

J’ai rencontré la Première dame et elle m’a donné ces vêtements pour que je vous les remette. J’ai des slips pour vous. On m’a dit que la plupart de vos slips ne sont pas en bon état, donc venez prendre aujourd’hui ce qui vous a été alloué.
“J’ai rencontré la Première dame et elle m’a donné ces vêtements pour que je vous les remette. J’ai des slips pour vous. On m’a dit que la plupart de vos slips ne sont pas en bon état, donc venez prendre aujourd’hui ce qui vous a été alloué”, a expliqué le député Esau Mupfumi, cité par NewsDay.

“Nous avons des chemises de nuit, des sandales, des habits, venez et servez-vous. Cela vient de la Première dame Grace Mugabe”, a ajouté le parlementaire.

De nombreux Zimbabwéens sont contraints d’acheter des habits d’occasion en raison de la crise économique dans laquelle le pays est plongé depuis plus d’une décennie.

Ces habits proviennent généralement de pays occidentaux et transitent par le Mozambique, avant d‘être importés au Zimbabwe.

En 2015, Harare avait interdit la vente de vêtements d’occasion afin de protéger l’industrie textile locale, mais était ensuite revenu sur cette décision.

Amnesty International a appelé mardi à la libération “immédiate et inconditionnelle” de Kenneth Nyangani, dont la détention est “une tactique délibérée pour l’intimider ainsi que les autres journalistes”.

L’objectif des autorités zimbabwéennes est, selon Amnesty, “d’envoyer aux journalistes le message (…) qu’ils doivent s’autocensurer plutôt que d’exposer la vérité”.

Le Zimbabwe est dirigé d’une main de fer par Robert Mugabe, 93 ans aujourd’hui, depuis l’indépendance du pays en 1980. Son épouse Grace Mugabe défraie régulièrement la chronique, notamment pour son goût du luxe et ses accès de colère.

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