Le très bientôt ancien président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou a effectué une visite au Togo. Selon la présidence de la République togolaise, il est venu faire ses adieux à Faure Gnassingbé. Après 16 ans de pouvoir et dans son 4ème mandat, ce dernier doit penser à passer lui-aussi le témoin, surtout à une personne autre que du même nom.
Le président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou était auTogo le 27 mars 2021. Il y a effectué une visite de travail et d’amitié, selon la présidence de la République togolaise. D’après la même source, le Nigérien a eu des entretiens en tête-à-tête avec son homologue togolais, Faure Essozimna Gnassingbé. Les échanges, rapporte-t-on, ont porté sur des questions d’intérêt commun au plan bilatéral et sur des sujets relatifs à la vie de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). On suppose que la question brulante du trafic de drogue qui passe par le Togo et dont une saisie a été effectuée début mars par les autorités nigériennes a été aussi abordée. Dans tous les cas, le communiqué officiel n’y fait pas mention.
Ce qui nous intéresse dans cette visite, c’est le fait que Mahamadou Issoufou est venu au Togo en tant que président sortant et qu’il va bientôt céder le fauteuil présidentiel à son successeur. « Au moment où il s’apprête à passer le témoin, le Président nigérien a remercié le Chef de l’Etat togolais pour la franche collaboration et la qualité des relations de coopération entre Lomé et Niamey », lit-on dans le communiqué. Un message identique a été relayé sur le compte twitter de la présidence de la République. « Le Président de la République SEM@FEGnassingbe s’est entretenu ce jour avec son homologue du Niger, SEM@IssoufouMhm qui passera le flambeau à son successeur @mohamedbazoum le 2 avril prochain…Le Président Nigérien a saisi l’occasion pour faire ses adieux au Président @FEGnassingbe », peut-on lire.
Ce qu’il faut retenir à travers ce communiqué et ces tweets, c’est que le président nigérien est sur le départ. En effet, le Niger a connu des élections présidentielles soldées, selon les résultats officiels, par la victoire de Mohamed Bazoum. Ce personnage qui va incarner le Niger est en fait le dauphin du président sortant. Il s’agit d’une succession et d’un passage de pouvoir entre copains, comme il y en a eu dans de nombreux pays. D’ailleurs, l’opposition nigérienne conteste toujours l’élection de Mohamed Bazoum accusé, tout comme le pouvoir qui a porté sa candidature, d’avoir organisé des fraudes massives. « Je demande à tous les Nigériens de se mobiliser comme un seul homme pour faire échec à ce hold-up électoral », avait déclaré à la presse Falké Bacharou, directeur de campagne de Mahamane Ousmane, candidat de l’opposition au second tour du scrutin. Malgré toutes les preuves fournies contre sa victoire, Mohamed Bazoum a été proclamé vainqueur au second tour du scrutin avec 55,75 % des voix devant Mahamane Ousmane crédité de 44,25 % par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Ce n’est pas l’idéal démocratique revendiqué à travers les luttes populaires, mais c’est qu’en même une alternance. A travers le monde, Mahamadou Issoufou a été salué pour avoir résisté à la tentation du pouvoir à vie. Même si les Nigériens ne sont pas d’accord avec cette alternance de façade, ils doivent remercier le ciel d’avoir éloigné le chef de l’Etat de cette tentation à laquelle ont succombé ses pairs du Congo, du Tchad, du Cameroun, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Togo. il s’est distingué par ce choix dans un contexte généralisé de modification des constitutions en Afrique de l’Ouest.
C’est tout à fait éhonté de la part de la présidence de la République togolaise de dire que Mahamadou Issoufou est venu faire ses adieux à Faure Gnassingbé qui est à son 4ème mandat. Certains diront que la Constitution le lui autorise, mais ils ignorent que cette même loi fondamentale, il l’a fait modifier sur mesure afin de revendiquer deux nouveaux mandats après ceux de 2005, 2010 et 2015. Contrairement à Mahamadou Issoufou, Faure Gnassingbé ne se présente pas comme une personne qui envisage un jour de céder le pouvoir hérité de son géniteur. Il s’y accroche telle une puce de chien. La question d’un successeur ne lui effleurerait même pas l’esprit. D’ailleurs, tous ceux qui se sont rêvés dans le manteau de dauphin l’ont vite appris à leurs dépens. Raison pour laquelle les militants du RPT/UNIR et les collaborateurs du chef de l’Etat se sont résolus à le nommer « notre champion ». Pour le Congolais Denis Sassous-Nguesso, Faure Gnassingbé est un empereur alors que le Togo est une République. Peut-être que le projet de l’avènement de Gnassingbé 3 qui est en train d’évoluer tranquillement dans les rouages du pouvoir – suivez les regards – est déjà élaboré.
La question que nous envoyons à Faure Gnassingbé est de savoir quand est-ce qu’il entend passer le flambeau à une personne autre qu’un Gnassingbé.
G.A.
Source : Liberté
Source : 27Avril.com