Ce qui se passe depuis dimanche nuit de la part de ce qu’on appelle encore l’opposition togolaise nous laisse songeurs. Depuis le nouveau hold-up électoral opéré par la CENI à la manière des gangsters, le candidat de la dynamique de Monseigneur Kpodzro, le vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 22 février 2020 se bat presque seul pour arracher des mains de l’usurpateur Faure Gnassingbé et ses complices la victoire qui revient au peuple.
Nous disons bien au peuple, et non à Agbéyomé Kodjo seul. S’il arrivait à faire partir Faure Gnassingbé et sa bande, la victoire reviendra sans nul doute à tous les Togolais; il aura alors réussi à réaliser ce pour quoi nous nous battions depuis des décennies: la fin du système Gnassingbé. Pourquoi alors le laisser seul face à la machine à fraudes d’un régime qui sait qu’il est vomi par tous, mais se maintient par la force?
Venu de nulle part, le candidat de la coalition du prélat, Agbéyomé Kodjo, était au début acceuilli par des sourires moqueurs. Pour les uns c’est un transfuge du RPT, donc un faux opposant auquel on ne pouvait faire confiance; pour les autres, en tant que Ministre de l’intérieur en Janvier 1993, il serait responsable des massacres de Fréau-Jardin, perpétrés par des militaires en civil et certains activistes du RPT d’alors. Ce qui est bien sûr discutable.
L’ex- chef de file de l’opposition, le leader de l’ANC, Monsieur Jean-Pierre Fabre, ne s’est pas caché pour douter que Agbéyomé Kodjo soit un vrai opposant. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui avaient poussé le chef de la formation orange à décliner l’offre du prélat qui consistait à soutenir le candidat de sa dynamique.
Malgré les risques de fraudes du pouvoir en place, que la solidarité et l’unité de l’opposition pouvaient amoindrir, l’ANC maintient son candidat dans la course, et de petites formations dont l’audience dépasse à peine le cadre familial, avaient également tenu à présenter leurs présidents comme candidats; alors qu’en dehors de leur rôle de figurants, ces petits partis politiques n’avaient aucune chance de peser sur les résultats finaux.
Une campagne électorale faite à travers le pays avec des thèmes bien choisis, l’apport non négligeable de l’infatigable vieux prélat Fanoko Kpodzro avaient fini par faire d’Agbéyomé Kodjo un candidat de l’espoir à la veille du scrutin. Et les résultats sortis des urnes, qui sont largement en faveur de l’ancien premier ministre d’Éyadéma, sont à expliquer par la soif des Togolais à avoir coûte que coûte l’alternance et se débarrasser du poison RPT/UNIR.
Pourquoi alors recourir à la politique politicienne qui a montré ses limites en refusant de soutenir quelqu’un dont les résultats incarnent aujourd’hui l’une des rares chances pour atteindre le but que nous convoitions depuis plusieurs décennies et pour lequel beaucoup de Togolais sont morts?
Qui peut comprendre que les candidats malheureux à ces élections se soient détournés du candidat vainqueur, après avoir pour certains, publié des communiqués de principe pour reconnaître que le candidat de la dynamique Kpodzro a le meilleur score?
Qui peut comprendre que les leaders de partis politiques de l’opposition qui n’étaient pas favorables aux élections, gardent ce silence de cimetière? Toutefois nous saluons au passage la réaction positive du leader du parti ADDI, Prof Aimé Gogué qui, dans un communiqué, rejette les résultats proclamés par la CENI et demande un audit d’un “échantillonnage aléatoire d’urnes pour vérifier la régularité des bulletins de vote actuellement stockés dans les CELI.” Nous pensons que si nos leaders de l’opposition prenaient fait et cause pour le candidat élu et faisaient comme M. Gogué, Bawara et Yark n’auraient plus d’arguments pour défendre le vol et se tairaient.
Certes, tout le monde a droit d’avoir son point de vue quant aux conditions d’organisation de ces élections et au caractère non-démocratique des institutions qui s’en occupent. Et c’est ce qui s’était passé: il y eut les participationnistes et les non-participationnistes; mais quand le miracle auquel personne n’avait cru, est en passe de se réaliser, pourquoi ne pas se mettre ensemble pour crier au voleur et faire pression sur la bande à Faure Gnassingbé pour que la victoire revienne enfin au peuple? Vu ce comportement incompréhensible de l’opposition, beaucoup d’observateurs de la scène politique togolaise parlent déjà de jalousie et d’égoïsme. Le slogan serait-il: „si ce n’est pas moi, donc le chaos?“
«Même si nous ne faisons pas partie de la mouvance de l’opposition favorable aux élections dans les conditions que tout le monde connaît, ceux qui y vont, engagent, que nous le veuillions ou non, et quels que soient les résultats, le destin du Togo en notre nom à tous. C’est pourquoi ces élections présidentielles du 22 février 2020, organisées à notre corps défendant, doivent nous interpeller, ne doivent pas nous laisser indifférents.
Et comme à chaque scrutin présidentiel depuis 2005, malgré l’imperfection des conditions d’organisation, malgré la terreur et malgré le caractère opaque des conditions de proclamation des résultats, il y avait toujours eu du côté du peuple ce brin d’espoir inexpliqué, ce brin d’illusions qui repose toujours sur un hypothétique miracle qui viendrait de quelque part, bien que les miracles soient rares en politique…»
Voilà ce que nous écrivions dans l’introduction de l’article que nous avions publié avant le scrutin du 22 février 2020. Aujourd’hui le miracle est en train de se réaliser à travers un candidat que personne n’attendait vraiment, Agbéyomé Kodjo. Avons-nous le droit d’avancer des arguments peu convaincants pour l’abandonner? Et l’abandonner voudrait dire laisser pour longtemps un grand boulevard à Faure Gnassingbé pour continuer à piller le pays dans le compte de son clan, et pour continuer à perpétrer des violations des droits de l’homme sur ses concitoyens en toute impunité.
Je ne crois pas que nos leaders se sont engagés en politique pour de tels résultats pour leur peuple. C’est pourquoi il est un devoir pour tout Togolais qui veut la fin de la dictature militaro-clanique, de s’engager autour du Président démocratiquement élu, Agbéyomé Gabriel Messan Kodjo, pour faire échouer le hold-up électoral en cours.
Samari Tchadjobo
Source : Togoweb.net