Depuis que l’air du «panafricanisme» a commencé à souffler sur le continent noir, depuis surtout que les nouveaux dirigeants militaires au Mali, au Burkina-Faso et hier au Niger, se disent «panafricanistes» et ont commencé à réclamer la vraie indépendance pour leurs pays respectifs, en s’en prenant aux intérêts de la France, personne, surtout sur les réseaux sociaux, ne veut se faire compter l’évènement. Tout le monde, presque, veut en être partie prenante, d’une façon ou d’une autre. Les Togolais dont le pays passe pour le moins bien loti sur le plan socio-politique dans la sous-région depuis des décennies, sont devenus des spécialistes des trois pays du Sahel qui ont connu des changements de régime grâce à la force kaki. Cet intérêt, ou cette admiration, justifiée ou non, de nos compatriotes, aussi bien au pays, que dans la diaspora, pour les trois juntes militaires au Sahel, donne l’impression que nous Togolais avons oublié notre drame à nous pour nous occuper de ce qui ne nous concerne pas directement.
Et comme personne ne veut rester en dehors de la mode en vogue qui consiste à se dire panafricaniste, même des dirigeants prédateurs, affameurs et assassins de leurs peuples, toute honte bue, entrent dans la danse, espérant se faire aduler par une jeunesse africaine prise dans la bourrasque du panafricanisme. N’est-ce pas aujourd’hui le cas du président de fait du Togo, Faure Gnassingbé? En effet, le dictateur togolais, désormais pris entre le marteau et l’enclume, ne sait plus à quel saint se vouer pour se tirer d’affaire. Contesté par ses compatriotes qui ne veulent pas de lui au sommet de l’état pour mauvaise gouvernance faite de corruption endémique, de violations des droits de l’homme…, Faure Gnassingbé n’entend pas lâcher du lest et cherche à s’éterniser vaille que vaille comme président du Togo. Profitant de la faiblesse d’une opposition togolaise, truffée de faux opposants, il cherche désespérément à s’agripper au panafricanisme, ce qui semble ne pas lui réussir, car sa manière de diriger au Togo n’a rien à voir avec un quelconque esprit panafricaniste.
Un tel comportement d’un chef d’état décrié et rejeté par son peuple ne peut que conduire à des maladresses, à des incohérences, parce que manquant d’authenticité. Le comportement ambigu du président togolais vis-a-vis des autres chefs d’état de la CEDEAO dans la crise nigérienne, le discours pseudo-panafricaniste, tiré par les cheveux, de Robert Dussey à la tribune des Nations Unies, les vociférations et autres analyses, faites d’attaques et d’insultes contre des présidents de la sous-région et la France, de la part de curieux journalistes, sur une certaine «New World TV», s’inscrivent dans le plan de Faure Gnassingbé pour espérer berner les Togolais et reprendre la main pour ne jamais quitter le pouvoir. Mais n’est pas panafricaniste qui veut. Ce comportement ou ce virage à 180° du président de fait du Togo vers un panafricanisme qui ne lui ressemble en rien, trahit les agissements de quelqu’un qui se sait plus ce qu’il fait, et qui est entrain de frustrer ceux à qui il doit son maintien au pouvoir dans les conditions calamiteuses que tout le monde sait. Son refus de s’aligner derrière les va-t-en-guerre, après avoir pourtant co-signé les sanctions contre le Niger, dont à la tête le président ivoirien, et plus loin la France, est perçu comme un affront de quelqu’un qui manque de légitimité politique dans son pays et qui doit son maintien grâce aux soutiens extérieurs, dont le chef de l’état ivoirien et la France. En un mot, Faure Gnassingbé, en s’attirant le courroux de certains de ses pairs de la CEDEAO, surtout d’Alassane Ouattara, et qui dit Allassane Ouattara, dit Emmanuel Macron, n’est-il pas entrain de scier la branche sur laquelle il est assis?
Selon des indiscrétions non confirmées qui nous sont parvenues, le vieux dictateur d’Abidjan, Allassane Ouattara, qui travaille par procuration pour les intérêts français, serait vraiment en colère contre le «jeune doyen» de la sous-région, Faure Gnassingbé du Togo. Et pour cause, soutenu par la France malgré le trucage d’élections, la corruption et les nombreuses violations des droits humains, le président togolais passe pour être le pur produit de la Françafrique. C’est pourquoi le bras long de cette fameuse France en Afrique de l’ouest, le président ivoirien, lui aussi placé au pouvoir par la force des armes, ne peut pas comprendre que le «petit Faure Gnassingbé» refuse de danser à sa musique pour exécuter les ordres venus de Paris, et qui consistent à aller déloger les putschistes à Niamey pour sauver les intérêts de la France. D’après les informations en notre possession, le torchon brûlerait entre Lomé et Abidjan; et qui parle d’Abidjan, parle de Paris.
Qu’est-ce qui fait donc courir Faure Gnassingbé, qui a pris sur lui depuis un certain temps de s’engager dans un duel qu’il sait perdu d’avance? Pourquoi a-t-il décidé, en son âme et conscience, à travers ses velléités «panafricanistes» et son comportement dans la crise nigérienne, de tenir tête à ceux qui l’ont placé au pouvoir et qui l’y maintiennent, en sachant pertinemment que c’est dangereux de scier la branche sur laquelle on est assis? Est-ce le signe du destin? Est-ce le début de la fin d’une aventure politique mal partie et qui portait en elle depuis le début les germes de sa propre destruction?
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : 27Avril.com