Le président Paul Kagamé a encore 3 mois à passer à la tête de l’Union africaine. Le bilan du réformateur est clair : Ses homologues, nourris à la mendicité du pouvoir et de l’argent ne croient absolument pas à l’Union Africaine et pire, ils font barrage à toute réforme pouvant garantir à l’Afrique une certaine fierté, une certaine estime de nous-même.
Dès son arrivée à la tête de l’Union Africaine, Paul Kagame avait un programme de réforme qui se résumait en une idée : rendre la Commission plus forte, plus efficace et plus indépendante, afin que l’UA devienne plus qu’un simple forum des chefs d’État du continent, dont les résolutions sont rarement appliquées faute de moyens et de volonté.
Mr Kagame avait fait un diagnostic correct et sa proposition était appropriée pour redresser l’Union. Mais ce qu’il avait sous-estimé c’est la dépendance chronique des dirigeants africains aux différentes formes de mendicité. Ainsi, ces chefs d’état ne sont intéressés par aucune organisation ou sommet international qui ne leur permettent pas de se livrer à la mendicité, leur activité favorite. Justement, l’Union Africaine que propose Mr Kagamé, refuse la mendicité sous toutes ses formes. D’où la débandade: 13 Chefs d’états sur 54 invités au dernier sommet extraordinaire de Addis-Abeba. A titre de comparaison, 52/54 chefs d’états africains était à Pekin en Septembre 2018. En effet, la plupart des dirigeants Africains, et surtout ceux en question ici, sont des mendiants du pouvoir qu’ils souhaitent absolu car ils réclament le droit d’imposer des dictatures dans leurs Etats. Pour assouvir leur pouvoir dictatorial, rien de mieux que l’argent pour satisfaire les caprices de ces petits princes, d’où cette mendicité financière qui frise le ridicule. C’est ce sentiment qui a obligé certain chefs d’états Africains à se lancer dans le business de la guerre, les transformant pour ainsi dire en mendiants de la paix, une forme bien déguisée pour mendier l’argent de façon un peu moins humiliante ou ridicule.
Les homologues ou les pairs de Mr Kagamé ne croient pas que l’Union Africaine peut leur donner un pouvoir, de l’argent ou la paix pour contrer les guerres qu’ils créent eux-mêmes dans leur propre pays. Une comparaison rapide avec les autres sommets récents permet de comprendre la situation :
– Sommet de la paix de Novembre à Paris : Les chefs d’état Africains se sont bousculés pour être présents à Paris, parce que Paris peut leur garantir un pouvoir ou le droit de faire de la dictature dans leur pays. 100% des présidents invités étaient présents. Certains chefs d’états qui n’ont pas été invités, ont perdu le sommeil et doivent se préparer à accorder tout un pan des richesses de leur pays à la France pour rassurer leur protecteur.
– Sommet France-Afrique de Janvier 2017 : Carton complet (50/54 invités) avec les chefs d’états Africains qui se bousculaient pour avoir une audience avec le président français. Malheur à celui qui devait manquer sur la liste d’attente. La France ne donne jamais de l’argent, mais avec ses bases militaires, elle garantit à ces chefs d’états une certaine protection. Ainsi, à la suite de ce sommet, certains dirigeants ont eu le droit de devenir des chefs de guerre, d’autres ont eu le droit de modifier leur constitution pour se maintenir au pouvoir, etc… L’UA ne peut pas leur offrir ce luxe mortifère.
– Sommet Chine-Afrique de Pékin en Septembre 2018 : Carton complet (52/54 invités) là aussi car malgré le calendrier compliqué pour certains chefs d’états, ils étaient tous présents et c’était même l’occasion pour certains pays de revoir leur président qu’ils avaient perdu de vue depuis plusieurs mois. Il faut dire que la chine a compris le principe de fonctionnement de ces mendiants et les chiffres volaient très haut car la Chine se proposait d’ajouter 60 milliards de dollars d’investissements en Afrique. Chacun de ces 54 chefs d’Etats voulait son morceau de gâteau. L’UA se refuse le droit de proposer un tel mirage.
– Sommet de l’ONU de Septembre 2017 aux Etats Unis : Carton complet (54/54 chefs d’états Africain) là encore parce que, comme nous l’avons souligné plus haut, ces princes aiment a parader dans le monde et la tribune de l’ONU est une magnifique tribune où on peut non seulement se faire voir mais on peut y mendier des devises en se cachant derrière la mendicité de la paix. La tribune de l’Union Africaine est certes prestigieuse mais elle ne distribue pas les devises pour alimenter les guerres de toutes sortes que ces chefs d’états ont créées eux-mêmes dans leurs propres pays.
En rappelant que 13 chefs d’états Africains sur 54 étaient présents à Addis-Abeba et que seulement 23 états Africains sur 54 sont à jour de leur contribution aux financements de l’Union Africaine, on peut affirmer, face à ce mur de mendicités, que le mandat de M. Kagamé, par rapport à l’objectif initial, pourrait déjà être considéré comme un échec. Mais c’est très loin d’être un échec total car ce constat a été riche en enseignements sur les chefs d’état Africains.
Spéculons un tout petit peu pour terminer. Si le président Kagamé se livre aux promesses, il aura probablement 54/54 chefs d’états Africains au prochain sommet de l’Union Africaine si l’ordre du jour est l’un des suivants :
– Financement à hauteur de 50 milliards de dollars des projets structurants en Afrique.
– Consolidation du parti unique ou de la non limitation des mandats en Afrique Francophone
– Création d’un Conseil Africain pour la défense des chefs d’états Africains contre leur propre peuple.
– Etc…
Source : www.cameroonweb.com