Les jours à venir seront mouvementés. Les Fédérations des syndicats des enseignants ont annoncé deux jours de débrayage, les 19 et 20 octobre prochains. A ces jours de grève, s’ajouteront probablement ceux de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) qui menace d’entrer en grève. L’opposition, elle aussi, sera dans les rues dans la semaine. Une semaine de tension en perspective.
Cela fera exactement deux (02) mois, ce jeudi 19 octobre 2017, que les Togolais descendent dans les rues, à travers tout le pays et dans la diaspora, pour réclamer le retour à la Constitution de 1992, le droit de vote aux Togolais de l’étranger, la révision du cadre électoral, etc. Malgré cet enlisement de la crise politique, Faure Gnassingbé s’enferme dans un silence, pire, son régime continue, tête baissée, de foncer dans les dérives suicidaires. Demain et jeudi, les Togolais seront encore dans les rues.
Malgré l’interdiction arbitraire (en violation de la loi sur les manifestations publiques au Togo) du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales PayadowaBoukpessi, et de la Sécurité et de la Protection civile, YarkDamehame, le peuple se mobilise à descendre dans les rues. Visiblement, rien ne semble plus arrêter les populations dans cette lutte vers la liberté. Les leaders des 14 partis politiques de l’opposition (en coalition) continuent de mobiliser le peuple à travers des messages sur les médias et les réseaux sociaux. Pour eux, les manifestations prévues les 18 et 19 octobre auront bel et bien lieu. Le mercredi 18 octobre, les manifestations quitteront Bè-Gakpoto et le carrefour CCP pour chuter devant le siège du parlement. Le jeudi 19 octobre, elles auront points de départ les mêmes lieux, mais chuteront devant le siège de la CEDEAO à Lomé. Mme Brigitte KafuiAdjamagbo-Jonhson, Coordinatrice de la Coalition de l’opposition a d’ailleurs lancé un appel au peuple togolais à « résister à l’interdiction » du gouvernement. Pour elle, cette interdiction « arbitraire » est une preuve que le Togo n’est pas une démocratie, puisque les dirigeants se cachent derrière des artifices de légalité pour violer les textes. Elle a insisté sur le fait qu’en aucun cas, les manifestations ne seront annulées. « Les annuler, c’est ne pas prendre la mesure du mouvement des citoyens togolais déterminés et qui nous disent que pour rien au monde, nous ne devons annuler ces manifestations », a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, des informations de sources indiquées font état de ce que les miliciens du régime se préparent pour infiltrer les manifestations de l’opposition et semer du grabuge. Mme Brigitte KafuiAdjamagbo-Jonhson met en garde : « Nous pensons que le régime a introduit des gens préparés pour faire en sorte que les manifestations apparaissent comme des manifestations violentes. Nous allons dire au régime ce matin-même, gare à vous ! C’est votre rôle de protéger les Togolais qui veulent manifester pacifiquement, nous nous attendons que vous preniez des mesures pour que les 18 et 19 octobre, il n’y ait pas de violence ». Un message clair soutenu par les organisations de défense des droits de l’Homme qui fustigent également la décision arbitraire d’interdire les manifestations de l’opposition.
Il faut dire que ce n’est pas l’opposition seule qui organise des mouvements cette semaine. Les syndicats des enseignants manifestent également leur colère contre le dilatoire du gouvernement à travers une grève de 2 jours, les 19 et 20 octobre. Cela a été décidé lors de l’Assemblée générale du samedi dernier par la Fédération des syndicats de l’éducation. Aujourd’hui, il est vrai que le groupe de travail mis en place par le gouvernement a rendu les conclusions de ses travaux sur le statut particulier de l’enseignant togolais. Mais les enseignants ne disposent pas encore de ce document. Bien plus, ils estiment ne pas être sûrs que les observations et amendements faits sur le document ont été pris en compte dans la version finale du statut particulier. En outre, les montants alloués aux primes restent jusqu’alors à déterminer. Le gouvernement avait promis d’y revenir. Un moratoire de deux semaines (qui arrive d’ailleurs à terme) lui a été donné par les syndicats. La grève devient alors plus qu’imminente.
C’est ainsi que sur le plan politique et social, le gouvernement se joue des acteurs qui discutent de bonne foi avec lui. Les jours qui viennent risquent d’être sombres, puisque déjà, la Synergie des travailleurs du Togo (STT), de son côté, a activé sa plateforme revendicative et menace d’entrer en grève. Une chose est claire, le régime Faure Gnassingbé est acculé de toute part. Pendant ce temps, le Prince lui-même se retrouve entre deux avions à la recherche du secours. Le Monarque refuse de parler à son peuple, mais reste prompt à s’adresser à d’autres populations, comme on l’a vu la semaine dernière au Mali. En attendant qu’il ne se réveille de son sommeil et sorte de son silence, le front sociopolitique demeure en ébullition.
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