Un opposant togolais a écrit à Emmanuel Macron

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On le connait au Togo pour ses longues lettres sur la politique togolaise. Le candidat déclaré à la présidentielle de 2020 au Togo a de nouveau pris sa plume et cette fois-ci, c’est pour adresser une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron. Voici le contenu de ce que Nicolas Lawson, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a écrit au Chef de l’Etat français.

Paris, le 21 Mars 2019

Excellence

Monsieur Emmanuel MACRON

Président de la République

Palais de Élysée

55 rue du Faubourg-Saint-Honoré

75008 PARIS

OBJET : Lettre ouverte

Monsieur le Président de la République,

Je viens respectivement, comme dans mes habitudes, apporter mon galet à l’ouvrage collectif d’édification d’un monde plus solidaire, plus bienveillant et plus pacifique. Quand j’avais abandonné mon stage en Suisse en 1978 et mes études supérieures commencées en Irlande pour venir m’installer à Orléans puis à Paris, j’avais déjà le pressentiment que je répondais à l’appel du destin.

Il n’y a pas de hasard ; c’est pourquoi vous présidez en ce moment la destinée de la France. Naturellement et à la suite de mon grand-père et de mon père, décédé en 1953, j’ai été réintégré dans la nationalité française. Je l’ai représentée utilement au Parlement européen des jeunes. La providence m’a permis de frotter, directement et sur une longue période, ma cervelle contre celles d’éminents français comme le Président Mitterrand et son épouse, le Président Jacques Chaban-Delmas, le Président Edgar Faure, l’académicien Louis Le prince-Ringuet, des ministres et des parlementaires français et européens, des recteurs et tant d’autres importantes personnalités d’Europe. C’était à ces sources que j’avais aussi puisé les lumières et l’humanisme qui guident ma vie et mes choix.

En organisant le 28 Février 1984 au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, plein et débordant, une conférence-débat sous la co-présidence du Président Léopold Sedar-Senghor et du Président Edgar Faure avec la participation à la tribune de l’académicien Louis Leprince-Ringuet, du Président de la Sorbonne Jacques Bompaire et en présence de Madame Hélène Arwheiller, Recteur de l’académie de Paris et de tant d’autres personnalités, nous avions proclamé essoufflement à terme de la mondialisation et la nécessité pour la France d’initier le co-développement pour maîtriser le reflux de la mondialisation. Pour nous, la France devrait en être l’initiatrice et tenir les rênes de cette mutation.

Monsieur le Président de la République, vous êtes porté à la tête de l’État français dans une période malaisée et très particulière.

L’avènement, en même temps, et la mission du Président Donald Trump sont d’accompagner le reflux de la mondialisation. Nul ne peut donc s’y opposer sans des contre-coups et des brouilles. C’est une mutation mondiale et irréversible qui est en cours. Évidemment, la France n’a pas été préparée pour profiter pleinement de cette mutation. Elle a même été désarmée. En fusionnant le ministère des affaires étrangères et celui du commerce extérieur, votre prédécesseur a même affaibli un ressort essentiel, indispensable à la croissance économique. Sans le savoir, il a permis aux diplomates français à l’étranger de se substituer aux entrepreneurs français pour orienter la coopération française au profit exclusif des grandes entreprises françaises au détriment des PME-PMI françaises. Ainsi, presque partout dans le monde, le travail considérable qui été accompli en créant des chambres de commerce et d’industrie françaises, en partenariat avec les hommes d’affaires locaux, ont été sabotées et remplacées par des clubs Lutèce, pilotés par les diplomates en poste dans les pays.

C’était le cas au Ghana où j’avais fait inaugurer la Chambre de commerce et d’industrie France-Ghana dont j’étais le vice-Président par le Président du Ghana John Kuffor. L’actuel Président du pays, Akuffo Addo, était membre. Les diplomates ont créé pour la remplacer un club Lutèce. Il est facile de comprendre pourquoi la balance commerciale de la France est si désespérément et chroniquement déficitaire depuis des années quand la Chine, l’Allemagne et même l’Italie ont leurs balances commerciales si généreusement excédentaires. Il est une évidence que des diplomates ne doivent pas se substituer aux industriels et aux entrepreneurs. Je vous suggère de mettre un terme à cette anomalie.

Les soubresauts de la crise des gilets jaunes et les attaques des dirigeants italiens actuels contre la France concernant les avantages qu’elle tire dans la gestion du franc CFA sont des épreuves pour votre gouvernance. Nous savons que l’histoire ne fait pas de casuistique et que ses jugements sont absolus. Les grands destins sont toujours éprouvés. Vous avez été porté jusqu’au sommet de l’État en étant si jeune alors vous devez renvoyer l’ascendeur à votre bon sort.

Monsieur le Président de la République, je vous recommande d’innover, d’oser et de consolider l’amitié que le Président Donald Trump semble vous témoigner sans vous éloigner de la Chine et de la Russie. C’est l’intérêt de la France. Servez-vous d’une partie de la garantie du franc CFA pour assister en finançant les PME-PMI françaises afin d’en faire les promoteurs du développement en Afrique francophone.

La Chine va consacrer dans les cinq années à venir un montant de 60 milliards de dollars pour le financement de grands projets en Afrique. Les ressources naturelles du continent constituent une excellence garantie pour elle et les centaines de millions de jeunes africains représentent des consommateurs et un marché à développer. En créant de la richesse et des emplois en Afrique, cela tarira les sources de l’immigration, le scandale des morts dans la méditerranée et les tensions entre les pays européens et la poussée des partis extrémistes, des racistes et des démagogues. Une forte agitation se développe actuellement en Afrique, suite à la révélation par les italiens que la France tire annuellement 440 milliards d’euros de sa gestion du franc CFA. Une telle surexcitation nourrit les ressentiments et peut nuire à l’avenir à la nécessaire coopération entre les pays africains et la France.

Monsieur le Président de la République, vous pouvez et vous devez être le champion du co-développement et non le défenseur d’une mondialisation dont la vague reflue irréfutablement. C’est d’ailleurs la direction de l’histoire de l’histoire. J’ai eu cette prescience qui m’avait conduit à voter pour l’entrée de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce dans la Communauté Economique Européenne (CEE), contrairement aux instructions reçues avant de quitter Paris pour le palais européen à Luxembourg. Le Général De Gaulle disait qu’il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. La France ne peut pas régler sereinement et définitivement le problème du déficit de sa balance commerciale, la crise économique et fiscale qui provoque les manifestations des gilets jaunes et le problème de la cohésion sociale sans expérimenter les solutions que je propose. Comme elle ne contrôle pas l’euro et n’a pas les avantages que procurent le Dollar aux américains, le Yen aux japonais ou le Yuan aux chinois, etc ; elle doit innover et oser.

Nous sommes prêts à aider pour un développement mutuel et une coopération de progrès mutuel.

J’espère une réponse favorable de votre part pour échanger sur mes suggestions et sur ma contribution à une coopération mutuellement avantageuse entre la France et les pays africains.

Veuillez trouver ici, Monsieur le Président de la République, l’assurance de mes sentiments de haute considération.

Nicolas LAWSON

Président de la section ghanéenne

Forum Francophone des Affaires (FFA)

Copie : Premier Ministre, Président de l’Assemblée nationale, Ministre des affaires étrangères, Ministre de la coopération et du développement, Presse.

Source : telegramme228.com