Bien que l’hiver se soit désormais bien installé à Beijing, le gel matinal en ce 27 novembre ne semble aucunement freiner les ardeurs de Diana Olenja. Cette directrice des relations publiques du Kenya Literature Bureau, une maison de publication gouvernementale kenyane, est en effet à Beijing pour signer un accord sur la coédition du second tome du livre de Xi Jinping intitulé La gouvernance de la Chine. « Nous allons traduire le livre en kiswahili et le publier au Kenya », annonce-t-elle fièrement. Avec plus de 50 millions de locuteurs au Kenya, en Tanzanie et en Zambie, le kiswahili est l’une des langues les plus répandues d’Afrique.
Mais Mme Olenja n’était pas la seule à franchir d’un pas fébrile le seuil de Diaoyutai – la résidence des invités étrangers – pour participer à la cérémonie de signature. Ce jour-là, les Éditions en Langues étrangères, relevant de China International Publishing Group (CIPG), a signé des accords de copublication avec 16 homologues de 16 pays.
Tous les partenaires sont des éditeurs influents et reconnus dans leur pays d’origine, et ont tous participé à la traduction et à la publication du premier ouvrage, explique M. Zhang Fuhai, président du CIPG. Publié en septembre 2014, le premier tome s’est vendu à plus de 6,6 millions d’exemplaires à travers le monde, et est désormais disponible en 24 langues. « Le CIPG souhaite travailler en étroite collaboration avec nos partenaires étrangers pour présenter au monde cette excellente œuvre », a déclaré M. Zhang lors de la cérémonie.
Une œuvre marquante
Publié en chinois et en anglais le 7 novembre, le livre contient 99 articles et discours de Xi Jinping d’août 2014 à septembre 2017, répartis en 17 catégories. Il a été salué comme un ouvrage de référence sur la Pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Cette pensée a d’ailleurs été inscrite comme nouvelle composante du plan d’action du Parti communiste chinois (PCC) lors du XIXe Congrès du PCC, qui s’est achevé à Beijing fin octobre.
« C’est un témoignage saisissant de la grande entreprise du Comité central du PCC avec le camarade Xi Jinping comme noyau dirigeant, qui dirige le Parti et le peuple chinois pour soutenir et développer le socialisme à la chinoise, a noté M. Zhang. Cela donne également un aperçu du charisme et de la personnalité de M. Xi, offrant aux lecteurs chinois et étrangers l’occasion de mieux comprendre les convictions de M. Xi et du Parti. »
« Ce livre donne également des indications sur le développement historique des idées de M. Xi, explique Robert Lawrence Kuhn, un sinologue américain et président de la Kuhn Foundation. On peut voir ces idées prendre forme et se rassembler, pour enfin se cristalliser et devenir la Pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. »
La publication du livre est « un événement majeur dans la vie politique du Parti et de l’État », explique M. Wang Xiaohui, directeur exécutif adjoint du Bureau de recherche sur les politiques et responsable adjoint du Département de la communication du Comité central du PCC. Selon lui, l’œuvre permettra au public et à la communauté internationale de comprendre la voie et les concepts de développement de la Chine d’une manière complète et objective. M. Wang note en particulier que le livre incarne la philosophie de gouvernance du PCC centrée sur le peuple. Guidée par cette philosophie, un grand nombre de mesures bénéfiques ont été adoptées et mises en œuvre depuis 2012, permettant de tirer plus de 60 millions de personnes de la pauvreté et de créer 13 millions de nouveaux emplois dans les villes, a-t-il remarqué.
Les textes ont non seulement soigneusement sélectionnés, mais les 29 photos qui les accompagnent ont aussi été minutieusement choisies. Ces images, qui capturent les diverses facettes des fonctions officielles de M. Xi, sont regroupées en deux catégories, à savoir les affaires intérieures et les activités diplomatiques. Plusieurs photos montrent l’attention que porte M. Xi aux conditions de vie de la population. Dans l’une d’entre elle, on le voit avec des villageois de Liangjiahe, dans le district de Yanchuan, dans la province du Shaanxi (nord-ouest de la Chine), lors de sa tournée d’inspection consacrée à la réduction de la pauvreté le 13 février 2015. D’autres photos le montrent lors de réunions multilatérales organisées par la Chine, notamment la 22e réunion des dirigeants économiques de l’APEC à Beijing en novembre 2014, le 11e sommet du G20 à Hangzhou en septembre 2016 et le 9e sommet des BRICS à Xiamen en septembre 2017.
La lettre et l’esprit
Le livre de M. Xi révèle non seulement ses pensées en matière de gouvernance, mais aussi sa personnalité et sa prose. « Il exprime très bien ses points de vue ainsi que sa compréhension des problèmes majeurs à la lumière de l’histoire et de la culture de la Chine et de ses expériences personnelles, constate Sun Yeli, directeur adjoint du Centre d’études de la documentation du Comité central du PCC. Il est également doué pour raconter des histoires sur la Chine et le PCC, faisant des allusions aux classiques d’une manière perspicace et pénétrante, dans une langue vive et familière. »
Bien que ce style littéraire exerce un fort attrait sur les lecteurs, il pose néanmoins un défi aux traducteurs des Éditions en Langues étrangères. L’équipe de traduction de la version anglaise, qui compte 29 membres, a mobilisé des experts nationaux de premier ordre. « Nous avons mis sur pied une équipe de traduction et d’édition de haut calibre, dévouée, très responsable et efficace », confirme Feng Xin, chef du département anglais des Éditions en Langues étrangères. La traduction a dû être réalisée en un laps de temps très court, ce qui constitue un défi supplémentaire. « C’était une vraie course contre la montre », précise M. Feng. Pour gagner du temps sans nuire à la qualité, une procédure de travail efficace et rationnelle a été établie. « Tous les matins, des consultants expérimentés se rencontraient pour discuter des problèmes qu’ils avaient identifiés et proposaient ensuite leurs solutions », se remémore-t-il. Des réunions spéciales ont également été organisées pour aborder des questions techniques comme la façon de rédiger des titres accrocheurs, des notes de bas de page précises et d’assurer la cohérence du style tout au long du livre.
« Durant le processus de traduction, nous nous mettions autant que possible dans la peau des lecteurs étrangers, en pensant toujours à la meilleure façon de transmettre le sens du texte original, tout en facilitant sa compréhension, explique Liu Kuijuan, directrice adjointe du département anglais des Éditions en Langues étrangères. Cela nous a obligés à être fidèles à l’original tout en restant flexible. »
Plus difficile enfin, la traduction des métaphores. Comme la traduction littérale de certaines métaphores risquait de prêter à confusion, il a été préférable dans certains cas de les transposer dans un langage clair et compréhensible, explique Wang Qin, un traducteur en chef.
Jeune Afrique