Qu’il vous souvienne qu’au début du processus de transformation de Togo Télécom et Togo Cellulaire en une Holding togolaise des communications électroniques appelée « TOGOCOM », les syndicats et leur ministre de tutelle Cina Lawson étaient à couteau tiré en Octobre de l’année dernière. Raison évoquée par les syndicats en cette période était que le processus tel annoncé devrait être « fait par eux » et « pour eux ». L’un des points de discorde et qui a le plus fâché ces derniers à part l’intention « cachée » de la ministre d’être à la tête de la Holding, était le départ pur et simple de plus de 700 agents qu’elle voulait remercier à la fin la transformation. Il a fallu la sortie des syndicats pour que Dame Cina puisse revenir à la raison et replier. Mais comme dit l’adage « qu’on peut perdre une bataille et non la guerre », les syndicats ont très tôt crié victoire. Un (1) an après, l’on devrait comprendre que Cina Lawson n’a fait que dribbler ces derniers tout en faisant semblant d’oublier l’affaire. Et bien non ! On dirait qu’elle joue à une lionne qui fait semblant de dormir tout en guettant sa proie. La preuve, elle revient cette fois-ci avec un programme bien réfléchi dénommé « départ volontaire » qui vise au moins 500 personnes des deux (2) sociétés qui vont quitter les deux entités Togo cellulaire et Togo Télécom ; un plan basé sur une offre financière et un accompagnement si nécessaire sur leurs projets individuels. Mais attention, ce nombre pourrait être supérieur à celui déjà avancé.
L’affaire de processus de transformation des sociétés de télécommunications Togo Télécom (fixe) et Togo Cellulaire (mobile) lancé en mars 2015 et ayant conduit à la création du Groupe TOGOCOM refait surface avec une annonce « surprenante » qui va encore certainement faire grincer les dents, comme pour dire que Cina Lawson, ministre togolais des Postes et de l’économie numérique n’est pas du genre à vite oublier les choses, ni à lâcher facilement prise. Selon les informations parvenues à la rédaction Togonyigba, au moins 500 employés des deux (2) sociétés sur les 1436 (1177 CDI et 259 CDD pour un besoin quantitatif estimé à 800 employés) vont devoir partir volontairement d’ici fin décembre 2018. Le Groupe vient de mettre en place un programme de « départ volontaire », c’est-à-dire sur la seule volonté de l’employé qui choisit de partir de lui-même basé sur une offre financière et un accompagnement si nécessaire sur leurs projets individuels après qu’ils soient bien « sensibilisés » et « informés » par un Comité de mise en œuvre de l’exécution dudit plan.
Seront éligibles au plan de départ volontaire du Groupe que dirige Atcha Affoh-Dedji, les employés en Contrat de travail à durée indéterminée (CDI) de Togo Télécom et Togo Cellulaire en activité au moment de la mise en œuvre du programme et dont la date de départ à la retraite est au-delà du 1er Juillet 2019, ne faisant pas l’objet d’une procédure de licenciement ou de rupture de contrat et n’ayant déjà pas déposé une demande de départ (démission, départ anticipé à la retraite, etc…).
Deux cabinets spécialisés dans le domaine sont recrutés par le Groupe TOGOCOM pour l’accompagnement des dispositifs prévus par le plan de départ volontaire notamment SGGROUP qui se charge de l’accompagnement du volet Ressources humaines (RH) et les simulations et calcul pour les départs volontaires et GRH Consult pour l’assistance dans la mise en œuvre du programme de départ volontaire.
Selon les informations, la liberté sera donnée aux candidats de manifester leur adhésion au programme en faisant une demande manuscrite qui sera étudiée au regard des conditions et règles prédéfinies. Mais en cas d’excédent de candidature au nombre envisagé, l’âge primera. A âge égal, l’ancienneté prévaudra. Seront prioritaires, les collaborateurs appartenant à une catégorie professionnelle dans laquelle les postes sont impactés par la décroissance de l’activité au sein du Groupe ou son externalisation. Le Groupe se réserve la possibilité d’étudier et de différer tout départ de candidat dont l’expertise est jugée critique et fera ressortir les postes impactés par la décroissance des activités du fait de l’évolution du secteur et des métiers de même que les postes et métiers impactés par la mise en commun des activités au sein du Groupe TOGOCOM.
Pour les personnes dont l’état de santé rend difficile la continuité de travail et qui sont intéressés par le plan de départ volontaire, le Groupe négociera avec la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) la possibilité de les prendre en invalidité pour leur permettre de jouir immédiatement de leur pension.
Mesures d’accompagnement mais…
Comme dans toute société ou institution, les départs des agents sont toujours accompagnés et négociés, le Groupe TOGOCOM ne veut pas dégober à la règle. Les mesures d’incitation et d’accompagnement au départ sont simples. Les départ dans les deux (2) sociétés d’Etat Togo cellulaire et Togo Télécom devenues aujourd’hui une seule entité TOGOCOM sont motivés par une « prime spéciale de départ volontaire calculée sur la base des indemnités de licenciement de l’article 117 du Statut du Personnel de Togo Cellulaire avec une marge de motivation de 50% sur le montant calculé », des « Indemnités pour préavis selon la convention collective », un « Congé (non prescrit) et non jouis », une « Gratification pour ancienneté », un « Cadeau de départ de retraite sur l base du statut du personnel de Togo Cellulaire », une « Cotisation à la pension CNSS/CRT de la part patronale et par employé avec un minimum de 2 ans », la « Mise en place d’une assurance maladie. Le groupe négociera et accompagnera dans la mise en place du cadre avec une prise en charge de 50% sur une période de 5 ans. Les partants payeront eux-mêmes une partie des cotisations annuelles (50%) sur cette période », et un « Accompagnement pour la mise en place des projets individuels construits et crédibles ».
Toutefois, le Groupe aura à verser au personnel partant ses droits acquis au moment de son départ (SGI, IFC, BLI, autres dettes), de même les créances de la société envers le salarié volontaire au départ seront déduites de la somme à lui verser. Le paiement de la dette de Togo Télécom envers la CNSS et la CRT sera négocié avec lesdites institutions afin de ne pas pénaliser les partants lors de la jouissance de leurs pensions.
« C’est une information qui nous est donnée à un moment où nous n’y attendons pas du tout. On croyait que cette histoire était finie mais contre toute attente, on nous la ressort. Nous avons été informés qu’il y aura une phase de recensement et d’adhésion des agents désireux de partir volontairement précédé de la présentation du plan volontaire aux employés et de sensibilisation à l’adhésion. Cette étape prendra fin au plus tard le 28 décembre 2018 et qu’au-delà de cette période, aucun départ volontaire ne pourra se faire », nous informe la source d’un air pensif.
Le Groupe compte mettre en place un Comité de mise en œuvre pour l’exécution du programme avec des guichets ouverts à Lomé et à Kara qui aura pour mission d’informer, sensibiliser, écouter les employés et répondre à leurs questions, aider si nécessaire les employés volontaires au départ à définir leur projet, s’assurer que les inquiétudes et réclamations de ceux-ci ont été prises en compte et traitées…. A ces guichets, les volontaires auront droit à poser toute question pour avoir plus d’éclaircissement. En plus de cela, un téléphone sera mis à leur disposition pour ceux qui désirent prendre rendez-vous en toute discrétion.
Raisons du « départ volontaire »….
Le secteur des télécommunications évolue aujourd’hui dans un environnement de plus en plus concurrentiel, marqué entre autres par l’arrivée de nouveaux acteurs locaux notamment (Fournisseurs d’Accès à Internet) ou mondiaux (OTT). Cette nouvelle donne requiert une évolution profonde des activités et une transformation opérationnelle des organisations avec à la clé des changements « en rupture » avec les modes de fonctionnement actuels. C’est pourquoi, dans sa volonté de faire du Togo un hub technologique et de services, l’Etat a lancé en mars 2015 le programme de transformation de ses sociétés de télécommunications Togo Télécom (fixe) et Togo Cellulaire (mobile) ayant conduit à la création du Groupe TOGOCOM.
Au-delà de son rôle d’aménageur et de régulateur du marché, l’Etat a aussi des attentes d’actionnaire « financier » qu’il veut mieux satisfaire à travers la rentabilité des moyens investis. C’est à ce titre qu’il veut que son Groupe prenne mieux en compte et intègre les tendances technologiques et marché ainsi que les exigences organisationnelles et la bonne gouvernance pour devenir un acteur solide, performant et ouvert sur son monde dans une logique « coopération ».
Dans ce contexte, le volet ressources humaines devient stratégique en termes d’adéquation quantitative mais aussi qualitative. Sur ce plan, force a été de constater que la situation du Groupe ne lui permet plus d’être compétitif. Il est apparu à l’issu des travaux de diagnostic que le statu quo n’est plus tenable et ne permet pas de relever les défis et résoudre les enjeux de compétitivité espérés. Le Groupe se doit de s’adapter rapidement ses moyens humains aux défis auxquels il doit faire face. L’ouverture du capital annoncé par le gouvernement et l’opérationnalisation organisationnelle du Groupe TOGOCOM se traduiront inéluctablement par des transferts, des réaffectations, des suppressions et des créations des postes.
Pour mener à bien ces opérations délicates, le gouvernement s’est engagé à créer des conditions incitatives pour des départs volontaires de manière à éviter la mise en œuvre d’une procédure de licenciement avec pour objectif que chaque employé se voit proposer l’opportunité de se repositionner au regard du nouveau contexte en tenant compte de ses aspirations et perspectives qui s’offrent à lui. C’est fort de cette volonté du gouvernement de tout mettre en œuvre pour que les impacts des évolutions structurelles envisagées soient gérés sans recours à des départs volontaires sous contraintes que TOGOCOM met en place un programme de départ volontaire basé sur une offre financière et un accompagnement si nécessaire sur les individuelles des volontaires au départ.
Tout compte fait, certains peuvent se jouir de cette nouvelle mesure du Groupe parce qu’allant dans leur avantage mais d’autres seront totalement en désaccord de tant plus qu’elle ne les avantages guère. Le programme de départ volontaire tel que proposé au personnel par l’Etat ne prend pas en compte les « en cours bancaires » des travailleurs comme dans les autres sociétés. Or pour bon nombre de ceux-ci selon nos informations, les dettes bancaires constituent au moins 50 à 60% des salaires. Avec les simulations actuellement proposées par le Groupe, il y en a qui se retrouvent encore endettés car, ce qui est proposé ne couvre pas les dettes bancaires. L’autre problème est que, la date limite d’adhésion telle que fixée au 28 décembre 2018 étant trop court, il est accompagné de la menace de la nullité de l’offre étatique au-delà. Tout agent n’ayant pas souscrit au programme à temps s’exposera au risque de licenciement «pur» et «simple».
Pour rappel
En mars 2015, les deux (2) sociétés étatiques des télécommunications se sont trouvées obligées d’entamer une mue stratégique eu égard à la convergence des réseaux, tendance au regroupement entre opérateurs du Fixe et du Mobile. Le propriétaire et actionnaire unique qui est l’Etat, avait compris la menace de la concurrence ouverte depuis la libéralisation du secteur des télécoms en février 1998. Et face aux exigences du couple qualité-prix du marché, il urgeait raisonnablement de mutualiser les ressources de ses deux structures, afin que la mayonnaise prenne au mieux. Il fut alors lancé le programme de la transformation en grande pompe par la ministre de tutelle Cina Lawson en présence des membres des Conseils d’Administration des deux sociétés. Le 13 Juillet 2017 il était annoncé la transformation du Groupe Togo Télécom et sa filiale Togo Cellulaire en société Holding togolaise des communications électroniques appelée « Togocom » sous laquelle doivent se brancher trois (3) filiales notamment « Togo Infracom », « ServiceCom » et « Togo InstallCom », les syndicats de la société mère et les Délégués de Togo Cellulaire voient leur avenir et celui de tout un pays, le Togo en danger. Ces derniers dénoncent la procédure de cette transformation qui, selon eux devraient au départ être faite « par eux » et « pour eux ».
Vat-t-on encore assister à un nouveau bras de fer entre la ministre Cina Lawson et les syndicats des deux (2) sociétés dans cette situation sociopolitique déjà tendue avec les acteurs de la scène politique? Les jours à venir nous édifieront. Affaire à suivre…
La Rédaction
Source : Togonyigba N°42 du 19 décembre 2018
27Avril.com