Togo, 1990 – 2018 : Vingt-huit ans de Lutte pour l’Alternance Sans Succès. Au Lendemain du 20 décembre, le Togo Fera Face à Son Destin.

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Togo, 1990 – 2018 :  Vingt-huit ans de Lutte pour l’Alternance Sans Succès.  Au Lendemain du 20 décembre, le Togo Fera Face à Son Destin.

Notre destin tragique veut que ce qui procure du bonheur aux autres peuples du monde « même s’il est parfois temporaire dans bien des cas ! » soit chrysogène sur la terre de nos aïeux. Le peuple togolais veut une alternance pacifique, réclame des réformes politico-institutionnelles, l’effectivité de la décentralisation…et, refuse d’aller à des élections législatives du 20 décembre 2018, organisées de façon unilatérales par le parti au pouvoir qui ne fléchi pas devant les plaidoyers des organisations de la société civile, des religieux, de la coalition des 14 partis de l’opposition pour ne citer que ceux-là. Toutes les forces politiques que ce soit celles de l’opposition ou du parti au pouvoir se convergent dans la dynamique de bâtir un « Togo nouveau » en terme de respect de la constitution, de la bonne gestion de la Cité, et d’équité pour le bonheur de tous. Dans le camp de l’opposition, l’on clame chaque fois que la solution de l’épanouissement du Togo reste dans l’alternance politique soit par le départ du régime RPT-UNIR en place depuis plus de cinquante ans incarné par la famille Gnassingbé. Et pour y parvenir, le chemin reste encore bien long. L’effectivité s’éloigne non seulement que l’on accuse l’autre camp de manque de volonté mais aussi du caractère disparate des pistes de solutions et le manque d’action concertées dans l’opposition plurielles. Et les leaders dont le chef de fil de l’opposition, Jean Pierre Fabre font recours au peuple et appellent ce dernier à prendre ses responsabilités.

L’opposition togolaise toujours en quête d’alternance au sommet de l’État

Nous battons nous vraiment pour le Togo ou pour nos camps respectifs? Voilà la question centrale que chacun doit se poser. Comment arriver à une alternance pacifique ? Qu’est ce qui ne marche pas ou qu’elles sont les principales causes de son échec ? 1990-2018, cela fait 28 ans de lutte pour l’alternance. Il est vraiment utile de s’attarder un peu sur le bilan en utilisant l’outil SEPO (Succès, Échecs, Potentialités et Obstacles). La vie n’est pas un fleuve tranquille où tout coule de source, loin s’en faut! L’opposition togolaise, fait, ma foi, ce qu’elle peut faire. A moins que l’on veuille l’obliger à la lutte armée véritable ce qu’aucun togolais ne doit souhaiter. Si nous interrogeons l’histoire de notre pays nous comprenons qu’à chaque fois que l’alternance se concrétise dans les urnes, l’armée intervient pour brutaliser et voler les résultats. La plupart des dignitaires, anciens comme nouveaux, à l’instar de Esso Akila Boko, savent que l’électorat du régime est moins de 10%… A plus de 80%, l’opposition togolaise a donné le meilleur d’elle-même, y compris le peuple togolais. Dans tous les pays, l’opposition n’est pas une entité aussi homogène. Normalement la Constitution de 1992 bien quelle ne soit pas parfaite, a établi un cadre démocratique devant assurer l’alternance, la démocratie, le développement et la cohésion sociale. Des succès populaires, législatifs et électifs, il y en a eu. Des échecs, nous ne pouvons en amplifier la portée, car insignifiants. Des potentialités, il y’en a à foison. Des obstacles, il y’en un peu en interne …certes des taupes « infantiles et alimentaires » mais, le grand obstacle c’est l’armée qui n’est pas encore républicaine.

Une autopsie du corps de la lutte politique pour l’alternance depuis 28 ans

De la conférence nationale souveraine passant par plusieurs accords jusqu’au dernier, cela mérite une bonne réflexion pour diagnostiquer le mal et comprendre les raisons des échecs. Des victoires politiques gâchées : la constitution de 1992, la liberté d’expression et de presse, la victoire aux législatives de 1994, l’accord cadre de 1999, l’APG de 2006, les sièges de députés en 2007 et 2013, sauvegarde d’un ancrage social fort, et tout récemment la limitation non-rétroactive de fait du mandat présidentiel et le retour à l’élection présidentielle à deux tours 2017-2018.

Notons quen 1994, l’opposition remporta l’élection. Un communiqué de feu Mivedor (Baron du RPT) avait appelé l’opposition à former le gouvernement. L’opposition a telle pu construire une dynamique solidaire pour gouverner? Non… Kodjo et Agboyibor n’ont pas pu partager la primature et la présidence du parlement. Les stratèges du RPT achetèrent politiquement Kodjo. Et nous connaissons les résultats. Laissons les erreurs à chaque accord ou dialogue politique, et parlons seulement de 2006. L’actuel président était très fragile, très fragile politiquement. On va aux discussions. On écrit un texte vague, qui parle des reformes à faire, mais dans un futur proche. Car les gens pensaient pouvoir battre le RPT et faire les reformes à leur convenance. Les élections de 2007, n’ont choisi que trois partis politiques. Alors, le caractère inclusif de l’organe pouvant acter les reformes revient sur le tapis. Autre erreur politique de 2006, l’APG accepte un mode de scrutin proportionnel avec les préfectures comme circonscriptions. Tout le monde était d’accord pensant jouir des effets du mode. Erreur Le RPT a accepté par qu’il sait que ce mode de scrutin favorisera les grandes formations politiques contrairement aux mensonges politico-scientifiques de certains juristes et politologues togolais. Après, pour tromper l’opinion nationale, on sort la question de déséquilibre dans le découpage électoral et même si le découpage électoral était strictement démographique, on aura exactement les mêmes résultats, soit à l’avantage du RPT ou un autre parti parce que l’élection proportionnelle fonctionne comme une élection majoritaire à un tour. Or le scrutin majoritaire favorise de facto les grandes formations. La mission d’observation de l’UE a pondu un rapport de 77 pages sur l’élection de 2007. Tout le rapport est un tissu de mensonge électoral. Le rapport accuse la découpe électorale. Mais, par un gymnastique intellectuel extraordinaire, le rapport dit « le scrutin proportionnel sous quelque forme que ce soit, s’accommode mal de circonscriptions de taille réduite où le nombre de sièges en compétition est faible tel que le cas du Togo » (MOE-UE, 2007: 17). En clair, ce n’est ni le découpage non basé uniquement sur le critère démographique, ni le mode du scrutin, mais la taille des circonscriptions. Et l’exemple concret est la circonscription de Lomé-Golfe. L’opposition y est majoritaire à près de 80%. Elle a pris 8 sièges. Le parti minoritaire (UNIR), si petit soit-il à Lomé a trouvé deux sièges. Le jour où les gens vont demander les régions pour circonscription en gardant l’actuel découpage en termes de nombre de députés par préfecture, il y aura un tremblement politique. Pourquoi, l’UFC d’alors a-t-elle accepté ce mode? C’est parce que ce mode favorise les grands partis. Et l’UFC pensait ainsi éliminer les petites formations politiques de l’opposition. En 2014, le régime a tactiquement accepté la limitation de mandat seulement voulait que le Président Faure Gnassingbé rempile une fois. Les politiciens ont refusé en disant « sans reformes pas d’élection » mais l’histoire nous apprend qu’ils sont allés à cette élection sans ces réformes.

L’opposition qui déjà, a marché près de 4 (quatre) ans pour la limitation de mandat et élection à deux tours en vain est surprise par l’arrivée du Parti National Panafricain (PNP) Une seule marche « violente et déterminée » du PNP de Tchikpi Atchadam qu’on n’a pas vu venir le 19 août 2017 pour « exiger le retour à la Constitution consensuelle du 14 octobre 1992 et l’effectivité du droit de vote de la diaspora » a poussé le régime RPT/UNIR à faire nuitamment un conseil de ministres et accepta deux dispositions soit la limitation de mandat et élection à deux tours. Au lieu d’agir avec cette concession inespérée, les politiciens de l’échec ont sorti des slogans géants et creux: départ immédiat du chef de l’État, retour à la constitution originelle deux choses juridiquement et politiquement impossibles selon les rapports de forces d’alors. Et pour rétablir l’équilibre de la terreur, les groupes dits d’autodéfense sortirent. La crise s’enlise et est doublée de la guerre de leadership entre le Chef de file de l’opposition Fabre Jean Pierre et le chef de file de la rue ou Expert en mobilisation de la foule- Tchikpi Atchadam.

Le Togo face à son destin au lendemain du 20 décembre

De toute évidence, les élections dans le désordre actuel n’augurent rien de bon. Elles ne pourront que renforcer la psychose ambiante que nous vivons si tant est qu’elles étaient proposées comme solution à la crise que nous vivons. La CEDEAO a proposé qu’au 20 décembre, les reformes et les élections se fassent concomitamment et les partis adverses étaient d’accord. À supposer que cela soit intenable à la même échéance, c’est ensemble qu’il fallait décider de comment procéder pour réaliser cette feuille de route. Mais, pas que le gouvernement (puisqu’il est l’émanation d’une seule partie des belligérants) s’arroge le droit de procéder à l’une des recommandations (élections) tout comme s’il s’agissait d’une injonction impérative. Encore que ce ne soit pas le « tout » des recommandations qui sont conduits en bloc.

Le lendemain du 20 décembre sera plus crispé que l’avant 20. Sur la base de la prétendue légitimité de cette élection, le gouvernement voudra bien prendre des dispositions conséquentes. Mais, on ne fait pas de loi contre l’avis d’une majorité fusse-t-elle muette ou résignée. Il se peut que tout ce spectacle prenne finalement fin justement quelques temps après les élections qui vont consacrer les personnes qui seront élus. Or, tout le monde sait qu’il s’agit bien d’amuseurs de la galerie qui n’ont rien à voir avec le souci de renouvellement de l’hémicycle telle que espérée par bon nombre de Togolais.

Nous devons creuser l’abcès pour le soigner et l’auto critiques est importante c’est ce qui peut conduire à atteindre l’objectif qu’est le bien-être des togolais et la gestion équitable de la cité. Au-delà du fait que la démocratie soit un mot, c’est aussi un comportement. Faure Gnassingbé qui se réclame démocratiquement élu doit sortir de la mêler avec un discours responsable pour apaiser les cœurs. Son entourage peut l’amener à être un exemple en mettant de côté l’orgueil. Dans tout combat, et pour préserver la paix et la cohésion nationale, le plus fort doit arrêter le massacre pour éviter le pire. Quel que soit notre richesse, notre capacité intellectuelle, sommes-nous fière de notre gouvernement ? Tout le gouvernement doit prendre sa responsabilité et libérer le pays pour une relance économique et sociale. Doit-on penser ou croire que Faure Gnassingbé, exploite toutes les dispositions textuelles (qu’il est en train de tailler) pour conserver le pouvoir encore bien longtemps ? Cette hypothèse semble de moins en moins réfutable.

Les élections législatives sont organisées de façon unilatérale par le parti au pouvoir qui ne fléchi pas devant les plaidoyers des organisations de la société civile, des confessions religieuses, certains députés de la CEDEAO, de la coalition des 14 partis de l’opposition… qui demandent le report de ces élections pour sa non-inclusivité, et le non-respect de certaines mesures telles que la recomposition de la CENI, la libération des détenus politiques et les manifestants… la coalition des 14 partis de l’opposition ne prendra pas part aux législatives de ce jeudi 20 décembre. A travers de multiples manifestations, elle espère arriver à empêcher le processus. « La campagne sera bien aminée du côté de la coalition », a ironisé Brigitte Kafui Adjamagbo, la coordinatrice de la C14. » Ça, promet, au niveau de la coalition la campagne sera très animée », a-t-elle affirmé sur une radio privée de la place.

Le parti au pouvoir reste aussi ferme sur sa décision et avance tout droit vers le 20 décembre sans les réformes préconisées par la « fameuse feuille de route de la CEDCEAO ». « Les scrutins se tiendront le 20 décembre et gare à ceux qui viendront se mettre aux travers du processus », affirme le ministre de la sécurité et de la protection civile, Yark Damehame dune part, et la C14 qui se veut ferme pour sa part: « Nous empêcherons par tous les moyens la tenue de ses élections ». Vu les positions « tranchées » des uns et des autres, l’on s’interroge: jusqu’où iront les protagonistes de la crise? Qui remportera ce bras de fer?

Vigilance ! Le scenario du Burkina-Faso n’est pas exclu pour une population qui ne trouvera pas aux hommes et femmes qui seront à l’Assemblée Nationale, leurs représentants… une marche spontanée sur l’Assemblée le jour même de sa première rentrée parlementaire est à craindre.Que ceux qui ont des oreilles entendent !

Liliane Kodjo

Source : Togonyigba N°42 du 19 décembre 2018

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