Togo, Une première pluie et Lomé déjà sous l’eau : De longues peines en perspective pour les Togolais

0
357

Togo, Une première pluie et Lomé déjà sous l’eau : De longues peines en perspective pour les Togolais

Dans la nuit de samedi 16 à dimanche 17 mars derniers, la ville de Lomé a été arrosée par une grande pluie, non sans conséquences sociaux. Maisons et quartiers inondés, écroulement des mûrs et toits, pis des cas de décès enregistrés… ces événements malheureux rappellent aux togolais, les tristes souvenirs des grandes inondations qu’a connu le pays de 2012 à 2014. Des situations désastreuses que le gouvernement avait, pourtant, annoncé conjuguer désormais au passé.

Invitée surprise et importunante !

Une première pluie, et Lomé est sous l’eau. Dans plusieurs quartiers de la capitale, le scénario reste le même. Maisons envahies par les pluies diluviennes, chambres et ateliers inondées, effets et bagages flottant sur l’eau… Bref, la pluie nocturne de samedi dernier a pris de court nombre de togolais vivant dans la capitale, avec ses conséquences sociaux. Outre les dégâts matériels, cette pluie a malheureusement fait trois morts, notamment des enfants d’une même famille, à Avenou, un quartier de Lomé.

«Nous avons été surpris par la pluie, alors que nous étions au lit. Très vite, l’eau nous a envahis et malgré nos efforts pour l’évacuer, nos effets se sont très vite retrouvés sous l’eau», témoigne Ben, 30 ans, coiffeur, résidant à Wonyome, un autre quartier, situé dans la banlieue nord-ouest de Lomé. « Mon atelier n’étant pas loin de ma maison, c’est avec stupéfaction et amertume que je l’ai découvert, le lendemain, inondé. Mon matériel de travail n’a pas été épargné non plus, réduisant au néant, mes effort et sacrifice consentis, durant des années pour installer l’atelier », poursuit, d’un air désabusé, ce père d’une petite fille d’un an qui n’a, pour l’heure trouvé refuge, avec sa maman, que grâce à la solidarité d’une famille voisine épargnée.

Tout comme Avenou et Wonoyome, plusieurs autres quartiers de la capitale ont vécu le même scénario, mais à des degrés divers. Ceci, allant de Nyekonakpoe à Akodessewa en passant par la Zone portuaire, Atakpame, Adamavo, Kanyikope, Kagome, Baguida ainsi que plusieurs villes de la région Maritime à l’instar de Aneho.

Et pourtant…

On se rappelle, le gouvernement togolais avait rassuré les togolais, il y a quelques années, que le phénomène d’inondation, surtout à Lomé, est globalement maîtrisé. Ceci, grâce aux ouvrages d’assainissement construits ici et là pour contenir les eaux de ruissellement et surtout, les infrastructures routières dotées d’un système de canalisation qui éviteraient désormais aux Togolais, les inondations. «Pour ceux qui connaissent Lomé, à chaque année, il y avait des pluies, des inondations et des victimes. Mais grâce à un programme de la Banque Mondiale, notamment le Programme d’Urgence de la Construction de l’Assainissement, on a construit des bassins de rétention et de grosses canalisations. Aujourd’hui, nous n’avons plus ce genre d’inondations », a fait savoir, à propos sur la chaîne allemande Deustch Welle, le président de la République, Faure Gbassingbé.

Les projets d’assainissement… pour quels résultats?

Une analyse croisée des innombrables projets d’assainissement réalisés depuis ces dernières années et les réalités du terrain aujourd’hui amènent à se demander à quoi ont réellement servi ces projets et les fonds engloutis. Car, de projets allant dans le sens de la protection contre les inondations, on en a eus:

  • Plan Directeur d’Assainissement (Pda), d’une valeur de 150 milliards FCFA couvrant la période 2004- 2015;
  • Projet Eau et Assainissement au Togo (Peat), un projet d’aménagement urbain du Togo, prévoyant la construction d’ouvrages d’assainissement et de drainage d’eaux pluviales dans les zones urbaines de Lomé qui est à sa deuxième phase;
  • lancement, en avril 2018, par le chef de l’état, pour un montant de 9 milliards CFA, de la deuxième phase des travaux d’assainissement et d’aménagement connexes dans les cantons de Togblekope, s’inscrivant dans le cadre du Programme de lutte et de prévention de l’inondation dans lesdits cantons;
  • inauguration, en mai 2018, toujours par Faure Gbassingbé, du 4e lac et assainissement des quartiers environnants, avec un investissement d’une hauteur de 28 milliards FCfA…

ils sont vraiment nombreux ces projets qui, à l’arrivée, n’ont pu épargner les togolais de vivre les inondations. Ceci, au point de se questionner sur les réels impacts de ces projets si ce n’est de faire, ine fine, des milliardaires au dos du contribuable togolais.

Les craintes subsistent….

Vu la nature des dégâts, en ce début de la petite saison des pluies, on se demande dès lors, à quoi sera fait demain, surtout que la Direction Nationale de la météorologie, dans un message alerte, a récemment annoncé, pour les jours qui viennent, de grandes pluies dans les régions des Plateaux et Maritime. Des pluies qui, selon la dépêche, pourraient être accompagnées de coup de vent et entraîner des risques d’inondation, avec pour localités à risque, Atakpamé, la vallée du Mono, la vallée de Zio, Lomé et ses environs.

Dans un tel contexte de crainte permanente d’un lendemain incertain, la question se pose de savoir à quoi servent tous ces ouvrages d’assainissement. Si ce n’est pour renflouer les comptes en banque de cette minorité pilleuse à la tête du pays. Face à l’alerte de la Direction Nationale de la météorologie, l’on est véritablement en droit d’affirmer aujourd’hui que les togolais ont de longs jours de peines devant eux. Malheureusement !

Source : Fraternité No.307 du 20 mars 2019

27Avril.com