Togo- Un recensement de la diaspora ou une muraille de refus des Togolais de l’étranger ?

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« L’histoire est composée de ce que les hommes font contre leur propre génie ». Dans sa Correspondance à Romain, ROLLAND ALAIN fait état de nos propres actes détraqués, les rebonds inattendus qu’ils nous renvoient en plein visage dans la sentence du déroulement inexorable de l’histoire. Il ne sert à rien d’abuser de sa puissance, de croire qu’on peut créer le désert devant soi pour régner dans le silence et la quiétude avec le secret espoir d’assujettir les autres à l’infini, de leur imposer ses caprices. Le hurlement du tourbillon de la vie nous rattrape et nous humilie dans le grand déchirement pour nous montrer que nous sommes trop souvent nos propres ennemis.

On s’étonne de l’entreprise trop osée de ce régime dynastique, qui n’est surtout pas en odeur de sainteté avec la grande majorité des Togolais de l’étranger, de procéder à un recensement de ceux qui rejettent les autorités de leur pays pour la permanence de leurs effractions, de leurs transgressions, de leur brutalité fauve, qui les ont jetés sur les routes de l’exil. Les grandes vagues forcées de l’expatriation au Togo datent des heurts et des crimes de masse à l’ère de l’ouverture démocratique et des élections fausses, accompagnées de confiscation du pouvoir par la violence aveugle. Le flux de la barbarie n’a jamais de décrue au Togo, surtout à chaque consultation électorale au point que le traumatisme des souvenirs obsédants éloigne nos compatriotes des autorités de la gouvernance, de tout ce qui porte leurs griffes autant que toutes leurs initiatives.

La dynastie togolaise use de tous les moyens pour priver la diaspora qui est la première contributrice du soutien au développement, à nos banques, aux familles du droit de vote depuis des décennies. Elle se permet, par les lois iniques, d’interdire à ceux qui, pour des raisons de facilité de résidence, optent pour la double nationalité, l’égalité des chances.

Comment un régime peut-il se mettre à dos plus de deux millions d’expatriés et leur demander de se rapprocher de lui pour un hypothétique recensement ?

Quelle confiance les Togolais peuvent-ils accorder à une gouvernance absconse, aux crimes multiples et aux lois iniques ?

1) Les raisons de la distance de la diaspora

Il y a essentiellement deux problèmes majeurs qui font sombrer la gouvernance dans un ostracisme de ses propres administrés, de ses propres concitoyens : la justice et la liberté. Sur ces deux leviers de la notoriété et de l’éthique politique, le régime togolais est cruellement absent.

Quand la répression sauvage est le seul réflexe d’excellence dont dispose un pouvoir qui s’illusionne que l’autoritarisme fait l’autorité, il perd fatalement la main sur les citoyens en meublant son imaginaire de les avoir sous contrôle. Les injustices, les iniquités d’un pouvoir concentré entre les mains d’un seul régime d’une oligarchie militaro-clanique ne requiert jamais l’assentiment populaire et l’accompagnement citoyen.

En outre, là où les libertés individuelles, collectives, institutionnelles et constitutionnelles sont brisées par effraction morbide d’une gouvernance malade d’elle-même, de ses méthodes désuètes et ordurières, le dédain grandit et s’étend dans le cœur des citoyens qui prennent beaucoup de précaution pour ne pas avoir en face d’eux ceux qu’ils considèrent comme des illégitimes, des usurpateurs. Cette réplique de la non-coopération fonctionne largement dans les esprits lucides qui ont une énorme expérience au prix de l’exil. Simone WEIL, dans Oppression et liberté, a raison d’affirmer : « Rien au monde ne peut empêcher l’homme de se sentir né pour la liberté. Jamais, quoi qu’il advienne, il ne peut accepter la servitude, car il pense ».

Quand les gouvernants se comportent comme des libertins sans un soupçon de devoir envers les citoyens, ils les chassent devant eux. Le relevé de ceux qui ont quitté le Togo, parce qu’ils n’y voyaient ni leur avenir, ni la paix civile suffit à expliquer le malaise plantureux qui fait une muraille de rejet togolais. On peut dénombrer quatre vagues successives de l’exil ou de l’expatriation dont les motifs incombent à la tragédie de la gouvernance au Togo et au culte de la répression fauve.

La quête de la liberté et du mieux-être qui chasse les Togolais de la terre de leurs ancêtres date des années 70 avec le vent de l’autoritarisme et des privations monstrueuses des libertés. Le creuset national cher à Eyadema au son du tam-tam avec des chants et des danses à la gloire du « timonier national» a semé le dégoût et la désolation pour pousser nos compatriotes à l’exil. La seconde vague de l’expatriation massive des Togolais se situe dans les années 80 où la dictature a pris ses racines sur tout le pays avec une scission nette et institutionnelle entre le Nord et le Sud, qui prive les Togolais de l’égalité des chances.

La troisième vague des exilés togolais et la plus importante est issue des crimes politiques, des crimes de masse, des disparitions forcées connus et qui ont installé la peur sur le Togo dans les années 90 avec les heurts de l’ouverture démocratique, les crimes électoraux, la grève générale.

La dernière vague résulte des crimes de masse de 2005 avec un millier de morts pour installer Faure Gnassingbé au pouvoir. Mais la saignée continue par les demandes des Togolais dans les ambassades et consulats étrangers, parce que ce pays tue les vocations, les rêves et l’avenir de notre jeunesse.

Les Togolais continuent d’être frileux face à l’esprit qui préside la gouvernance et l’événement qui a scellé la désespérance de nos concitoyens où qu’ils se trouvent, c’est précisément le fiasco organisé par l’Etat togolais dans un simulacre de Commission Vérité, Justice et Réconciliation inutilement dispendieux, médiatiquement tapageur pour un gros zéro. Lorsqu’un peuple connaît de vrais moments troublants de son histoire et que les principaux acteurs des crimes se parent d’un parapluie atomique de l’impunité dans des artifices vils, le gouffre de l’hécatombe atteint des proportions du chaos dont jamais le pays ne se relève.

Il n’est pas imaginable qu’après ce que ce régime appelle Vérité,-Justice et Réconciliation,  les Togolais  de l’étranger puissent harceler Faure GNASSINGBE de révolte noire partout dans le monde lors de ses déplacements en France, au Canada, aux Etats-Unis… au point que les services de sécurité lui trouvent des issues de dérobée pour lui éviter la rage de la diaspora. Le bouillonnement patriotique qui conteste diamétralement ce régime n’est pas seulement de l’extérieur. La coalition des quatorze partis politiques, (C14) atteste, dans l’ampleur de ses manifestations, le relais 10×10 d’une rupture béante de digues entre les populations togolaises et les libertins de la gouvernance.

L’écheveau du passif des tragédies institutionnalisées est cruel et jamais soldé, mais s’étend encore dans un cumul immonde des actes iniques, inciviques contre la Dynamique de Mgr KPODZRO, la DMK qui fait une campagne itinérante d’explication à l’étranger pour éclairer l’horizon de la diaspora, lui ouvrir grandement les yeux sur les faussetés d’un régime, ses pratiques obscènes et politiquement perverses.

Les gens d’une fausseté cathédrale et excessivement médiocres en éthique politique, en des actes justes se couvrent de tous les soupçons pour ne pas mériter quelque considération. La diaspora avisée et très lucide ne peut s’accepter de tomber dans une supercherie de recensement organisée par des gouvernants aux dogmes de parjure et de fausses élections.

2) Le paradoxe d’une prolongation d’un recensement

Le gouvernement togolais se félicite d’une imaginaire réussite d’un recensement sans le moindre bilan partiel et décrète la prolongation des inscriptions.

Dans chaque Togolais franc avec lui-même et avec ce pays qui est le nôtre, la gouvernance des revers est une pure réalité du moment où l’accompagnement populaire des choix et décisions du pouvoir de transgression, du mépris, du parjure et de la violence est un désert criard. Il n’est pas possible de renverser tout un pays dans le supplice du manque, dans une absence de l’éthique politique, de la morale publique et de la justice avec un voile de terrorisme électoral pour mériter la confiance des citoyens. L’adversité populaire contre un règne forcé aux abus inextinguibles est éclatante et pérenne, quand rien n’est fait pour exorciser les rancœurs, les traumatismes de crimes faciles qui peuplent l’histoire récente de la république en rebut.

Les Togolais de l’étranger ont un cumul de la double expérience, celle de leur pays d’origine et celle de l’exaspération, pour appréhender mieux le fonctionnement du gouvernement togolais et se permettre des répondants appropriés à tous les camouflages, à toutes les supercheries de ceux qui ne tarissent jamais d’initiatives sombres, teintées d’arrière-pensées.

Les dernières nouvelles du pays sur ce qu’ils nomment le kidnapping de leur, revenus au pays, parce qu’ils ne sont pas tendres avec la gouvernance, enflamment la méfiance et une rébellion sourde ou brûlante de la diaspora contre les autorités du pays. Le recensement qui ne certifie  « les bonnes intentions » des gouvernants et qui est superposé à des actes de violence ne peut que placer un rideau de fer entre les exilés et l’Etat togolais. Avec la résurgence affirmée des « habitudes de la maison », point n’ait besoin de laisser des mesures de précaution. Quand on ne peut jamais prévoir ce qui peut advenir avec des cascadeurs prêts aux ruptures de digues, il faut se mettre à l’abri de toutes surprises. La diaspora togolaise n’a fait que se mettre sur la ligne de défense de Jean-Jacques ROUSSEAU, dans Du Contrat social : « C’est une prévoyance très nécessaire de sentir qu’on ne peut tout prévoir ». Ceci est d’autant vrai avec des gens versés dans des actes de représailles et qui ne se privent de rien pour aboutir à leurs fins.

Il n’y a pas de diaspora togolaise acquise à la cause d’un quelconque recensement organisé par un pouvoir qui utilise tous les artifices pour un musèlement ou une restriction des droits de vote de nos concitoyens de l’étranger.

C’est une blague politique ou plutôt un enfantillage stratégique de proclamer la ruée des Togolais de l’étranger pour une adhésion à une aventure du régime dynastique dont ils ne maîtrisent les bonnes intentions. Plutôt le fiasco de cette entreprise osée dans un contexte politique exécrable s’entend et cette défense en dentelles de réussite de l’opération du recensement fait sourire le monde.

Les expatriés sont très distants par rapport à ce filet de moutons dressé à eux, au nom d’un recensement après la présidentielle et leur flair sur les puanteurs des pratiques de l’Etat du Togo ne libère aucune volonté de leur part pour se livrer à des gens dont ils n’ont un micron de confiance. La vigilance et l’éveil permanent des Togolais de l’étranger ne sont en rien comparables à l’ignorance ou aux besoins d’une obole pour acquiescer, approuver une aventure ambiguë comme on le voit souvent chez le petit peuple de notre république en vrac.

Le recensement de la diaspora résonne comme une faillite, parce qu’il n’y a aucune raison sur le plan politique au regard du contexte national et du visage bien connu de la gouvernance que le jeu du hasard prospère dans le programme sécuritaire de chaque Togolais, et plus particulièrement, ceux de la diaspora.

Source: L’Aternative

Source : icilome.com