Le Togo est-il si dégarni de têtes bien faites pour qu’on en vienne à chercher ailleurs qui pour présider le conseil d’administration de la Société des postes du Togo ?
Dans tout pays, il existe des postes dits de souveraineté et seuls peuvent occuper ces postes des autochtones. Si un étranger ne peut devenir ministre dans un autre pays, de la même façon, un poste de président de Conseil d’administration (PCA) d’une structure étatique ne peut être dévolu à un étranger. Il ne s’agit pas du racisme, ni de la xénophobie, mais juste de la souveraineté.
Le nouveau PCA de la société des Postes du Togo se nomme Grégoire Akofodji, ancien ministre de l’Agriculture et de la Justice au Bénin et ancien député. Déjà en décembre 2019, un journal béninois s’interrogeait sur ce que devenait cet ancien ministre et ancien député. « Né le 9 mai 1956 à Cotonou, Grégoire Akofodji, originaire de Kpomassè a occupé plusieurs postes notamment à la Sobetex et à la Cfao-Bénin. Il est de profession Administrateur général et un homme politique, membre du parti FCBE. Il a eu plusieurs expériences professionnelles notamment en tant qu’administrateur de Junior Achievement. Grégoire Akofodji a également été professeur associé à l’Institut national d’économie. Ancien ministre de la justice et ancien député de la 6ème législature de la 5ème circonscription électorale. Marié, il est père de trois enfants. Connaissant l’homme pour ses expériences politiques et ses compétences techniques, il est difficile de constater désormais son absence de l’échiquier politique national. Aujourd’hui, plus personne ne l’entend se prononcer sur quoi que ce soit. Qu’est-ce qui se passe Grégoire Akofodji ? Qu’est-ce qu’il est devenu ? Où est-il? Est-il fatigué de la politique béninoise? Autant d’interrogations qui taraudent les esprits. Vivement qu’il sorte de sa cachette pour contribuer à l’animation de la vie politique. Le Bénin a encore besoin de lui ».
Eh bien, voici que devient le Béninois au Togo. Jusqu’à récemment, un président du Conseil d’administration d’une structure étatique n’était pas un employeur, encore moins un cadre au sein de l’organigramme. Mais on apprend que depuis le parachutage du sieur Akofodji Grégoire Arsène, tout est sens dessus-dessous et les agents se demandent vers où la ministre de tutelle, Cina Lawson mène le bateau postal.
Au sein du personnel postal, l’ambiance est morose, voire tendue. Non pas qu’il y ait encore des revendications en suspens –on apprend que depuis le départ de Tairou Bagbiègue, c’est de l’histoire ancienne-, mais simplement de par les chamboulements qui se font, suite à la nomination d’un nouveau Président du Conseil d’Administration à la Poste du Togo.
Un PCA dispose-t-il de bureau au sein de la société où il est nommé? Est-il tenu de se pointer dans le service tous les jours, comme s’il n’existait plus de Directeur général de la Poste ? Nous apprenons que par deux fois, l’homme aurait émis des réserves quant aux aménagements opérés dans son bureau. Et la direction se serait pliée à ses désidératas. Et ce n’est pas fini. Toujours selon des indiscrétions, le sieur Akofodji se ménage des missions à l’intérieur du pays pour visiter les agences. Ce qui implique des frais de mission parallèles.
Lorsque pareille situation se passe, la première personne à indexer est le ministre de tutelle. Dame Cina Lawson est-elle informée de la chienlit, étant donné que c’est par elle que l’homme a atterri au Togo? Il nous a juste été répondu que la ministre et le sieur Akofodji seraient très liés ; mieux, le nouveau PCA serait le beau-frère de la ministre.
Selon nos informations, Grégoire Akofodji n’est pas Togolais pour prétendre à ce poste, mais plutôt Béninois. Déjà en 2010, il fut ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Ensuite il fut ministre de la Justice. Pire, sous la 7ème législature, Akofodji Grégoire Arsène avait siégé à l’Assemblée nationale béninoise sous la bannière du parti Refondation et Emergence. C’était en 2015.
On comprend mieux pourquoi d’un côté, les agents de la Poste ruminent leur colère, et de l’autre, pourquoi la ministre brille par son silence.
Des indiscrétions font état de ce que l’agenda brandi par le PCA béninois pour être coopté serait de faire acquérir le statut de banque à la Poste. Mais il suffit de suivre les performances de cette boîte depuis des années avec la nouvelle direction pour réaliser qu’avec ou sans ce Béninois, les agents et la direction sont sur la voie royale pour y parvenir. Il semble loin, ce temps où les comptes de la société étaient permanemment dans le rouge et les agents, toujours sur les dents. Et chaque année, les chiffres d’affaires et les bénéficies parlent d’eux-mêmes.
A moins que l’objectif poursuivi par la ministre Cina Lawson soit de faire nommer un proche, qui plus est Béninois à la tête du Conseil d’administration d’une société togolaise en lieu et place des citoyens, on comprend très mal que le sieur Akofodji préside le Conseil d’administration de la Poste au Togo. Ou alors la ministre Cina Lawson veut faire de cette société un patrimoine privé exclusivement pour les membres de sa famille.
Il est vrai que l’exemple donné par Faure Gnassingbé en invitant des étrangers aux conseils des ministres n’est pas encourageant. Mais est-ce suffisant pour que désormais, toute personne, fut-elle ministre, se permette d’embaucher des étrangers pour diriger des sociétés étatiques ?
Nous avons osé nous adresser à la ministre via la messagerie habituelle. « Nous aimerions savoir les raisons qui ont milité en faveur de la personne de Akofodji Grégoire Arsène en tant que nouveau PCA de la Société des Postes du Togo, merci ». Mais comme nous le redoutions, la servitrice du peuple n’a pas daigné nous répondre. Seulement, des indiscrétions font état de ce que le Béninois serait informé de notre message et serait dans tous ses états.
Une chose est évidente, ceux qui se disent représentants du peuple ne peuvent pas rester silencieux devant pareille forfaiture. A moins qu’ils méconnaissent ce pour quoi ils sont à l’Assemblée nationale. Déjà que depuis la nomination de cet étranger, aucun parmi n’a osé affronter cette ministre en la faisant convoquer. Ou bien, comme l’a une fois affirmé le président du groupe parlementaire UFC, Séna Alipui, ce sujet ne mérite pas qu’une ministre soit convoquée devant l’Assemblée nationale !
Source: Liberté
Source : icilome.com