Togo, Travaux Publics et Impunité : Qui protège Ninsao Gnofam dans ses dérives ?

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Togo, Travaux Publics et Impunité : Qui protège Ninsao Gnofam dans ses dérives ?

Il est incontestablement l’un des ministres les plus controversés de ces dernières années. Son nom est collé à tous les scandales qui entachent les travaux publics (routes, port, aéroport); mais contre toute attente, il a toujours survécu à tous les remaniements ministériels. Simple agent de la BTD (Banque Togolaise pour le Développement) avant d’être appelé au gouvernement, cet homme est devenu en quelques années l’un des ministres les plus riches du gouvernement de Faure Gnassingbé.

Ses comptes bancaires sont suffisamment bien garnis et ses réalisations immobilières au pays et à l’extérieur suscitent curiosité et colère des Togolais. Le scandale le plus retentissant sous son autorité est la route Lomé-Vogan-Anfoin. Les 26 milliards se sont mystérieusement volatilisés et les arguties débitées par ce ministre devant les députés lors d’une interpellation ont frisé le ridicule. A cela il faut ajouter l’autre scandale, celui des contournements de Bafilo et Aledjo qui sont en train d’être refaits pour une deuxième fois. Là aussi, les milliards ont pris une autre destination.

Le très suffisant Ninsao Gnofam, celui qui affirme avoir la confiance totale de Faure Gnassingbé malgré tous les dossiers de corruption qui lui collent à la peau, n’est plus un homme à présenter. Derrière ses lunettes foncées qu’il adore se cache un des plus grands ‘’voleurs de la République’’ qui bénéficie d’une impunité déconcertante. Il a réussi à installer dans son département en quelques années une véritable mafia dont les ramifications se retrouvent dans d’autres ministères.

Pourquoi AGEROUTE-TOGO a été torpillé ?

La création de cette agence annoncée à grand renfort de publicité et qui devrait permettre d’assainir un tant soit peu le secteur de ces magouilles et combines, n’a pas fait long feu. L’actuel ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et des collectivités locales Payadowa Boukpessi était pressenti pour la présidence du conseil d’administration pendant que le poste de DG était destiné à l’actuel patron de la SAFER. Le ministre de l’Economie et des Finances d’alors et son sulfureux collègue des Travaux Publics se sont organisés pour saborder cette agence qui, de toute évidence, était une menace pour leurs intérêts. C’est l’époque où la fameux préfinancement des travaux était leur jeu favori, avec une entreprise locale aujourd’hui en faillite qui était dans leurs bonnes grâces. AGEROUTE a été finalement dissoute sans aucune raison officielle.

Depuis, une nouvelle agence rattachée à la présidence a vu le jour, mais sans grand succès. Comme pour le cas d’AGEROUTE, tout est fait pour torpiller la nouvelle agence alors que le conseiller chargé de ce dossier a déposé son rapport depuis un temps. Le sieur Ninsao Gnofam est finalement devenu le seul décideur à bord du secteur des BTP, avec tout le boulevard de la corruption et des retro- commissions ouvert devant lui. Son ministère est celui qui compte le plus de responsables intérimaires. De l’audit commis par l’Etat via un cabinet sénégalais pour identifier les dysfonctionnements dans les ministères, seul celui des Travaux Publics n’a pas traduit les recommandations dans les faits.

Ce ministère se retrouve finalement avec plusieurs directions aux mains des intérimaires. On peut citer le Directeur Général des Travaux Publics, le Directeur Général des Routes, le Directeur Général de la Planification, le Directeur Général de l’Entretien Routier qui sont tous des intérimaires depuis des années. Ce dysfonctionnement grave profite au ministre qui concentre presque tous les pouvoirs de décision à son niveau.

Préférence des entreprises étrangères au détriment des locales

Etant ainsi le seul décideur à bord et au vu de sa soi-disant proximité avec Faure Gnassingbé qu’il vante partout NinsaoGnofam n’en fait qu’à sa tête, parfois en violation des textes de passation des marchés en vigueur. Sa préférence, ce sont les entreprises étrangères avec lesquelles il fait souvent des deals juteux. Ces entreprises sont souvent conseillés de casser le prix de leurs offres pour pouvoir obtenir les marchés. Une fois le marché obtenu, il leur est accordé au cours de l’exécution un avenant qui sert en réalité d’un fonds de partage entre les acteurs de la chaine. Plusieurs cas de détournements des fonds lors des exécutions des marchés se font sur les fameux avenants.

Il y a quelques mois, nous avions dénoncé dans nos colonnes l’attribution des travaux d’assainissements du canton de Togblékopé à SATOM alors que ce marché avait été gagné par l’entreprise GER. Ninsao Gnofam avait évoqué une certaine raison d’Etat (un clin d’œil du régime de Faure à la France) pour sacrifier GER et remettre le marché à ses amis de SATOM en toute intégralité, c’est-à-dire sans possibilité de fractionnement ou de sous-traitance. Il en est de même d’une entreprise tunisienne, CHABANE, décriée au Benin pour la mauvaise qualité de ses travaux mais qui bizarrement, se retrouve dans les bonnes grâces de Ninsao Gnofam.

Au moment où la dette du Togo s’envole et fait l’objet de plusieurs reportages comme celui effectué par RFI la semaine dernière, les milliards empruntés chez des partenaires, notamment chinois que les contribuables doivent rembourser sur 20 ou 30 ans, se retrouvent en grande partie dans les poches de quelques ‘’voleurs de la République’’. Il faut démanteler cette mafia qui endette le Togo pour des infrastructures de piètre qualité.

Il est temps d’arrêter ce monsieur dans ses dérives, ses combines, ses magouilles qui font tant de torts au secteur des Travaux Publics. Nous reviendrons dans un prochain article sur les manœuvres en cours dans l’attribution de nouveaux marchés de route.

Bon à suivre !

Source : L’Alternative

27Avril.com