A travers un courrier du Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) adressé au ministre des Enseignements Primaire et Secondaire en date du 25 octobre dernier demandant la disponibilité des salles de classe pour la révision des listes électorales entre le 29 novembre et le 1er décembre, on découvre les dates de la révision des listes électorales annoncées. Pour l’élection présidentielle de 2020, le président de la CENI Tchambakou Ayassor ne retient que trois jours sur toute l’étendue du territoire.
Dans la foulée, la Cour Constitutionnelle avance les dates du scrutin. Selon la Cour, aux termes de l’article 61 de la Constitution du 14 octobre 1992, le scrutin relatif à l’élection présidentielle est ouvert 75 jours au plus tôt avant la fin du mandat présidentiel et 60 jours avant la fin du mandat présidentiel en cours.
« Le mandat du président en exercice qui a débuté le 04 mai 2015, date de prestation de serment, prend fin le 03 mai 2020. Par conséquent, le prochain scrutin doit être ouvert sur convocation du corps électoral au plus tôt le 19 février 2020 et au plus tard le 05 mars 2020 », précise Aboudou Assouma, le Président de la Cour Constitutionnelle.
De ce fait, la haute cour en matière constitutionnelle demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour que le prochain scrutin soit ouvert sur convocation du corps électoral au plus tôt le 19 février 2020 et au plus tard 05 mars 2020.
« La Cour invite le gouvernement et les personnes concernés par ce scrutin à se conformer auxdites dispositions et à l’ensemble des textes en vigueur régissant le scrutin », conclut la note.
Des élections réduites aux kermesses au Togo
Des deux sorties de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, on constate simplement que la chienlit et la pagaille ont atteint le comble au Togo de sorte que l’élection présidentielle est devenue un jouet entre les mains de certains individus. Unanimement, tous les acteurs ont relevé les carences insoupçonnables de la CENI dirigée par Tchambakou Ayassor lors des élections municipales du 30 juin dernier.
Sur toute la ligne, c’est la CENI la plus médiocre. Pour un minimum de respect au peuple togolais, la mise en place d’une CENI plus inclusive et compétente s’impose. Malheureusement, on prend les mêmes et on recommence.
Plus grave, lors de la révision des listes électorales pour les élections municipales, on a vu plusieurs Togolais laisser sur le quai. Les machines étant défaillantes en plus d’autres anomalies ont empêché d’honnêtes citoyens de se faire enregistrer. Pour l’élection du Président de la République, en lieu et place d’un recensement intégral, on parle d’une révision de trois jours en même temps sur l’ensemble du territoire un peu comme lors des municipales. Comment peut-on s’amuser à ce point ?
Rien que cette provocation de la CENI, plusieurs Togolais seront privés de cartes d’électeurs. Le pouvoir ayant déjà à disposition un fichier corrompu à même d’assurer son maintien, les citoyens honnêtes par ce délai déraisonnable de trois jours, pourraient ne pas avoir leur carte d’électeur. Des germes de frustrations avant même le scrutin.
D’autre part, c’est la Cour Constitutionnelle dirigée par Aboudou Assouma qui indique la voie à suivre. Pourtant, il est demandé sa recomposition dans la feuille de route de la CEDEAO.
Cette feuille de route que le pouvoir de Gnassingbé dit respecter jusque-là. Cette cour a déjà fait ses preuves de partialité et ne suscite aucune confiance entre les acteurs politiques. Même les modifications constitutionnelles du 8 mai par l’Assemblée Nationale unicolore ont décidé de sa recomposition. Curieusement, on fait semblant d’avancer avec cette Cour.
Pourquoi Faure n’aime pas le Togo ?
A quand une élection sensée, crédible et démocratique au Togo ? Tout ce qui se passe actuellement en dépit des appels des forces démocratiques démontre bruyamment que Faure Gnassingbé n’aime pas le Togo.
Pour lui, seul le fauteuil qui lui confère les privilèges compte. Il sait que des élections frauduleuses débouchent sur les violences. Mais depuis 15 ans qu’il gère le Togo, il ne fait que ça et feint des réactions contraires.
Lors de la présentation du Rapport-pays du Doing Business le jeudi 31 octobre dernier, il déclarait « Nous devons savoir que nous sommes en compétition avec les autres. Ce que nous avons réussi aujourd’hui, si nous ne maintenons pas le cap, demain nous pouvons reculer. Et si nous reculons, je crois que l’impact sera encore plus négatif. Les mauvaises langues nous diront que c’est par hasard, mais non. Cela fait 2 ans que nous avons entamé cela, il faut que l’année prochaine, nous puissions maintenir le cap, même si les périodes de campagne électorale ne sont pas propices aux réformes. Il faut que dès maintenant, c’est l’instruction que j’ai donné à l’administration, nous prenions de l’avance sur les réformes que nous devons réaliser pour l’année prochaine. Comme je l’ai dit tout à l’heure, je ne veux pas avoir honte l’année prochaine.
Il faut que l’année prochaine, le rythme des réformes puisse s’accélérer. C’est vrai que quand on dit élection présidentielle en Afrique, il y a toujours une période d’incertitudes, les gens sont attentistes, mais nous nos élections, je l’espère, auront lieu tôt pour que nous puissions nous consacrer à ce que nous voulons de plus. La croissance inclusive, le développement et la prospérité pour notre pays. C’est possible!».
Ce n’est pas dans tous les pays que les élections riment avec les incertitudes. Tout dépend de la meilleure organisation. Des pays comme le Ghana, la Namibie, le Cap-Vert… font de leurs élections des moments de fête pour la simple raison que les jeux sont clairs. C’est triste que Faure Gnassingbé finit par tout banaliser dans le pays au point de transformer l’élection présidentielle à un jeu d’enfants.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
Source : 27Avril.com
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