Elle fait partie des magistrats ayant trop duré à leur poste. Cumularde, elle vient de sortir une information au moment où la vie chère étend ses tentacules dans tous les secteurs sociaux du Togo. Dans un ciel sans nuage, dame Kobauyah Kpatcha-Tchamdja vient de décréter la fin imminente de la validité du premier format du certificat de nationalité togolaise. De quoi remettre en cause l’apparente quiétude qui règne dans le pays.
Elle n’a pas attendu la mort naturelle de ceux qui disposent encore de l’ancien format du certificat de nationalité. Et cette information a des chances de raccourcir la durée de vie de certaines personnes du 3ème âge qui continuent de percevoir leur pension de retraite.
La Direction du sceau, de la nationalité et de l’identité civile (DSNIC) vient d’avertir les populations qu’elle envisage de supprimer l’ancien format du certificat de nationalité togolaise.
« Il est important pour tous les Togolais d’avoir le nouveau format du certificat de nationalité. Les personnes disposant de l’ancien format de ce certificat pourraient être dans une situation d’apatridie dans les jours à venir. Ainsi dans les prochains mois, il faut obligatoirement avoir la nouvelle version du certificat de nationalité », s’est permise Mme Kobauyah Kpatcha-Tchamdja, directrice de la DSNIC depuis une dizaine d’années.
Si son obtention était sans frais aucun, il n’y aurait pas de souci ; on penserait simplement à une manière pour l’autorité de prendre soin de ses contribuables. Malheureusement, derrière cette annonce, c’est comment renflouer les caisses de l’Etat de façon brute et sauvage. Les mots sont bien pesés.Pour obtenir la nouvelle version de ce qu’on dispose déjà, il faut pour cela légaliser l’acte de naissance, joindre l’ancien format de la nationalité, se trouver une photo d’identité et surtout rassembler 5000 FCFA.
En considérant que la légalisation coûte 500 F et la prise de photo passeport, 1000F, le citoyen doit alors décaisser 6500 FCFA, sans considérer les frais de déplacement aller-retour pour ceux qui sont à l’intérieur du pays. Mais c’est lorsqu’on comprend que sur les 8 millions d’âmes, ce sont quelque deux(02) millions de personnes qui sont en règle avec la DSNIC qu’on réalise la manne que représente cette mesure impopulaire à plus d’un titre. Ce sont une vingtaine de milliards qui sont visés par l’autorité togolaise.
Le système est-il déjà décentralisé ?Le Togo s’étend sur près de 600 km. A ce jour, l’établissement du certificat de nationalité constitue un casse-tête pour le contribuable dont les contributions font vivre l’Etat. Mais le citoyen qui est à l’intérieur du pays ne peut pas prendre un taxi-moto à moindre coût pour se faire établir cette pièce. La raison, tout est centralisé dans la capitale Lomé. C’est ainsi que tous les jours dans les locaux de la DSNIC, l’affluence est permanente.
Des appels pour une décentralisation du processus ont été lancés, mais sont demeurés lettre morte. Et c’est dans ce capharnaüm que dame Kobauyah & Co se préparent à priver nombre de citoyens d’une pièce qu’ils ont déjà dépensé de l’argent à faire établir.Une ambition suicidaire dans un contexte de hausse de prix généralisée.
Il faut parfois prévenir les autorités de certains risques. S’il est vrai qu’une accalmie apparente règne au Togo sur le plan politique, c’est assurément parce que le citoyen n’est pas assez poussé à bout pour le voir réagir. Mais des signes avant-coureurs s’annoncent dangereusement.
Ça a commencé avec la hausse du prix du carburant ; puis celle des frais de péage que les citoyens payent doublement sans s’en rendre compte ; ensuite les prix des denrées de première nécessité. Sur ce plan, le maïs, l’huile, etc., et plus récemment la menace de hausse du prix du pain.
Dans un pays où le SMIG est de 35.000 FCFA, où la formation scolaire souffre de manquements, où la santé semble le puiné des préoccupations de l’exécutif, mais lequel exécutif ne pense qu’à se ménager une gouvernance « duracell », il est fort à craindre qu’une seule étincelle réveille les vieux démons tapis dans les cœurs des déçus de la gouvernance actuelle. « Gouverner autrement » ne saurait signifier « saigner autrement les populations ».
Godson K.
Source : icilome.com