Qui ne connaît pas la situation au Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio (CHU SO), le plus grand hôpital de la capitale togolaise ? Les témoignages des patients, notamment des femmes enceintes qui accouchent à même le sol, arrivent dans notre rédaction presque tous les jours. France 24 n’a montré que ce que tout Togolais avisé connait déjà. Toutefois, les réactions du Directeur général de l’hôpital et du président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) ne surprennent guère.
Le reportage de France 24 a abondamment circulé sur les réseaux sociaux. On y voit des femmes enceintes couchées à même le sol dans le plus grand hôpital du pays. D’autres qui, en travail, ne trouvent pas d’agents de santé pour s’occuper d’elles comme il se doit.
La vidéo évoque également des femmes qui attendent une césarienne. Du personnel paramédical qui, exaspérés par le manque d’égard des responsables sanitaires au Togo malgré l’appui qu’il donne aux chirurgiens, refuse de travailler. Bref, inutile de revenir sur la situation chaotique présentée par ce média dans son élément dans le journal.
Le CHU SO est un centre de santé qui, depuis plusieurs années, manque de tout (personnel, matériels de travail, etc.). Il est devenu un mouroir pour les populations. La presse en a beaucoup parlé, les populations ont lancé des cris d’alarme sur le drame qui se joue dans cet hôpital, mais personne ne semble lever le petit doigt pour corriger la situation, ne serait-ce que doter ce centre de santé de matériels élémentaires de soin pour sauver les Togolais.
24 heures après ce reportage, le ministre de la Santé a sorti une décision, accordant une prime de 30.000 FCFA au personnel paramédical pour son dévouement (arrêté inter-ministériel N°206/2024/MSHP/MEF du 26 juin 2024).
Mais deux jours après le reportage, le Directeur général de ce centre qui ne s’est jamais prononcé sur les plaintes de patients ou de leurs proches, a envoyé une plainte à la HAAC, selon le président de cette institution, Pitalounani Telou.
A en croire le DG de l’hôpital, France 24 a tourné son reportage sur la maternité du centre « sans autorisation » et rapporté des « faits matériellement faux et non avérés ».
« En effet, à aucun moment, les responsables régionaux de ladite chaîne, Emmanuelle Sodji et Raphael Ntalé, n’ont daigné prendre contact avec l’administration de l’hôpital, pour d’une part, obtenir une autorisation de tournage et, d’autre part, confronter les faits prétendument constatés et s’assurer de la véracité des propos tenus par des prétendus praticiens qui auraient été rencontrés dans le service de maternité, en violation flagrante des règles éthique et de déontologie propres à la pratique et au professionnalisme journalistique », écrit le DG de CHU SO dans sa plainte.
Il qualifie ensuite le reportage de tendancieux avec une « intention de nuire à la réputation du CHU SO, au dévouement du personnel médical et paramédical qui ne ménage aucun effort au service des patients, à l’honorabilité des autorités administratives et politiques… ».
La HAAC, saisie de cette plainte, y a mis du sien comme d’habitude. « Ces inexactitudes répétées dans vos reportages ne sont pas seulement préjudiciables à l’image du CHU SO et du Togo, mais violent également les principes fondamentaux du journalisme », réagit l’institution qui a toujours brandi l’épée de sanction sur la tête des journalistes au Togo.
Elle poursuit en indiquant que si de tels agissements se répètent, elle « se verra contraindre d’envisager des mesures appropriées, y compris la suspension de votre droit de diffusion sur le territoire national jusqu’à nouvel ordre ».
En lisant ces réactions de la HAAC et du DG du CHU SO, on se demande si leurs responsables vivent dans le même pays où des plaintes fusent de partout contre cet hôpital qui ne ressemble pas un au Togo. Un déni complet de la réalité qui saute aux yeux de tous.
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com