Togo: réouverture prochaine de la prison d’Agombio, un Goulag sous les tropiques

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Les signes d’un recul en matière de droits de l’homme sont de plus en plus visibles au Togo sous le règne éternel de Faure Gnassingbé. Lors du dernier passage du gouvernement togolais devant les instances des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, il a été clairement demandé aux autorités de Lomé la fermeture sans condition de la prison civile de Lomé qui ne répond plus en rien aux critères d’une maison carcérale. Quelques mois après le retour de Genève, aucune décision n’est toujours prise pour la prison civile de Lomé. Bien évidemment, on ne ferme pas une prison de plus de 4000 voire 5000 détenus en un mois.

En parvenant au pouvoir au prix du massacre d’un millier de ses compatriotes, selon un rapport de la FIDH, Faure Gnassingbé a inauguré un cycle de violences politiques et de violations systématiques des droits de l’homme. La répression aveugle des manifestations des partis politiques de l’opposition et de la société civile, les restrictions en termes de libertés de manifestations, les bastonnades de tous genre, les expéditions punitives, les assassinats de mineurs et d’élèves, parfois à bout portant par les militaires, les bavures dans la lutte contre le carburant de contrebande, sont devenus des faits ordinaires. Ces dérives se sont amplifiées depuis les évènements du 19 août 2017 et la répression d’abat exclusivement sur des communautés cibles, notamment à Sokode, Agoè-ZongoBafilo, Mango, Kpalime-Zongo etc.

Dans ces localités, des militaires déployés en masse continuent de se livrer à des exactions dans l’impunité et le silence total. La stratégie de la terreur est en marche et Faure Gnassingbé, c’est l’homme qui gouverne avec une main de fer dans un gant de velours. Plus l’envie de s’éterniser au pouvoir est grande, plus tous ceux qui veulent se mettre au travers de cette ambition maladive sont réduits à néant. Le locataire de la Marina ne blague pas avec le fauteuil présidentiel, même si certains naifs de la scène politique continuent de baigner dans leurs illusions.

Pour y rester le plus longtemps possible, tous les moyens sont bons, y compris la réouverture prochaine d’une prison de triste mémoire, un lieu lugubre comparable au camp Boiro en Guinée Conakry sous Ahmed Sekou Touré ou aux goulags en Russie au temps du règne absolu de Staline.

Réouverture prochaine du camp de concentration de Kazaboua-Agombio, symbole d’un durcissement du régime

L’idée de la réouverture de ce camp de redressement remonte au mois de mars 2014. A l’époque, un certain Christian Trimua, alors Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice, chargé des Relations avec les Institutions de la République, accompagné du Directeur général de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion et d’un officier des FAT, s’étaient rendus sur le site situé entre Agombio et Kazaboua pour visiter les vestiges. A cette époque, des rumeurs faisaient déjà état de la réhabilitation de ce site. Elles se sont révélées des clameurs depuis quelques mois. En effet, ce site qui symbolise la terreur du règne de Gnassingbé Eyadema, est entièrement réhabilité. Les travaux ont été dirigé dans la discrétion par les FAT et supervisés personnellement par le ministre de la Défense et des Anciens combattants Faure Gnassingbé qui, selon plusieurs sources, se serait déjà rendu par deux fois sur le site.

« La prison est totalement reconstruite avec à certains endroits des cellules VIP. Le site est gardé en permanence par les militaires », nous a confié une source sous le sceau de l’anonymat, qui ajoute ne pas savoir les tenants et aboutissants de ce projet. Pour la petite histoire, sous le règne du parti unique et sans partage du général Gnassingbé Eyadema, il a été créé dans cette localité entre les villages Kazaboua et Agombio dans la préfecture de Sotouboua, un camp de redressement où plusieurs dizaines de Togolais (les chiffres sont toujours inconnus) ont été déportés, torturés jusqu’à ce que mort s’en suive.

Il suffisait de s’opposer au règne du timonier ou d’être soupçonné de déloyal pour se retrouver dans cet enfer sur terre. Les gens étaient non seulement détenus, mais aussi contraints à faire des travaux forcés dans les champs avec l’argument selon lequel l’Etat n’avait pas les moyens de nourrir les prisonniers. L’horreur de cet lieu a été révélée dans un rapport terrifiant de la CNDH a l’époque avec pour titre « La stratégie de la Terreur ». Ce rapport accablant et terrifiant produit par la CNDH, une institution mise en place par le régime lui-même, a mis en relief les pires tortures et atrocités qui étaient infligées aux détenus à cet endroit.

Ce centre de concentration et de redressement, symbole de toutes les exactions était placé dans un premier temps sous les ordres du général AkawiluSizingWalla, à l’époque jeune officier et plus tard du colonel Atoeme, lui aussi jeune officier. Les survivants de cet enfer ont décrit à la Conférence Nationale Souveraine et devant les caméras du monde entier les pires traitements inhumains et dégradants dont ils étaient victimes. Agombio dans la préfecture de Sotouboua et Otadi dans le Wawa furent les pires endroits de torture sous le règne du général Gnassingbé Eyadema. Le rapport de la CNDH sur cet enfer sur terre peut toujours être remis à l’ordre du jour pour ceux qui n’ont pas entendu parler de ces sinistres endroits.

Le fait même de réhabiliter le camp de redressement de Kazaboua Agombio est un symbole de la nature répressive que prend le régime de Faure Gnassingbé. Pourquoi remettre en était cette prison maintenant? Est-ce une alternative à la prison civile de Lomé dont la fermeture est exigée par les Nations Unies ou le locataire de la Marina mijote une opération dont lui seul connait les secrets?

Selon des sources concordantes, Faure Gnassingbé dont le 4è mandat tant recherché est sous le feux des critiques, envisagerait une fois frauduleusement réélu une lutte sans merci contre la corruption, histoire de sacrifier quelques barons à qui lui-même a permis de s’enrichir, pour calmer la colère des partenaire mais aussi dans l’espoir de décrocher le MCC. Il serait alors envisagé la mise en accusation de quelques voleurs de la République, à l’image de ce que fait actuellement Ali Bongo Ondimba dans son entourage. Dans cette optique, plusieurs dossiers sont actuellement diligentés par la fameuse HAPLUCIA.

Les barons qui seront ciblés par cette opération mains propres risquent de se retrouver dans cette nouvelle prison à Kazaboua-Agombio surtout que plusieurs cellules VIP sont construites à l’intérieur. Il n’est donc pas exclu que parmi ceux qui se sont vachement enrichis et se battent actuellement pour la réélection frauduleuse de Faure Gnassingbé, certains se retrouvent demain à Agombio loin de leurs familles, leurs résidences de luxe, leurs maitresses, leurs milliards et leurs voitures de luxe.

En attendant que ces informations se confirment, il impérieux que les organisations des droits de l’homme, les politiques et les leaders d’opinion s’insurgent et alertent l’opinion nationale et internationale sur le danger de la réouverture de cette prison, symbole des pires formes de traitement inhumains et dégradants. Que ferait l’opinion internationale si d’aventure un dirigeant allemand ou polonais choisit de rendre opérationnel le camp Auschwitz ou les goulags? Agombio était un goulag sous les tropiques, et ne serait-ce pour ça, il est impensable qu’on puisse rouvrir cette prison.

L’Alternative

Source : Togoweb.net