Les travaux de rénovation de l’aéroport de Niamtougou n’ont toujours pas démarré plus de quatre ans après leur lancement. Le projet semble bloquer. Officiellement aucune raison n’est invoquée. Mais certaines indiscrétions parlent de conflit foncier.
Le samedi 23 avril 2016, en prélude au 56ème anniversaire de l’indépendance du Togo, le chef de l’Etat a procédé au lancement des travaux de réhabilitation de l’aéroport international de Niamtougou (AINTG) mis en service à partir de 1981. Le projet comprenait un allongement de la piste (actuellement de 2.500 mètres), la construction d’une clôture, la rénovation du parking avion et celle de la petite aérogare. D’un coût total de 32,640 milliards de FCFA, les travaux ont été financés par emprunt à hauteur de 85% par le China Exim Bank et 15% par le budget de l’Etat togolais pour une période d’exécution de 12 mois par l’entreprise China Airport Construction Group Corporation.
« L’aéroport international de Niamtougou est un atout majeur pour le développement économique harmonieux de notre pays. Sa modernisation répond à un besoin réel des populations et s’inscrit dans la logique des pôles régionaux de développement. Grâce aux travaux qui démarrent dès aujourd’hui, cet aéroport sera à terme en mesure d’accueillir des avions gros porteurs dans des conditions optimales de sécurité et de rentabilité. Cela favorisera l’essor du tourisme et de l’hôtellerie dans la partie septentrionale de notre pays », avait fantasmé dans son discours de circonstance le ministre des Infrastructures et des Transports d’alors, Ninsao Gnofam. « L’infrastructure est la base du développement socio-économique durable et dans cette optique, le développement des infrastructures pour le Togo constitue la principale priorité de la coopération sino-togolaise », avait ajouté, pour sa part, l’Ambassadeur de Chine au Togo d’alors, Liu Yuxi.
Mais plus de quatre ans après leur lancement, les travaux peinent à démarrer. Mieux, personne ne parle plus de ce projet. Une visite sur le site du ministère des Infrastructures et des Transports permet de mieux comprendre ce qui se passe. En ce qui concerne la réhabilitation de cet aéroport, le site affiche au niveau du contexte ce qui suit : « L’exécution de ce projet s’adapte au besoin de promouvoir le développement économique, social et de l’aviation civile du Togo. La possibilité d’un développement rapide, l’augmentation accélérée du flux de passagers et l’augmentation incessante des itinéraires de vols rendent le projet de la reconstruction de l’aéroport de Niamtougou plus impératif. La mise en pratique de ce projet exercera une importance stratégique pour le développement de l’industrie de l’aviation togolaise ». Description : « Allongement et renforcement de la piste et des taxiways de l’AINTG. Construction d’une nouvelle clôture de 15 Km, construction du bâtiment de la délégation de la SALT et construction du bâtiment de la centrale électrique ». Objectifs : « Ce projet a pour objectifs de promouvoir le développement socio-économique, de stimuler le développement de l’aviation civile du Togo, de garantir la sécurité du fonctionnement de l’aéroport, d’améliorer l’image national du Togo et le service des passagers ». Mais la suite sera très intéressante. Etat d’avancement : « Installation de chantier en cours ». Prochaines étapes : « Démarrage des travaux proprement dits ». Comme quoi depuis le 23 avril 2016, date de lancement des travaux, l’installation de chantier continue ! Pourtant les travaux étaient censés finir en avril 2017.
Selon les informations, le projet de réhabilitation de l’AINTG se heurte au sempiternel conflit foncier qui couve un peu partout au Togo. Les populations de Baga exigeraient des indemnisations conséquentes avant tout début des travaux. « Les terres nous ont été arrachées pour la construction de cet aéroport au temps fort de la dictature. Nos parents n’avaient pas été dédommagés. Aujourd’hui, on ne peut plus accepter ces coups de force. Pour être honnêtes, nous ne savons pas ce que cet aéroport nous a concrètement apporté depuis 1981. Il n’a aucun incidence sur notre vécu quotidien », confie un jeune.
En rappel, ce projet de réhabilitation de l’aéroport de Niamtougou, utilisé uniquement par Gnassingbé père et fils et leurs hôtes, avait suscité un tollé général au sein de l’opinion nationale. « Car, pendant la quarantaine d’années de sa mise en service, l’aéroport de Niamtougou n’a pas montré son utilité pour les populations togolaises. En effet, cet aéroport fait partie des opérations de prestige, lancées au début des années 1980, par feu Gnassingbé Eyadema, au plus fort du régime de parti unique RPT. Des opérations qui ont conduit notre pays à sa mise sous tutelle du FMI par le programme d’ajustement structurel », avait relevé la députée Me Isabelle Améganvi dans une question d’actualité adressée au gouvernement le 12 mai 2016. « Quelles sont les raisons qui justifient l’opportunité d’une telle opération ruineuse pour notre pays alors qu’il y a tant de défis à relever face à un manque cruel de moyens ? », avait-elle demandé. Mais seul le ministre Ninsao Gnofam s’était présenté plus tard à l’Assemblée nationale pour servir ses habituelles hâbleries.
Par ailleurs, le projet d’Asky Airlines qui opérait son vol inaugural sur Niamtougou lors des Evala 2018, n’a pas prospéré. Pour l’heure, les études ne seraient pas concluantes.
En attendant, il y a lieu de se demander si les plus de 32 milliards FCFA dont 85% sont des dettes à payer par les contribuables togolais, sont gardés en lieu sûr ou se sont volatisés.
G. A.
Source : Liberté Togo
Source : 27Avril.com