Togo, Refus des aspirations légitimes du peuple : Quand Faure Gnassingbé et le RPT/UNIR poussent à des solutions extrêmes…

0
411

Togo, Refus des aspirations légitimes du peuple : Quand Faure Gnassingbé et le RPT/UNIR poussent à des solutions extrêmes…

La souveraineté appartient au peuple, dit-on. Mais bien que le peuple togolais réclame le retour à la Constitution de 1992 et la quasi-unanimité s’est faite contre Faure Gnassingbé, les députés RPT/UNIR ne se sont pas empêchés de voter le projet de loi inique du gouvernement, ouvrant ainsi la porte à un référendum. Pendant ce temps, c’est un matraquage de l’opposition et des populations qui est organisé. Lentement, mais sûrement, le Prince est en  train de mettre en place les pions pour se cimenter au pouvoir. Mais à quel prix ? Mine de rien, ce sont l’opposition et le peuple qui sont poussés à des solutions extrêmes…

Vote du projet et référendum en perspective

Le RPT/UNIR a franchi le Rubicon mardi dernier, avec le vote du projet de loi portant révision constitutionnelle, malgré les aspirations du peuple portées par l’opposition. Les députés du pouvoir ont en effet adoubé le texte avec soixante-deux (62) pour, en l’absence des élus de l’opposition, ceux de l’Union des forces de changement (UFC) y compris, qui ont boycotté la séance ce mardi au regard de l’opacité du régime. Faut-il le rappeler, les élus du régime sont restés hermétiques aux amendements apportés par l’opposition parlementaire pour un retour à la Constitution de 1992 adoubée par le peuple.

Le projet de loi n’a pas pu réunir les 4/5 de voix nécessaires pour être adopté directement à l’Assemblée nationale. Mais avec 62 voix pour, les 2/3 sont rassemblés pour l’organisation d’un référendum, conformément à l’article 144 de la Constitution qui dispose : « Un projet ou une proposition de révision est considéré comme adopté s’il est voté à la majorité des quatre cinquièmes (4/5) des députés composant l’Assemblée nationale. A défaut de cette majorité, le projet ou la proposition de révision adopté à la majorité des deux tiers (2/3) est soumis au référendum. Le président de la République peut soumettre au référendum tout projet de loi constitutionnel ». C’est visiblement vers de telles consultations populaires que l’on tend. Le commissaire du gouvernement, Payadowa Boukpessi qui a refusé de recevoir les amendements de l’opposition parlementaire, a laissé entendre que le référendum pourrait être organisé dans quelques mois, sans autres précisions.

Comme une petite blague, la page des réformes est en train d’être tournée. A cette allure, on ne serait pas étonné que le pouvoir accélère et annonce dans la foulée une date pour le référendum. Et quelle qu’en soit l’issue (projet adopté ou rejeté), c’est le pouvoir en place qui ou plutôt Faure Gnassingbé gagnerait…

Faure et le RPT/UNIR seuls contre tous

Pour une réforme d’un tel enjeu, qui plus est une révision constitutionnelle attendue depuis la signature le 20 août 2006 et dont dépend la sortie de crise au Togo,  le bon sens aurait voulu qu’elle requière le consensus. La souveraineté appartient au peuple, dit-on, et la plus simple des choses serait que cette révision soit faite en tenant compte de  ses aspirations. Mais c’est plutôt à un diktat de Faure Gnassingbé et du pouvoir RPT/UNIR qu’on assiste.

Retour à la Constitution de 1992, c’est ce qu’exige fondamentalement le peuple togolais. Les populations l’ont clairement exprimé à l’occasion de la fameuse tournée organisée par la Commission de réflexion sur les réformes à travers tout le pays. Mêmes souhaits exprimés par les Togolais de la diaspora, à travers les manifestations organisées dans plusieurs villes d’Afrique et de l’Occident. Pour rester fidèle aux aspirations du peuple, l’opposition s’en est fait le porte-voix, réclamant le retour pur et simple à la Constitution de 1992 que les populations avaient votée à près de 100 %. Elle est ainsi allée jusqu’à retirer sa proposition de loi introduite à l’Assemblée nationale en 2016. Le plus cocasse, l’UFC qui a signé un pacte de collaboration avec le pouvoir RPT depuis le 26 mai 2010 et l’accompagnait, a aussi refusé de le suivre dans sa voie suicidaire. La société civile a épousé les aspirations du peuple et l’a exprimé au Président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza qui était dans nos murs il y a quelques jours, tout en appelant les gouvernants à en tenir compte. Les hommes de Dieu ne sont pas en reste. Dimanche passé, les évêques du Togo ont clairement demandé au gouvernement d’opérer les réformes selon les désirs du peuple. En clair, le retour à la Constitution de 1992.

En fait, Faure Gnassingbé et le pouvoir sont seuls contre tous. Mais ils se sont foutus de toutes ces positions et imposés.

Le peuple poussé vers des solutions extrêmes

C’est le moins que l’on puisse dire, avec l’état d’esprit des tenants du pouvoir. Pendant que le régime impose ses diktats, il développe un matraquage de l’opposition et du peuple déterminé à arracher sa liberté poussant visiblement les citoyens à des solutions extrêmes.

La paix, voilà le slogan de Faure Gnassingbé et de la minorité pilleuse depuis un bon moment, notamment depuis que l’opposition et le peuple manifestent et réclament le retour à la Constitution de 1992. Le pouvoir trouve qu’ils menacent la paix sociale et multiplie de son côté les manifestations pour chanter la paix : marche pour la paix, concert « touche pas à ma paix »…Mais a contrario, les gouvernants développent une psychologie de guerre, en tout cas en déphasage avec cet idéal chanté. Ils sont plutôt dans la provocation permanente, avec des manifestations organisées les mêmes jours pour contrecarrer en fait l’opposition. Parallèlement, le pouvoir veut empêcher les populations de s’exprimer.

Des plans obscurs sont concoctés dans les officines du pouvoir par les « sécurocrates », des miliciens mobilisés et des armes blanches (gourdins cloutés, machettes et autres) apprêtées pour semer la mort durant les manifestations de la coalition. Tikpi Atchadam, le leader du Parti national panafricain (PNP) qui a une part non négligeable dans le réveil actuel du peuple, est traqué. Une chape de plomb est maintenue sur les populations. C’est le cas de Sokodé où les habitants sont l’objet de terreur, et surtout de Kparatao, le village natal du patron du PNP. Dans le cadre des manifestations de l’opposition qui ont débuté hier, ce sont des contingents de militants qui y ont été déployés en masse, dans le but d’intimider les populations. Les militaires sont même passés à l’acte par endroits. Pendant ce temps, l’on sèvre le peuple de la connexion Internet afin de l’empêcher de communiquer avec l’extérieur, envoyer instantanément les images de la répression, les médias internationaux sont harcelés…

Il faut le dire, Faure Gnassingbé et la minorité pilleuse sont en train de tout prendre au peuple togolais. Et, c’est une constance, lorsque toutes les voies légales et légitimes sont confisquées à un peuple, il est indubitablement poussé vers des solutions extrêmes. C’est sans doute l’intention des tenants du pouvoir, se sachant avoir l’armée de leur côté pour mater la révolte. Mais si l’on sait comment ça commence, la fin est parfois incertaine. Il arrive que la donne change, et que le prédateur devienne le gibier…

Tino Kossi

Source : Liberté

27Avril.com