Togo : Référendum, l’autre piège à Cons !

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« C’est une bonne idée d’avoir choisi le référendum, à condition que la réponse soit oui »Valéry Giscard D’Estaing

« En aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats » ! Cette disposition phare introduite par le Constituant dans la Loi fondamentale de 1992, ne fait pas de bien aux tenants de l’ordre ancien. Ne leur en parlez pas, au risque de provoquer chez eux des AVC, tant le sujet les fait rougir.

Togo :  Référendum, l’autre piège à Cons !

Au RPT/UNIR, ils ne jurent que par « Faure Gnassingbé », leur alpha et oméga. A part lui, impossible pour ce parti de se trouver un candidat à la présidentielle de 2020 et éventuellement, à celle de 2025. Pourtant, le retour à cette constitution qu’exige le peuple suppose une restauration de la Loi en l’état, c’est-à-dire la restauration de la Constitution d’avant le tripatouillage qui n’aurait jamais dû être opéré en décembre 2002. Comme exutoire, ils évoquent déjà la perspective d’un référendum, preuve qu’ils ne se font aucune illusion sur l’issue du processus de révision constitutionnelle par voie parlementaire. Le réel enjeu de cette bataille rangée résume incontestablement l’épineux débat sur la rétroactivité ou non de la réforme envisagée.

Fort de ses 62 députés, le RPT/UNIR ne réunit pourtant pas la majorité qualifiée des 4/5è, seule condition pour valider le projet, mais a néanmoins les 2/3 requis pour soumettre le projet à la consultation populaire. Gilbert Bawara, manifestement « tête chercheuse du chef de l’Etat » sur le sujet, n’en démord pas. Si l’on peut lui concéder la légalité de sa rhétorique, l’on ne peut en revanche s’empêcher de s’interroger sur son silence lorsque suivant un modus operandi digne de mercenaires en col blanc, les missi dominici de son champion avaient violé au décès d’Eyadéma en 2005 les dispositions constitutionnelles applicables en période de vacance du pouvoir d’Etat. Un juriste qui ne retrouve du service que lorsque les intérêts de son camp sont menacés n’a rien d’un intellectuel éclairé ni éclaireur. C’est juste un mercenaire en col blanc.

Le RPT/UNIR, ce n’est un secret pour personne, n’est pas un parangon des bonnes pratiques, bref des vertus démocratiques. Lorsqu’il indique la voie juridique et préconise d’ailleurs un juridisme implacable, rigoriste, c’est qu’il est sûr d’avoir verrouillé le système. Il est sûr que son salut passera par ce référendum. Est-ce que le peuple togolais vote OUI ou NON la révision constitutionnelle conformément à la mouture RPT/UNIR, autrement dit, sans la mention « En aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats »? Ce sera en substance la question qui sera posée au peuple togolais.

Pour l’une des rares fois où le peuple togolais « himself » sera consulté sur une question d’intérêt national au-delà des joutes électorales au cours desquelles il est manipulé, bâillonné à souhait et son vote confisqué, l’initiative ne devrait pas rebuter tout bon démocrate. Mais le hic, c’est que la procédure comporte deux grands risques : d’abord le défaut de clarté et de crédibilité du fichier électoral. Il est en effet au cœur de toutes les intrigues et manipulations. Nul doute que sur la base d’une telle donnée, les résultats du référendum refléteront tout sauf la volonté populaire. Deuxième piège que comporte ce mécanisme, la caporalisation, l’instrumentalisation voire la clochardisation des institutions en charge de la gestion des consultations électorales et référendaires. Le tandem Taffa Tabiou-Abdou Assouma a toujours roulé pour Faure Gnassingbé. Il ne présente donc aucun gage de crédibilité. « Semel malus, semper malus » (ndlr : mauvais une fois, mauvais toujours).

Au soir ou aux lendemains du référendum, ce sera sans surprise que le OUI l’emportera. Ce que récite Gilbert Bawara telle une litanie, c’est donc un piège à Cons. Il ne reste plus qu’au peuple d’intensifier la mobilisation notamment les 20 et 21 septembre, et aux leaders de l’opposition de rivaliser d’imaginations pour l’heureux aboutissement de la lutte. Sinon, pour atteindre la terre promise, demain n’est pas la veille.

Meursault A.

Source : Liberté

27Avril.com