S’achemine-t-on vers la fin du calvaire des victimes de l’incendie du grand marché de Lomé ? C’est trop tôt pour le dire. Mais une chose est sûre, le processus de reconstruction de ce marché incendié en janvier 2013, à cause de la méchanceté humaine, a débuté. Un appel d’offres restreint a été lancé en date du 12 septembre 2019 par le gouvernement togolais et ce sont vingt-deux milliards de FCFA que vont coûter les travaux. Bonne nouvelle a priori pour ces nombreuses femmes victimes de cet incendie dont les vrais auteurs et commanditaires courent toujours les rues.
Le processus de reconstruction lancé
C’est à travers l’avis d’appel d’offres international restreint n°001/2019/CAB/PM intitulé Projet de reconstruction du grand marché de Lomé et signé de la Personne responsable des marchés publics (PRMP), le Directeur de Cabinet du Premier ministre Simféitchéou Pré que le processus est lancé en date du 12 septembre 2019. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 29 octobre 2019 pour soumissionner, date à laquelle aura lieu l’ouverture des plis. Les travaux vont coûter la bagatelle de vingt-deux milliards (22 000 000 000) de FCFA, des fonds disponibles sur le budget de l’Etat.
Les travaux de reconstruction inclus dans cet appel d’offres sont subdivisés en quatre (04) lots : installation de chantier, terrassements, gros œuvres (fondations-maçonneries-bétons), voirie et réseaux sous-ouvrages, étanchéité et protection d’étanchéité ; secondes œuvres : sols-peintures-plafonds et faux plafonds-planchers techniques-espaces verts, cloisons ; réseaux : courants forts et courants faibles-photovoltaïques-plomberies, climatisation-VMV, appareils élévateurs-mise en sureté ; menuiseries : bois-aluminium, menuiserie intérieure-métallurgie-serrurerie-charpente et couverture-menuiseries extérieures-habillages des façades. Le délai d’exécution est de seize (16) mois pour chaque lot.
Cet AAOR s’adresse en fait à dix-sept (17) entreprises. Parmi elles, des nationales dont le Consortium des entreprises tropicales (CENTRO), la Grande entreprise routière (GER-TP), la Société togolaise d’étanchéité et de carrelage (SOTEC), Midnight Sun (MNS), mais aussi internationales à l’instar de Sogea Satom, Eiffage, China Airport Construction Group (CACC), International bulding and management (IBMA), Wietec, entre autres. Elles ont la possibilité de soumissionner à un ou plusieurs lots à la fois. Il est prévu une visite du sitele 27 septembre prochain pour les entreprises retenues dans la liste.
Conditions particulières, ces entreprises doivent être en règle vis-à-vis de l’administration publique, avoir réalisé un chiffre d’affaires annuel moyen au cours des trois dernières années (2016, 2017 et 2018) dont le montant représente au moins une fois celui de l’offre, disposer d’une ligne de crédit au moins égale à 0,5 fois le montant de l’offre, avoir réalisé au cours des dix dernières années en tant qu’entreprise principale au moins deux projets de nature, de taille et de complexité similaires aux travaux objet du présent appel d’offres restreint, justifier de la disponibilité du matériel nécessaire, proposer un personnel clé expérimenté.
Bonne nouvelle (a priori) pour les victimes
Ce n’est pas encore la fin du calvaire pour les victimes de l’incendie du marché d’Adawlato dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013. Leurs calvaire et attentes durent depuis bientôt sept (07) ans. Mais le lancement de cet appel d’offres restreint doit être un soulagement certain pour ces bonnes femmes qui avaient espéré au plus vite cette reconstruction, en vain.
Pour se faire plus entendre, ces bonnes femmes s’étaient regroupées en association, l’Association des sinistrés des marchés du Togo (ASSIMAT). A chaque triste anniversaire de cet incendie, elles ont lancé des appels de détresse aux gouvernants. Mais leurs cris sont tombés dans des oreilles de sourds. Après quelques miettes de dédommagements ou plutôt d’aides comparables à ceux que le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) a offerts aux victimes des violences meurtrières de 2005 perpétrées par le régime RPT/UNIR pour permettre la succession dynastique au trône, elles ont été abandonnées à leur triste sort, malgré toutes les promesses des gouvernants qui, au début, avaient joué les plus affligés du monde sur leur sort.
Ces bonnes femmes étaient parquées sur le site du marché d’Agbadahonou ; mais c’était en fait un simple largage, d’autant plus que les conditions n’étaient pas vraiment réunies pour faire de bonnes affaires. C’étaient des conteneurs servant de boutiques qui furent installés. A maintes reprises, ces victimes ont élevé la voix pour dénoncer les conditions d’exercice de leur activité sur ce site. Le sort commun, c’était la mévente. Mais leurs appels au secours n’ont jamais été entendus. Abandonnées depuis lors sur ce site et à leurs misères, beaucoup d’entre elles sont mortes de soucis. Celles qui ne le sont pas, ont choppé des AVC et luttent contre la mort. Face à l’indifférence notoire des gouvernants, elles ont fini par se résigner et se résoudre au silence. Le lancement de cet appel d’offres restreint, qui donne en fait le coup d’envoi du processus de reconstruction du bâtiment central de ce grand marché de portée régionale, devrait ramener un tant soit peu à la vie ces victimes.
La reconstruction, faut-il le rappeler, devrait débuter depuis deux ans et coûter (seulement) sept (07) milliards de FCFA, selon un premier budget établi. Mais ce chiffre a été porté au triple suiteaux études architecturales et de maîtrise d’œuvre. « Le problème de financement a bloqué le lancement de l’avis d’appel d’offres. Initialement évalué à environ 7 milliards de francs Cfa, le coût de la reconstruction du marché de Lomé s’est chiffré à environ 22 milliards de francs Cfa suite aux études architecturales et de maîtrise d’œuvre qui ont pris aussi en compte les observations de tous les acteurs », relevait le rapport de l’étude du budget 2017. Cette hausse était motivée par la prise en compte, par l’étude, des mesures sécuritaires, sanitaires et environnementales, mais aussi des aspects techniques du nouveau bâtiment. Le nouvel immeuble attendu devrait être plus haut que l’ancien au regard de l’exiguïté de l’aire de construction, et de cinq (05) niveaux comprenant le sous-sol devant servir de parking et de locaux techniques, le rez-de-chaussée pour la distribution populaire et les locaux de sécurité, et trois (03) étages dont le premier servirait à la grande distribution, le second de centre de négoce et le dernier dédié aux services et technologies.
Les victimes ne peuvent que souhaiter que les travaux commencent et avancent vite afin de retrouver dans les meilleurs délais leur lieu préféré d’activités. Cette reconstruction clôt aussi indirectement ce dossier d’incendie du marché. Mais quid des (vrais) pyromanes et de leurs commanditaires pourtant bien connus ? Question pour un champion.
Tino Kossi
Source : Liberté
27Avril.com