Togo : Qui sont ceux qui ont honte de se présenter aux élections locales sous l’identité de leur parti?

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Le sort d'une effigie de Faure Gnassingbé et de son parti RPT-UNIR | Archives : DR

« Nous savons ce que nous sommes quand nous voyons ce que nous avons fait ». Pierre Drieu La Rochelle, dans Le Chef, nous montre la réplique des peuples martyrisés. Ils allument la peur aux ventres des bourreaux. Les peuples s’éveillent avec le tranchant de leur conscience sans lire une admiration dans les yeux des tortionnaires qui leur ont longtemps courbé la tête. La souffrance est une école qui contraint les hommes qui portent ce fardeau à l’exigence de libération. Quand les lacérations des cœurs sont profondes, la mémoire récite d’elle-même la cruauté des événements sans omissions particulières.

Les serres de privations et de déshumanisation des masses laissent une histoire vive dans l’âme de la République. La haine des peuples dérive de leurs souvenirs obsédants, parce que les traumatismes des horreurs demeurent collés dans les profondeurs de l’esprit des populations. Leurs craintes sont permanentes ; les rechutes les hantent. Elles sont profondément portées vers de nouveaux horizons, une espérance et une expérience de soulagement pour échapper aux fantômes des férocités perverses. Les êtres chers perdus et les blessures de l’âme ont un effet de rejet que ne supportent jamais les tortionnaires, les hommes de main des princes barbares et tous leurss accompagnateurs de connivence.

Aujourd’hui, plusieurs commerçants de la dictature locale veulent se camoufler sous des manteaux d’indépendants pour solliciter le suffrage des Togolais dans le voisinage de leurs quartiers, de leurs communes où presque tout le monde se connaît. La mauvaise conscience nous rattrape parce que les chaînons de notre vie ne sautent pour se perdre et tronquer le regard des observateurs de nos actes.

Au rendez-vous de l’histoire, tout revient aux peuples dans leur entièreté parce qu’ils ont une mémoire, une personnalité, une âme. Cette mémoire de vérité et du jugement est l’encre de droiture qu’utilisent les peuples dans les pages de leurs souvenirs.

La délinquance comportementale a son intelligence sale que perce le regard des populations. Ceux qui croient que la politique est la culture du faux et du matraquage publicitaire sont bien démasqués dans leurs identités de substitution aux élections locales. Ils se sont longtemps trempés dans les coups tordus et dans l’enrichissement illicite et veulent se faire blanchir sous de nouvelles appellations pour bénéficier des faveurs des collectivités qu’ils ont si longtemps embrigadées dans l’horreur.

Est-il possible de déjouer la vigilance de nos collectivités locales par des badigeons grotesques des identités rebutantes et hideuses?

1) Le devoir de service et de probité

Chaque acte de bien sert d’abord son auteur avant d’apporter un soulagement à autrui. La satisfaction morale est un autre sens du bonheur, peut-être, le plus édifiant qui dépasse de loin le gain matériel. La puissance civique qui sous-tend le service de l’humanité accompagne la félicité.

Le mal que nous faisons a toujours de rebonds contre nous-mêmes, dans l’immédiateté, dans un futur proche ou au moment où nous y attendons le moins. C’est pour cette raison que Albert CAMUS, dans La Chute nous laisse cette pensée : « N’attendez pas le Jugement dernier. Il a lieu tous les jours ».

Quand on voit aujourd’hui comment certains de nos compatriotes croient se camoufler sous de fausses identités pour quémander le suffrage de nos collectivités locales, ils sont à plaindre pour leur manteau de dentelles. La racaille politique à laquelle ils ont si chaleureusement adhéré les pique de risée ambulante qu’ils supportent mal au point de changer leur identité d’apparentement politique dans nos cités de rejet des pourritures politiques.

Il n’y a pas vraiment de quoi casser trois pattes à un canard quand l’éthique d’exemplarité fait la boussole de l’action humaine. Le choix de candidature indépendante élève les grands hommes qui ont tissé avec le peuple une histoire commune, une confiance ou ceux qui ont réussi à tricoter une renommée qui suscite un pacte d’attachement. La conscience collective a le sens des étalons et des modèles. Mais, lorsqu’on sort de l’histoire avec de gros dégâts dont les impacts abîment le cœur des populations, il n’y a que le brouillage qui peut servir de moyen pour regarder en face les victimes qu’on a faites, treize à la douzaine.

La tactique lugubre du manteau des indépendants n’efface pas du tout l’offense et n’apaise pas non plus le feu de l’adversité populaire dans nos cités hostiles au banditisme politique et aux truanderies électorales. Peut-être, les législatives de nomination des députés ont-elles donné l’arôme à la pagaille. Ce visage du Togo n’est que de la délinquance politique qui n’a pas trop de chance d’une récidive aux locales où les résultats sont bien connus d’avance dans chaque commune ou circonscription électorale et dans chaque centre de décompte des voix.

C’est bien triste de fonder une candidature indépendante sur des falsifications d’identité de filiation avec une espérance de forcer les résultats par des mains de la délinquance électorale. Ceux qui ne savent pas s’assumer ne sont franchement d’aucune dignité et leur fierté perdue ne peut leur imprimer le sens de l’honneur, du travail, du service public dans la plénitude du terme.

Nos communes cassées par des délégations spéciales de la pire espèce ont besoin de vrais patriotes pour les rendre attractives, aimantes et aimées. Ce ne sont pas les paresseux de tous crins et les malpropres aux casseroles multiples protégés par le parapluie de l’impunité qui retrouveront, comme par miracle, l’éthique de responsabilité pour donner un fouet de solidarité à nos collectivités aux fins de les sortir de l’hécatombe. André GIDE, dans Les Nourritures terrestres nous apprend : « Ne peut rien pour le bonheur d’autrui celui qui ne sait pas être heureux lui-même ». C’est dans la générosité de l’effort qui rend forts les hommes que se construit le leadership. Le travail bien réussi nous apporte forcément une puissance tranquille au fond de notre conscience qui nous sourit. Comment le vol, la tricherie, les détournements et les faveurs monstrueux peuvent-ils procurer à l’homme une tranquillité de conscience et une autosatisfaction ?

On ne peut pas sortir de l’histoire commune d’un peuple et des collectivités avec une infinité de combinaisons fausses et des connivences meurtrières pour soudainement retrouver la force des initiatives heureuses. Il est toujours plus facile de faire ce que l’on est que d’imiter ce que l’on n’est pas. Les faux-indépendants doivent savoir que les Togolais ne sont ni des idiots, ni des gueux pour leur accorder leur confiance.

2) L’autre facette de la délinquance électorale

Ceux qui ont accaparé les richesses de notre pays et qui sont d’un sadisme légendaire cherchent en toutes les circonstances des alliés de misère. Ils sont prêts à des torpilles des voix populaires.
Après trente-deux ans d’un record aussi triste dans l’abîme de nos collectivités, ils organisent sous une pression nationale et multilatérale enfin des élections locales avec une stratégie de sabotage de la soif de nos populations acquises au changement heureux de leur environnement et à l’engagement de gestion bénéfice des ressources de la République. Ce que le régime appelle CDQ (Comités de Développement des Quartiers) dont la quasi-totalité n’est surtout pas visible dans nos voisinages sont invités au banquet de la diversion aux fins de noyer la grande joie d’alternance politique à partir de la base, c’est-à-dire, des élections de proximité. Ceux qui sont gavés de récompenses imméritées, de fortune pour porter un coup d’arrêt au changement et à l’alternance politique sont bien connus par nos collectivités. Ils sont dans le viseur du peuple, parce qu’ils sont d’une autre délinquance de proximité méprisée royalement nos concitoyens.

Si l’alternance politique culmine à 85% des aspirations les plus vives de nos collectivités locales et de nos populations, la vigilance de nos concitoyens se décuple dès que des facteurs d’obstructions sont produits contre le grand élan de changement si manifeste en eux et si pur dans leurs choix.

Le régime RPT/UNIR n’est d’aucun secret pour les Togolais. Ils savent que tous ceux qu’il approche se pourrissent d’eux-mêmes en idée, en objectif, en action, en service qu’il sollicite d’eux. Les grands desseins ne viennent jamais des gens corrompus et des médiocres supérieurs avides de fortune par la rapine. Nous savons avec Charles MAURRAS dans La Dentelle du rempart que : « Quand un régime tombe en pourriture, il devient pourrisseur : sa décomposition perd tout ce qui l’approche ».

Aucun parti politique, aucune organisation de vocation indépendante ne s’est liée de fixation avec le RPT/UNIR pour un frémissement heureux de ses objectifs. Les Indépendants suscités par ce régime sont dans le grand du basculement dans les ravins de l’histoire. Ce peuple est lucide et le demeure ; il sait dormir les yeux ouverts comme un crocodile.

Les collusions, les trahisons et les compromissions mettent les peuples de combat en rage. Ce n’est pas Gilchrist OLYMPIO qui démentirait la force tranquille des Togolais à réprimer les traîtres et tous ceux qui se jouent d’eux. Les élections législatives du 20 décembre avec un taux record de boycott à plus de 80% et aux abstentions fleuves nous confortent dans l’idée que le dédain national pour les faux-indépendants aux locales va incinérer tous les sales prétentieux qui se moquent de l’intelligence de notre peuple.

Qui veut contrarier la raison d’un peuple perd le latin. Qui tente de le flouer développe sa réplique et qui s’obstine à le maintenir dans les serres allume en lui le feu de l’adversité et du combat. Les petits esprits n’ont surtout pas de principes sains pour voir le présent et les catastrophes venir de l’horizon. Ils se cramponnent aux petits projets exhibés pour flamber leur crédibilité. Ils sont vite démasqués dans leurs manœuvres puantes sous lesquelles les peuples ne peuvent pas s’étouffer. Une chose est de susciter des candidatures indépendantes, une autre chose est d’approuver leur validité par un aval populaire. Ce que le peuple togolais veut pour ceux qui sont aptes à le représenter, c’est la hauteur.

Source : L’Alternative No.804 du 11 juin 2019

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