« Ni les chaînes de la dictature ni les chaînes de l’oppression ne peuvent maintenir longtemps les forces de la liberté » (Angela Merkel)
En 2017, Faure Gnassingbé a été au cœur de l’une des plus graves crises de son régime. A l’instigation du Parti National Panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, des milliers de Togolais étaient descendus dans les rues à travers tout le pays pour réclamer, des mois durant la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Pris de court par l’ampleur des manifestations qui ne désemplissaient pas, le régime a dû utiliser les grands moyens, surtout recourir à l’armée qui a réprimé dans le sang les manifestations.
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Mais plus de trois ans après, Faure Gnassingbé et les siens peinent à digérer cette crise sociopolitique qui avait ébranlé le pouvoir. Ces manifestations leur rappellent un tel mauvais souvenir qu’ils jurent par tous les saints qu’elles ne se reproduiront plus. A l’époque, c’est Faure Gnassingbé lui-même qui était monté au créneau pour accabler Tikpi Atchadam et son parti de tous les maux, notamment d’être sous l’influence de réseaux islamistes radicaux.
« Nous sommes en Afrique de l’Ouest, où sévit un arc de crise terroriste qui va du Mali au lac Tchad. Quand on voit au Togo, lors des manifestations, des gens brandir des kalachnikovs, quand on entend des imams appeler à l’émeute dans certaines mosquées, quand on exige des forces de l’ordre de réciter des versets du Coran pour avoir la vie sauve, cela interpelle. Surtout lorsque le parti à l’origine de ces manifestations est d’apparition soudaine et que ses circuits de financement sont opaques », avait déclaré Faure Gnassingbé.
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Puis il va stigmatiser la ville de Sokodé, région d’origine de Tikpi Atchadam et épicentre de la contestation : « La région de Sokodé, berceau du PNP, est fortement islamisée. Des armes circulent. Une poignée d’imams radicaux tente d’enflammer les esprits en lançant des appels au jihad contre l’armée et les familles des militaires ».
Le régime va se servir du fallacieux prétexte du péril islamiste et antisémite pour assiéger Sokodé et Bafilo en y déployant d’impressionnants matériels de guerre, des militaires et des milices qui vont perpétrer des violences inouïes sur les populations. Les accusations de jihadisme, d’islamisme ou encore de terrorismes portés contre le PNP et ses responsables dans le but de les discréditer aux yeux de la communauté internationale, n’ont pas résisté au temps.
Aujourd’hui encore, Faure Gnassingbé et ses apparatchiks nourrissent des récriminations. Christian Trimua, ministre des Droits de l’Homme et porte-parole du gouvernement jure qu’il n’y aura plus de 19 août au Togo. «Toute nouvelle tentative de réédition du Mouvement du 19 août 2017 aura une réponse adéquate. Il n’y aura plus de 19 aout 2017 au Togo. Le pays doit avancer sur la voie du développement », a-t-il déclamé. C’est quand même curieux qu’un ministre des droits de l’Homme fasse l’apologie de la violence, de la répression au lieu de prendre l’engagement d’œuvrer à la promotion des droits de l’homme et aux libertés publiques garanties par la Constitution togolaise.
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Le combat qu’avaient mené les Togolais à l’époque n’avait d’autre but que de permettre à notre pays de connaître une vie démocratique normale. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le régime de Faure Gnassingbé sera toujours contesté tant que les gouvernants ne changeront pas de mode de gouvernance. Le Togo ne saurait se singulariser dans l’espace ouest-africain. Plus de 53 ans d’un régime oligarchique de père en fils où toutes les institutions de la République sont verrouillées au profit d’une seule famille et où le bulletin de vote n’a plus aucun sens, voilà le système que ne veulent plus les Togolais.
Que Christian Trimua le prenne pour dit, tout régime de répression porte toujours en lui les germes des contestations.
Médard Ametepe
Source : Liberté N°3251 du lundi 12 octobre 2020
Source : Togoweb.net