Alors qu’elle est impliquée dans des scandales de corruption en Afrique du Sud et placée sur la liste noire des sanctions des Etats Unis, la fratrie d’hommes d’affaires, des Gupta est dans de bonnes grâces au Togo. Et cette riche famille indienne est en passe de faire la main basse sur l’économie du pays.
Lire aussi : Togo : la privatisation, ce couteau à double tranchant très prisé par Lomé 2
Après les indépendances et en l’absence d’acteurs économiques nationaux de premier plan, l’Etat s’est substitué en consacrant d’énormes investissements dans les secteurs à fort potentiel de développement. Mais face aux nouvelles donnes et les besoins de plus en plus croissants, la stratégie a consisté à la privatisation des sociétés étatiques pour faciliter une meilleure gestion et plus d’efficacité.
Ainsi, l’économie togolaise a amorcé depuis quelques années, un passage des mains de l’Etat à celles des groupes internationaux, dont certains d’Afrique. Et si l’objectif est noble, il vire cependant à une concentration de l’économie du Togo dans les mains des mêmes groupes internationaux, dont certains, fortement remis en cause sous d’autres cieux. Que ce soit le secteur industriel, agricole, énergétique, des infrastructures routières et de l’hôtellerie, tout semble passer aux mains des Gupta au Togo.
Une razzia au Togo…
Au commencement, l’hôtel 2 Février. Les Gupta ont fortement participé à sa réhabilitation. Si la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) permettra à terme de créer plus de 25.000 emplois, elle reste leur propriété à travers Arise IIP. Aujourd’hui, le coton qui est le premier produit d’exportation agricole du Togo, est aux mains de la dynastie indienne grâce au Groupe OLAM, actionnaire majoritaire de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT). A part le coton, la dynastie est aussi actionnaires du Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA).
Lire aussi : Attestations de personnes à prévenir : une odieuse supercherie ?
Au Togo, les Gupta sont aussi présents dans l’énergie solaire avec à la clé, la centrale solaire de 50 MWc mis en service le 22 juin 2021 par Jakson Group à Blitta. Aussi, ont-ils en charge la construction de l’autoroute de l’Amitié (Lomé-Cinkassé) par Arise IIP.
Ainsi, la dynastie Gupta détient des pans entiers de l’économie du Togo, en si peu de temps. Apparemment, l’appétit vorace de Gagan Gupta est insatiable et rien ne semble l’arrêter sans sa volonté de devenir le nouveau maitre du marché africain, après le règne du français Vincent Bolloré, actuellement au creux de la vague suite à des scandales de corruption.
…comme au Gabon
« Gagan [Gupta], c’est le genre d’homme qui rentre dans votre bar et qui, au lieu de vous demander le prix du verre, veut savoir combien vous vendez les murs, raconte un Français habitué des milieux d’affaires de Libreville. La différence avec les autres, c’est que ce n’est pas de l’esbroufe. Le lendemain, le bar est à lui », confiait un concurrent d’Olam Gabon à Jeune Afrique.
Si l’on ne dispose pas d’assez d’éléments ni de faisceau d’indices pour prétendre que Gagan Gupta use de manœuvres de corruption à la « Bolloré », Gagan Gupta est tout au moins aussi vorace que le Français. Selon des informations, les Bolloré bien que générant d’importantes ressources, contribuent peu à l’économie togolaise ; la faute à ces exemptions fiscales qui leur permettraient de rapatrier soigneusement leurs gains en France ou ailleurs. La stratégie de Gagan Gupta ne devrait pas être éloignée de celle-là. C’est, de toute vraisemblance, la principale raison qui a poussé récemment la délégation du Fonds Monétaire International à pointer du doigt les exonérations fiscales accordées à la galaxie des Gupta. Ce qui semble indiquer des avantages fiscaux exceptionnels, voire dérogatoires au Code des Investissements.
Lire aussi : Togo : ce gangster qui dirige un réseau de braquage de voitures depuis sa prison
« Le rapport de Mays Mouissi souligne qu’Olam Gabon n’a contribué qu’à hauteur de 0,08 % des finances publiques sur la période 2012-2017. Une anomalie que ses concurrents expliquent par la relation privilégiée nouée avec le président », rapportait le site d’information panafricain Jeune Afrique. Quasiment rien, comparé aux investissements réalisés sur la même période par Olam Gabon. Or, si Gagan Gupta jouit, d’après ses détracteurs, d’une telle proximité avec Ali Bongo Ondimba au point de lui permettre de s’affranchir des règles… fiscales notamment, la similitude avec le Togo où il bénéficie des mêmes relations auprès de Faure Gnassingbé est très vite établie. Ceci, d’autant plus qu’il existe une relation triangulaire Ali Bongo Ondimba – Gagan Gupta – Faure Gnassingbé.
Par ailleurs, autant c’est un secret de polichinelle que la Zone Economique Spéciale de Nkok réalisée et aménagée par Gagan Gupta au Gabon est le modèle dont se sont inspirées les autorités togolaises pour concevoir la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA), autant l’attribution de cet ouvrage au même investisseur interroge par rapport aux exonérations fiscales accordées par Lomé.
En attendant d’en savoir plus sur les contours fiscaux entourant les « deals » entre les Gagan et l’Etat togolais, il semble urgentissime de tirer la sonnette d’alarme sur des manœuvres visant à compromettre les intérêts de l’Etat togolais, fût-ce au nom d’une certaine politique d’industrialisation, estiment certains opérateurs économiques qui voient d’un très mauvais œil ces pratiques. Alors qu’eux, boivent jusqu’à la lie, le calice de l’Office Togolais des Recettes (OTR).
Source : Togoweb.net