Togo / Politique : Pouvoir et Opposition, le serpent à trois têtes

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Tout champ politique défini est occupé et animé aussi bien par le pouvoir et ses adversaires traditionnels que constituent les opposants ou l’opposition dans son ensemble.

Le Togo n’échappe pas à ce domaine de définition. Tout comme le parti au pouvoir et l’opposition, il existe des militants, des sympathisants, des acteurs premiers, des dévoués, des convertis, des convaincus mais, aussi des profiteurs, des opportunistes fieffés, etc. C’est dire qu’en considérant les échantillons des adeptes aussi bien de l’opposition que du parti au pouvoir, il existe trois (03) catégories de militants : ceux qui critiquent, ceux qui proposent et ceux qui agissent. Bref, le serpent à trois têtes.

L’existant au sein de l’opposition

Dans la plupart des partis de l’opposition togolaise, à bien les suivre et scruter leurs actions sociopolitiques et leur fonctionnement, nous pouvons sans grand risque de nous égarer, affirmer que l’opposition togolaise souffre du phénomène de serpent à trois têtes ; Au sein donc des partis de l’opposition, on y retrouve ceux qui critiquent, ceux qui proposent et ceux qui agissent. Si ceux qui critiquent font la majorité dans le vase de l’opposition, l’on devra se poser la question de savoir si la critique est pour eux un mode de vie ou une mode.

Ils sont nombreux à critiquer à tout bout de champ sans prendre réellement le temps nécessaire d’analyses et parfois même d’introspection. Le mode opératoire en ce qui les concerne est de critiquer avec véhémence sans pour autant comprendre exactement ceux pourquoi ils critiquent et tombent très souvent dans la diffamation, dans la gaminerie politique. Somme toute, ils s’illustrent ainsi au sein de la classe de l’opposition comme des exécutants dont la réflexion leur est interdite. Ce faisant, loin de contribuer à l’essor de leur parti politique, dont ils sont ainsi éloignés, ils se ridiculisent, rabaissent l’évolution de leur parti et définissent au grand jour ce que sont réellement leurs leaders qui très souvent se cachent derrière ces derniers et les utilisent comme des canons.

Aux côtés de ceux qui critiquent au sein de l’opposition, se retrouvent ceux qui agissent sans réfléchir et qui ne font qu’obéir à des mots d’ordre. L’essentiel pour eux, qui se cherchent pour la plupart et pensent qu’être opposants est une mode, c’est de donner satisfaction à leurs leaders et d’espérer se rapprocher d’eux, se faire connaitre pour se définir dans la société. Comme quoi, être opposant serait devenu une profession » noble » dans un contexte particulier. Et ça permet de se bomber les torses dans le quartier.

Pour clore le chapitre de l’opposition dans sa conception de serpent à trois têtes, on ne saurait occulter la catégorie de ceux qui proposent. A ce niveau, ils sont très peu au sein de l’opposition à proposer des approches de solutions pour l’évolution des choses et le bienêtre des populations, partant de leurs militants qu’ils assimilent abusivement aux populations togolaises en général.

Ce qui se passerait au sein du parti au pouvoir

Au sein du parti au pouvoir, bien souvent à la bourre pour ne rien perdre de son champ de maïs, il existe également le serpent à trois têtes. Et ici, c’est très venimeux car, en ne sachant pas se remettre en cause au plus vite et redimensionner certaines choses, on peut facilement perdre le pouvoir au profit d’une opposition qui a du mal jusqu’à présent à se définir. Dans tout parti politique au pouvoir, ceux qui critiquent ne font pas défaut.

Pour ces derniers, critiquer ne saurait signifier insulter, diffamer, se ridiculiser sur les réseaux sociaux ou en public. Ils critiquent tout en portant des gants et n’ont pas tous le culot de s’exprimer pour se faire entendre en vue de corriger les inégalités, les imperfections, les frustrations, les déceptions, les désolations, les messes de chapelles ou de quartiers politiques, bref de réseaux à multiples facettes. Mais, ils sont bien là dans le parti au pouvoir.

Cependant, ils n’osent pas soulever leur tête au risque de se faire taper dessus par leurs » supérieurs » ou » leaders » qui eux aussi s’investissent pour ne pas perdre leurs premières places et privilèges. Le risque encouru par les militants qui aimeraient bien critiquer les choses pour que ça marche bien, c’est justement qu’ils se taisent et partagent en cachette pour ceux qui le peuvent, leurs amertumes, ressentis, désolations, avec leurs adversaires politiques qui naturellement en profitent pour animer des sujets et exploiter les multiples failles existantes au sein du parti au pouvoir. Parmi le lot de ceux qui critiquent au sein du parti au pouvoir, face à leurs » gourous « , on semble imposer une » certaine discipline » de parti comme pour faire taire les gens, les militants et sympathisants. On met tout dans la notion de » discipline de parti » et libre cours donc à toutes sortes d’abus sur les militants, ce qui n’est pas habituellement une directive de leur premier responsable ou militant. On abuse des autres, on les martyrise, on les tétanise avec ce céleste slogan de discipline de parti. Comme pour insinuer qu’au sein du parti au pouvoir, point n’est besoin de s’offusquer contre les manières de conduites des choses même si abus il y a. Pour ceux qui osent critiquer au sein du parti au pouvoir, c’est presqu’un péché originel que de procéder ainsi. Même en face de brulures de feux, il n’est pas permis de dire que ça fait mal ou qu’on doit très vite éteindre le feu si feu il y a. Sacrilège donc, pour toi qui oserait procéder ainsi. Les » gourous » ne te laisseront pas tranquilles et t’auront à vie dans leur champ de tir. Bref, un élément à surveiller de très près. Et pourtant !

Et que dire de ceux qui proposent….

Même au sein du parti au pouvoir, ils sont infimes ceux qui proposent. Par peur de se faire identifier, par les » gourous » et les » leaders de l’heure » qui n’ont d’autres ambitions que de conserver leurs statuts, prestiges, privilèges, avantages et honneurs, ceux qui peuvent proposer ou proposent sont à compter du bout des doigts. Cette situation ne ferait pas du bien au parti au pouvoir qui au contraire a bien plus besoin de propositions pour remodeler les choses, motiver et booster les militants qui se reconnaitront assez facilement dans les prises de décision et dans les actions dirigées.

La loge de ceux qui agissent

S’il est établi dans la vie que le travail libère et paie, il faut se retenir dans le cas de tout parti au pouvoir, de tout affirmer ainsi. Généralement et très souvent, ceux qui agissent, qui ont le culot d’agir pour défendre les idéaux du parti, ceux qui sont ou ont toujours été au front, avec aisance et efficacité, dévouement et conviction, sagesse et dextérité, sont les très mal lotis. Et ils sont très peu ceux qui agissent véritablement à tous les degrés au sein du parti. Pour ceux qui osent le faire ou le font fréquemment, c’est la migraine, les déceptions, les désolations, les manques de considération, l’absence de reconnaissance pour travail accompli, bien accompli qui constituent leurs récompenses. Ceux qui décident ou participent aux prises de décisions au sein du parti au pouvoir, n’agissent pas toutes les fois selon les réalités pour savoir valoriser et encourager ceux qui agissent pour le bien du parti. On préfère aller chercher des » militants de la » 25ème heure » en lieu et place des militants convaincus, pour les hisser et les faire bénéficier des privilèges du parti et des positionnements stratégiques.

On n’agit pas pour le bien du parti et on sabote ainsi toutes les bonnes actions du premier responsable du parti qui n’a pas accès à tous ses militants. Et c’est bien dommage pour un parti au pouvoir de ne pas reconnaitre les efforts et actes salutaires de ses militants et sympathisants. On préfère quand tout est calme et sous contrôle de donner les dividendes des exploits de ceux qui agissent à ceux-là qui ne s’étaient jamais donnés pour la cause du parti et qui sortent subitement de nulle part, pour jouer les grands rôles.

Ainsi faisant, on démobilise et on affaiblit sans le savoir le parti au pouvoir et son président qui aucunement ne leur aurait jamais donné des instructions du genre, de ne pas reconnaitre les efforts de ceux qui agissent. Pour preuve, quand c’est chaud pour tout parti au pouvoir, rares sont-ils à être au front pour sauver les meubles. 7La plupart des profiteurs cherchent toujours des passerelles pour rejoindre le camp adverse, pour se mettre à l’abri.

Au même moment, ceux qui agissent et qui sont toujours demeurés sur les champs de combat ou de bataille jusqu’à sauver le soldat politique, ne sont pas du tout récompensés. Leur mérite n’est pas reconnu et ceci à dessein car, on préfère les maintenir dans leur état comme si eux ils n’ont pas besoin de savourer les fruits de leurs bonnes actions. Et généralement qu’est-ce qui se passe dans les états-majors de tout parti au pouvoir en procédant ainsi, en démotivant la catégorie de ceux qui agissent, on se retrouve au finish affaibli et laminé par l’adversaire politique sur tous les terrains. Et c’est en de pareilles situations qu’on s’évertue à convaincre » ceux qui agissent » à investir le théâtre de la lutte politique pour renverser les tendances ou espérer reprendre la main. Ce qui semble toujours difficile car les doses de motivation sont réduites depuis des lustres.

La question que nous nous posons, est de savoir si des esprits malintentionnés n’agiraient pas dans l’ombre pour créer des situations assez difficiles à leur président et à leur parti ? Auraient-ils pour ambition cachée, ce faisant, d’affaiblir ou de nuire à leur leader politique ? Auraient-ils d’autres agendas dissimulés ? Les interrogations demeurent et donnent vie à cette réflexion de Ligeor Nsongola : « Il y a une valeur qu’il ne faut pas perdre pour aucune raison au monde, c’est la dignité. » Et ceux qui agissent ne perdent jamais leur dignité.

Source: Le Medium

Source : 27Avril.com