« Ce qui m’intéresse, c’est la reddition des comptes. Ce n’est pas seulement au niveau du chef de l’État ou du Premier ministre, l’idée c’est vraiment de descendre au plus bas pour que même le responsable au niveau de la communauté rende compte à sa population » (Victoire Dogbé).
Au Togo, les gouvernants ont toujours fait croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Surtout dans le domaine de l’agriculture, l’ancien ministre et inoxydable Directeur de l’Agence nationale de la sécurité alimentaire (ANSAT), Col Ouro-Koura Agadazi, pour appuyer la fameuse Révolution verte, version Faure Gnassingbé, et faire croire que le Togo aurait réalisé l’autosuffisance alimentaire, a depuis des années, claironné sur tous les toits que notre pays a atteint des excédents alimentaires et une amélioration des taux de couverture. Avec parfois un volume de production dépassant un million de tonnes pendant certaines saisons. Et notre pays se permettait d’exporter ces excédents vers les pays de l’hinterland.
Aujourd’hui, avec la crise mondiale, notamment les effets conjugués du Covid 19 et de la guerre en Ukraine et du réchauffement climatique qui impactent considérablement l’économie mondiale et le pouvoir d’achat des ménages, des experts annoncent une crise alimentaire en Afrique de l’Ouest. La région ouest africaine est menacée par « la pire crise de sécurité alimentaire et de nutrition jamais connue depuis dix ans », alerte le Progamme alimentaire mondial (PAM).
La situation « est en train de devenir incontrôlable ». « L’insécurité alimentaire aiguë ne se limite plus au Sahel : elle s’étend désormais aux pays côtiers », avertissait récemment l’organisme d’aide alimentaire de l’ONU et de la FAO. C’est ici qu’on a besoin que le Col Ouro-Koura Agadazi exhibe les excédents pour sauver les Togolais de la famine.
Le Togo est connu comme un pays essentiellement agricole, et l’agriculture représente plus de 40 % du PIB. Mais dans un rapport publié la semaine dernière, la Banque Mondiale a pointé la faiblesse de l’agriculture togolaise.
« La faible productivité agricole, le potentiel économique intact des villes togolaises, les faibles niveaux de compétitivité commerciale et de participation dans les chaines de valeur mondiales» sont les trois principales contraintes au développement économique du Togo identifiées par l’institution financière internationale. Qui exhorte notre pays à « adopter de nouvelles approches pour assurer des rendements agricoles plus solides et accélérer son processus de transformation structurelle ». Ainsi que le développement d’industries locales comme levier à la transformation des matières premières et la promotion des chaînes de valeur.
Pourtant pendant des années, la Banque Mondiale justement et d’autres organismes internationaux ont injecté des centaines de milliards dans une multitude projets et programmes gérés par les différentes personnalités qui se sont succédé au ministère de l’Agriculture. On dénombre des projets comme PNIMT, PNIASA devenu par la suite PNIASAN, PASA, PDRI-MÔ, PADAT, PDRD, PDPR-K, PBVM, PARTAM, PPAAO-Togo, FSRP/PRSA Togo, etc., des programmes qui placeraient le Togo comme le grenier de l’Afrique de l’Ouest derrière la Côte d’Ivoire pour sa bonne marche de l’agriculture, si la gestion avait été faite dans les règles de l’art.
Malgré la kyrielle de projets pour lesquels d’importants financements ont été réalisés, les Togolais ne mangent toujours pas à leur faim, les agriculteurs sont encore plus pauvres qu’avant et aujourd’hui, les prix des denrées alimentaires connaissent une flambée vertigineuse, dans un contexte de la cherté de la vie.
Comment ces programmes et projets ont été gérés ? Un audit devrait permettre d’en avoir une idée claire. Mais malheureusement au Togo, la reddition des comptes ne concerne que les autres. Pas les ministres. Et en avant la mal gouvernance chronique !
Médard Ametepe
Source: Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com