Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues de Lomé samedi, à l’appel de la coalition de l’opposition pour protester contre le régime du président Faure Gnassingbé, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Des représentants guinéen et ghanéen, pays médiateurs dans la crise qui agite le Togo depuis septembre, ont annoncé vendredi l’ouverture d’un dialogue le 15 février, précisant que tous les acteurs avaient accepté de « suspendre » les manifestations publiques. Mais les leaders de ce regroupement de 14 partis politiques ont maintenu leur manifestation.
« C’est notre droit constitutionnel de manifester. Si nous voulons manifester, nous le ferons », a déclaré Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition.
Les manifestants ont sillonné plusieurs artères de la capitale, scandant des slogans hostiles au régime, avant d’assister à un meeting.
Dans le même temps, des femmes de l’Union pour la république (Unir, au pouvoir) ont organisé une prière oecuménique « pour la paix ».
« Je n’attends rien du prochain dialogue »
L’opposition organise des marches quasi hebdomadaires qui rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de manifestants, depuis début septembre pour protester contre l’accaparement du pouvoir par une seule famille depuis plus de 50 ans. Faure Gnassingbé a succédé en 2005 à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays pendant 38 ans.
« Je n’attends rien du prochain dialogue, car le régime en place n’est pas sincère. Mais cette fois-ci, nous avons nos leaders à l??il. Ils ont intérêt à être très vigilants pour ne plus tomber dans les pièges du pouvoir », a confié Kossi Djivo, couturier.
« Moi je me méfie de ce régime, car nous avons fait trop de dialogues dans ce pays. Ils appellent l’opposition à discuter, parce qu?ils sont acculés. Mais la coalition doit insister sur les mesures d’apaisement », a renchéri Aïcha Wassiou, revendeuse à Lomé.
L’opposition a toujours exigé des « mesures d’apaisement », notamment le retrait des forces de sécurité dans le Nord et la libération de partisans arrêtés pendant les marches et lors de l’incendie des marchés de Kara et de Lomé en janvier 2013, avant de négocier.
« Esprit d’apaisement »
Dans un communiqué rendu public par le ministre ghanéen de la sécurité, Albert Kan-Dapaah, et le ministre d’Etat guinéen, Tibou Kamara, on indique que « les personnes faisant l’objet d’une détention provisoire dans le cadre de l’affaire des incendies (…) seront examinées de manière prioritaire à l’ouverture du dialogue, dans un esprit d’apaisement ».
« Le cas des autres personnes encore en détention pour des faits commis dans le cadre des manifestations publiques organisées depuis le 19 août 2017 (…) sera examiné dans le respect des procédures judiciaires ».
« Ces mesures d’apaisement ne sont pas négociables. Elles doivent être prises avant le début des discussions proprement dites », a averti Jean-Pierre Fabre.
Jeune Afrique