Togo / Pluie du 11 juin 2021 à Lomé : La légèreté de EBOMAF mise à l’épreuve

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Inondation à Lomé

Le vendredi 11 juin dernier, Lomé et plusieurs localités de la région Maritime ont été mouillées par une pluie diluvienne. Une première pluie grandeur nature, de cette année, qui a mis ménages, champs et infrastructures routières en souffrance. Phénomène naturel qui lève, une fois de plus, un coin de voile sur la légèreté de l’entreprise EBOMAF dans la réalisation de ses ouvrages.

Une pluie, une preuve de plus

D’un coup, le ciel s’est assombri. Mouvements de foule et d’engins. Qui pour prendre les dispositions idoines, qui pour rejoindre sa destination, ou encore pour se trouver un abri. Puis, c’est l’averse. Une grande pluie venait de s’abattre sur une grande partie de la région sud du pays, ce 11 juin, avec un fort impact sur Lomé, la capitale.

Des toiles décoiffées, des arbustes déracinés

Des maisons et ménages inondées…Bref, la pluie de vendredi a surpris plus d’un, avec des conséquences diverses et variées. Le constat le plus frappant reste la détresse dans laquelle se sont retrouvées nombre d’infrastructures routières, bien que nouvellement construites mais qui ont eues, au détour d’une seule pluie, un visage méconnaissable. D’Agbalepedo à «l’échangeur» d’Agoè, en passant par Avedzi et Adidogome, pour ne citer que ces lieux névralgiques, le constat est resté le même. Amère.

Le plus effarant reste les chantiers de la route Lomé-Kpalimé, actuellement en chantier dont les chaussées ont été complètement avalées. L’émotion passée avec le sentiment de solidarité et d’affection envers les sinistrés, des valeurs que l’on se doit de cultiver en de pareilles circonstances, l’objectivité et l’éveil citoyen amènent tout observateur à tourner son regard vers EBOMAF qui est l’attributaire de ces ouvrages.

Une légèreté mise à l’épreuve

En effet, c’est une évidence que le problème de canalisation constitue l’une des faiblesses constatée dans la réalisation des ouvrages de cette entreprise de Bâtiment et Travaux Publics (Btp), appartenant au richissime homme d’affaires burkinabè Mouhamadou Boukongou. Le cas fin Pavé Adidoadin en est un exemple palpable qui a fait souffrir le martyr, des mois durant, aux riverains dont les cris de détresse, couplés aux appels incessants de la Presse ont fini par faire bouger le gouvernement. Lequel a été contraint de reconfier la correction connexe de cet ouvrage à une entreprise togolaise, à coût de plusieurs millions supplémentaires pour que cette voie puisse enfin être achevée, et permettre aux riverains, après plusieurs mois de souffrances, de souffler, tant soit peu. L’on ne passera pas sous silence, l’épineuse route Mango- Tandjouaré restée, des années après toujours inachevée. Il aura fallu, là aussi les alanguissements et ras-le-bol des populations désabusées, suivis de la visite ponctuée d’injonction du premier ministre, Victoire Dogbé, au lendemain de sa nomination pour que les travaux de ce chantier reprennent. Et dans quelles conditions encore.

C’est donc dans cette situation de légèreté déconcertante constatée chez cette entreprise que la pluie de vendredi constituait un nouveau test pour EBOMAF. Malheureusement, le constat est de nouveau amer. Et tout porte à croire que EBOMAF ne changera guère. Une légèreté qui met conséquemment en danger, le colossal investissement de 214 milliards FCFA que coûte ce marché long de 120 Km, en plus des travaux de voirie à effectuer dans la ville de Kpalimé : ici encore on parle de travaux de voirie. Une situation qui n’est, en fait, que la résultante d’un clientélisme qui ne dit pas son nom, du fait du très rapprochement que d’aucuns qualifient d’ailleurs de relations incestueuses qu’entretient l’homme d’affaires burkinabè avec nombre de chefs d’État de la sous-région. Une amitié toute particulière qui lui concède, en retour, des marchés très souvent gré à gré.

Des contrats, somme toute, juteux évalués à plus de 200 milliards de FCFA en 2019 dans le cas du Togo selon nos confrères de Jeune Afrique dans une de leur livraison d’octobre 2020. Une certaine facilité qui l’astreint, conséquemment, de toute rigueur professionnelle et de toute obligation de résultats, comme cela devrait normalement être le cas.

EBOMAF, un géant au pied d’argile

En effet, selon jeuneafrique l’entrepreneur burkinabé qui a été introduit à Faure par l’ex-Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré.

Une histoire de mariage et de lune de miel qui démarre entre les deux tourtereaux en 2009 quand, Mahamadou Bonkoungou décroche les contrats de construction de quelques ouvrages, puis, l’année suivante, de gré à gré, deux projets routiers, dans le nord et le centre du pays. Début 2011, il emporte, cette fois sur appel d’offres, le chantier de réhabilitation du boulevard du 13-Janvier, à Lomé.

Des chantiers financés, informe le journal très introduit dans les Palais présidentiels, par des prêts qu’Ebomaf a contractés auprès des banques locales grâce à une garantie d’État, lequel reprend ensuite les traites à son compte. Ingénieux, ce modèle permet aux États de s’affranchir de l’aide des bailleurs de fonds internationaux très scrupuleux sur les procédures à suivre dans ce type de projets. Ce sera désormais l’une des marques de fabrique d’Ebomaf.

Voilà donc une sorte de combine qui fait aujourd’hui d’Ebomaf, un géant certes. Mais alors, un géant aux pieds d’argile. Tant ses réalisations sont sujettes à caution et manquent de professionnalisme, s’il s’agissait de gagner les marchés sur la base du mérite et les réaliser ensuite, selon les normes professionnelles requises, pour plus de résultats. Mais dame nature est là pour dévoiler aux yeux de l’opinion, tout plan machiavélique scellés entre copains et au dos des populations qui en paient l’amère l’ardoise.

Source : Fraternité / fraternitenews.info

Source : 27Avril.com