« Mieux vaut une certitude qu’une promesse en l’air » – proverbe français
Pour une douche froide, la décision de la CSET (Confédération des Syndicats de l’Education du Togo) de maintenir son mot d’ordre de grève de 48 heures à partir d’aujourd’hui en est vraiment une pour le gouvernement.
La batterie de mesures de décrispation de cette crise a été jugée insuffisante. Elaboration du Statut particulier des Enseignants et remise du document au Premier ministre Komi Sélom Klassou, augmentation symbolique de 5 000FCFA de la prime unique des enseignants à la rentrée scolaire …mais à l’arrivée, la même fermeté de la base de la CSET. Une fermeté qui se justifie amplement par l’engagement souscrit quelques mois plus tôt par Faure Gnassingbé et son attirail de rendre applicable le Statut particulier des Enseignants dès cette rentrée.
Or à l’étape où ils en sont, le document n’est pas encore examiné en Conseil des ministres ni validé comme avant-projet de statut, quitte à l’Assemblée nationale de l’adopter. Autre étape importante, le décret d’application de ce statut qui pourrait se faire véritablement désirer…si d’aventure le pouvoir parvenait à renverser le rapport de forces. En d’autres termes, le chemin pourrait être encore bien long. Quoi qu’il en soit, le constat est que le gouvernement a, – une fois encore -, manqué à son sens de la parole donnée.
Les multiples efforts de dernière minute du pouvoir auraient pu connaître un plus brillant sort si Faure Gnassingbé et collabos n’étaient pas passés champions dans l’art de roublardise. Les enseignants auraient pu sursoir à leur mot d’ordre de grève et leur accorder un délai de grâce, le temps de finaliser le processus de toute vraisemblance irréversible d’adoption du Statut particulier. Les gouvernants subissent ainsi l’effet boomerang de la roublardise et de la duperie qu’on leur connait dans les négociations tant politiques que sociales/ corporatistes.
Néanmoins, sauf insouciance au top de la partie gouvernementale, le processus normatif devrait incessamment aboutir, pour significativement améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants. Franchir ce palier reste-t-il le gage d’une année scolaire moins heurtée et plus sereine ? A priori oui.
L’entrée en vigueur du Statut Particulier devrait permettre de tourner les pages sombres de cette crise, marquée à son paroxysme par les décès des élèves Anselme Sinandaré, Douti Sinanlengue, victimes innocentes et collatérales d’une guerre qui n’était pas la leur. Avait-on besoin d’autant de développements critiques ? Pourquoi user de manœuvres dilatoires, d’intimidations et menaces, de déni de légitimité aux frondeurs avant de se décider à opter pour la démarche utile ? Que de dégâts humains et matériels dont les Togolais auraient bien pu se passer.
Mais une année académique sereine n’est pas que la résultante du bien-être psychologique et matériel des acteurs de l’éducation. Elle est, en outre, intrinsèquement liée à la situation politique. Or sur ce plan, une projection dans les court, moyen et long termes n’offre aucune perspective rassurante. La crise qui s’exacerbe entre pouvoir et opposition risque fort de déteindre sur le bon déroulement des activités académiques.
Si une éventuelle résolution (définitive ?) de la crise qui mine le secteur de l’éducation pourrait bientôt être saluée, le régime aura bien plus fort à faire pour pacifier le pays en proie à des violences avec en toile de fond des revendications politiques.
Meursault A.
Source : Liberté No.2527 du 02 octobre 2017
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