Que les hommes (du moins en ont-ils l‘apparence) qui ont la prétention de gouverner un certain pays qui est le nôtre aient à leur tête un autre homme ( lui aussi en a toute l’apparence ) désigné ou auto-désigné « homme simple », Tchalevi simplet pour les « intimes », nous pouvons le comprendre.
Nous pouvons même affirmer que ce que l’on leur demande, à cet homme simple et à son entourage, n’est pas d’être de grands intellectuels qui réfléchissent au sens des termes qu’ils emploient ou qu’ils doivent employer lorsque, d’un commun accord, ils mettent au point leurs éléments de langage. Ils ont d’ailleurs souvent fait usage de ce type d’éléments de langage pour tout justifier, tout expliquer, argumenter au sujet de tout, dans toutes les circonstances, tous les faits marquants de leur règne…
Par exemple, leurs miliciens redoutables armés de gourdins, couteaux, fusils… autorisés à opérer à même les domiciles privés des citoyens seraient des groupes d’auto-défense. Et, alors qu’ils ont eux-mêmes recouru à la CEDEAO pour les aider à résoudre un phénomène qu’ils n’arrivent pas à contrôler, malgré toutes leurs tentatives jusqu’á ce jour, ils sont prompts à déclarer partout où on veut bien les entendre qu’il n’y a pas crise dans le pays. Comme dirait le premier venu : « Contradiction, connais pas ! ». Justement, ils sont comme le premier venu, l’homme de la rue. Ils sont frustes et brutes, ils le savent. Et nous le savons aussi. Ils ne se défendront pas de l’être. C’est leur manière d’être. Parfois ils s’en vantent purement et simplement.
Certains appellent leur Champion, le plus fort de la bande « Nukpekpe » par référence à ces êtres qui, dans les contes d’horreur, font irruption sur la terre habités par des hommes, jaillissant de quelque grotte ou caverne, de leur univers que personne ne peut qualifier de demeure des humains, ces êtres dont la rencontre avec les humains est synonyme de malheur… et donc de tragédie ( meurtres, massacres de populations, arrestations de citoyens innocents, exil d’hommes, de femmes, d’enfants ayant pour conséquences toutes les souffrances imaginables, fraudes électorales répétées, violences politiques, viol des textes constitutionnels, corruption à l’échelle industrielle, plongeon dans l’obscurité…
On admettrait facilement que l’acte emblématique posé par le citoyen Habia comme d’autres du même genre qu’ont posés d’autres citoyens hier et que poseront encore d’autres demain n’effleure pas l’esprit du Nukpekpe et de ses partisans comme significatif de toutes ces souffrances du peuple. Un tel raisonnement dépasse les capacités d’esprit du Champion et de son entourage.
On le nomme aussi cadavre moral et spirituel, bien sûr. Cela dit tout. On aurait pu s’arrêter là.
Et même en conclure que quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, quelles que soient les actions qu’entreprendront les uns et les autres aujourd’hui ou demain, il ne bougera pas d’un seul iota, ne se départira pas de son entêtement à s’éterniser où il s’est installé, grâce à son géniteur à qui il a succédé, dont il a hérité le caractère, les méthodes, les habitudes, l’argent, le pouvoir, tout.
Que les vils serviteurs du simplet à esprit étroit (cela va de soi) cherchent manu militari à empêcher le député Habia de poursuivre sa grève en envoyant les forces dites de l’ordre, débarquant farouches, se voulant impressionnantes, dans toute la brutalité des gestes et des propos qu’on leur connaît, pour le déloger de l’entrée de l’Ambassade du Ghana où il avait élu domicile, cela était prévisible.
Les autorités ghanéennes, dans le souci de porter assistance à personne en danger ont envoyé un avion militaire pour évacuer Nicodème Habia qui en est à son 14 e jour de grève de la faim, vers leur pays, voisin du nôtre, pour lui prodiguer des soins. L’un des agents défenseurs et thuriféraires du régime, général de son état, a jugé inamicale cette intention des autorités ghanéennes. Une manière de dire que lorsqu’on est amis, on doit suivre et même appuyer son ami dans son intention de voir souffrir et mourir un homme sans lui porter assistance.
Que le simple d’esprit, Tchalevi simplet, refuse, sous le prétexte que son pays est souverain (en fait il voudrait dire qu’il est lui-même le souverain du pays), cela aussi est dans la logique du simplet en question.
Mais, le grand problème, c’est par exemple lorsque les amis du simplet, du cadavre, du Nukpekpe dont le nom même signifie « tragédie » pour la communauté des humains, se mêlent de faire de l’esprit en déclarant tonitruants que cette grève de la faim entreprise par l’ex-député Nicodème Habia est une comédie.
Or, justement, Nicodème Habia par cette grève tente de nous sensibiliser et d’attirer l’attention du monde entier sur notre tragédie nationale sous le clan Gnassingbé depuis plus de cinquante ans qui devient intenable. Le spectacle, pour le Nukpekpe et son clan, paraît si amusant, eux qui sont habitués à faire mourir et à voir mourir qu’ils évoquent le cas d’autres grèves de la faim qui ont duré cent jours !
Un des procédés du comique est l’exagération. Dans la recherche effrénée et désespérée d’éléments de langage pour banaliser les actes posés par des opposants qui les gênent réellement, le Nukpekpe et sa troupe jouent simplement dans un drame burlesque, ubuesque.
Alors, cela ne sert plus à rien de parler de cynisme à propos de nos personnages. Ils sont bien dans leur univers. Quel univers, voudriez-vous me demander ?
Tenez ! Vous avez oublié : nous nous trouvons en face d’une scène dominée par un cadavre moral et spirituel et ses acolytes. Il n’y a qu’une solution si on ne veut pas qu’ils continuent à polluer l’atmosphère : les dégager.
Sénouvo Agbota Zinsou
27Avril.com