En tant que président de Cadre Permanent de Concertation, nous avions mis la lutte contre la vie chère au premier niveau de nos objectifs. Tout récemment, le gouvernement nous avait fait savoir que des initiatives étaient en cours et que nous allions les découvrir. C’est chose faite à présent.
Pour commencer, c’est bien que le gouvernement soit conscient que le phénomène de vie chère prend les Togolais à la gorge.
Je vais rapidement commenter les propositions une à une.
1: Remboursement de l’avance d’un mois de salaire accordé aux fonctionnaires. C’est une bonne nouvelle pour les fonctionnaires. Sachant qu’ils ont commencé à rembourser depuis janvier, je suppose que c’est les 4 mois qui vont leur être remboursé et il vont retrouver leur salaire initial à partir du mois de mai, puisque avril a déjà été payé. C’est bien, sauf que les fonctionnaires font au maximum 60 000 personnes, soit 0.75 % de la population togolaise, et 1,5% de la population active. L’impact est plus symbolique que majeur. Mais il faut tenir compte des retombées indirectes, des personnes qui sont prises en charge par les fonctionnaires. Mais même si on monte à 5%, ça reste relatif.
2: Suspension pour trois mois du paiement des taxes dans les marchés. Personnellement, cela m’étonnerait que les effets soient perceptibles ni sur l’inflation, ni sur la valorisation du panier de la ménagère. Le prix de ces tickets oscille entre 25 et 100 f suivant les marchés, mais ceux qui les payent font des activités commerciales et je n’ai pas l’impression que ces gens se plaignaient particulièrement du prix de ces tickets, sauf la dame qui a massacré les agents au couteau à adidogome. Dites moi.
3; plafonnement du prix des produits locaux et importés. C’est de loin la meilleure proposition mais qui sera très difficile à mettre en œuvre. Nous sommes dans un système libéral. Si le prix du maïs monte à 1000f, pourquoi le gouvernement peut dire à un paysan vendre le sien plutôt à 600 ? Et si les commerçantes refusent, on va leur faire quoi ? Le marché se régule suivant la loi de l’offre et la demande. Des gens sont allés acheter le maïs à 700 f à Anié pour revendre à 900 à Lomé. Qui va les obliger à revendre moins cher ? Pire, quand on parle du bol à 2,5 kilos, il y a erreur. Le bol de Adéticopé par exemple fait 3 kilos. On en peut pas fixer le même prix. C’est pour ça que les descentes sur le terrain sont importantes.
Pour les produits importés, on peut contrôler les prix dans les magasins et boutiques où les prix fixes sont affichés, mais dans les marchés où on marchande sur tout, il faut oublier les histoires de contrôle. Albarka c’est Albarka. A mon avis, les retombées seront faibles.
4: baisse de 2 points sur les taux d’intérêt des produits fnfi et 4 points pour les zones les plus reculées. C’est de loin la meilleure mesure car c’est les plus pauvres qui sollicitent les services fnfi. Sur un prêt de 30 000, c’est 600 f de moins à renbourser et ce n’est pa rien. Diminuer de 4 points pour les zones reculées va inciter les microfinances à aller dans ces zones.
Personnellement, si devrais agir contre la vie chère au Togo, j’ouvrirai immédiatement les frontières, supprimerai le péage pour les motos et baisserai pour les voitures commerciales. Et je baisserai de 40f le prix du kilo du maïs à l’ansat, le faisant passer de 190 f à 150f. Comme le bol ordinaire fait 2,5 kilos, le maïs de l’ansat passera à 375 le bol, au lieu de 475f actuellement. Pour moi ce serait la meilleure mesure, visible et quantifiable. Et à ce prix, les plus vulnérables iront à ansat.
Dites moi ce que vous pensez des mesures gouvernementales de lutte contre la vie chère, et votre avis sur mes propositions.
Proposons vivants.
Gerry Taama
Source : icilome.com