Plus de 500 Togolais dont des femmes et des enfants avaient fui la répression des manifestations à Mango pour se réfugier à Chereponi, une région reculée du nord-ouest du Ghana. Parmi eux, deux jeunes, Abou Saïbou plus connu sous le nom de Tintin et M’Biba Taïrou alias « Japonais », sont revenus à Mango depuis quelque temps. Mais la semaine dernière, ils ont été interpellés et déférés à la prison civile de Mango le 20 septembre 2018, sans autre forme de procès.
L’un des jeunes, « Japonais », s’est vu retirer sa moto par le sieur Abou Sofianou, présenté comme un milicien du régime avec qui il s’était battu. La moto a été remise à la brigade de Mango.
Pour récupérer l’engin, « Japonais » accompagné de son ami Tintin, s’est rendu chez le chef canton de Mango, Nambiema Zakar, pour solliciter son intervention. Ce dernier a promis de les aider et leur a demandé de revenir plus tard, le temps d’en discuter avec le sieur Abou Sofianou. « En réalité, le chef canton voulait les faire arrêter. Il a profité du fait que les deux jeunes viennent lui demander d’intercéder en leur faveur pour leur tendre un piège », raconte un proche des jeunes arrêtés.
En effet, lorsque Tintin et « Japonais » sont retournés chez le chef canton, celui-ci leur a fait comprendre que le sieur Sofianou a catégoriquement refusé de leur retourner la moto. Il a alors demandé aux deux jeunes d’aller se plaindre à la brigade et qu’il les aiderait à récupérer l’engin. « C’est en ce moment qu’un autre activiste du pouvoir, Atikou, un complice du chef canton, est entré en jeu. Lorsque Tintin et « Japonais » sont arrivés à la brigade, et après avoir expliqué aux agents la raison pour laquelle ils sont là, le chef de brigade n’a pas tardé à leur signifier qu’il les attendait et, séance tenante, les a gardés. Pour les noyer, Atikou les a rassurés qu’il va les faire libérer. Mais les pauvres jeunes qui ne se doutaient de rien, avaient tout leur espoir sur lui jusqu’à leur déferrement à la prison civile de Mango le jeudi 20 septembre 2018 (…)», rapporte notre source.
Le chef canton de Mango, Nambiema Zakar est souvent pointé du doigt comme à l’origine des arrestations et du départ massif des jeunes en exil. Il nous revient que lors de ses investigations sur la situation des droits de l’homme à Mango, suite aux répressions des manifestations, le président du Regroupement des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (REJADD), Assiba Johnson l’avait rencontré pour savoir les raisons qui poussent les jeunes à déserter la ville. Le défenseur des droits de l’homme l’a exhorté à jouer sa partition pour empêcher ce flux massif des jeunes vers les pays voisins.
Devant des témoins, le chef canton aurait rétorqué que tous ceux qui ont fui la ville, s’ils reviennent, devraient être arrêtés et poursuivis pour avoir organisé des manifestations à Mango. Visiblement, ses vœux sont en train d’être exaucés.
M.A.
Source : Liberté No.2764 du 27 septembre 2018
27Avril.com