Dans ce deuxième épisode de sa tribune titrée : ”Lutte pour la démocratie au Togo : les leçons de l’heure”, l’opposant Gnimdéwa Atakpama du Parti des Togolais invite ses confrères de l’opposition démocratique à réorienter le combat politique, en sortant du schéma élection-contestation-répression-dialogue établi depuis trente (30) ans. Bonne lecture.
Lutte pour la démocratie au Togo : les leçons de l’heure (2/3)
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » disait Albert Einstein.
Cela fait plus trente (30) ans que les Togolais luttent contre un régime cinquantenaire qui se transmet de père en fils. Malgré l’énorme tribut notamment en vies humaines consentit par le peuple, le changement positif souhaité n’est pas au rendez-vous. Au lieu de crier à l’échec, sommes-nous en mesure de tirer les leçons de trente ans d’expérience ? Après la revue des stratégies de l’échec programmé, examinons comment nous pouvons changer la nature de la lutte et offrir de nouvelles perspectives aux Togolais.
Dans une interview accordée au journal en ligne amaniainfo.com, Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais déclarait : « Notre objectif étant une transformation socio-politique et économique profonde, nous devons obligatoirement nous engager dans un conflit nécessaire avec le régime cinquantenaire qui se perpétue de père en fils sur fond de violence et de coups d’Etat. Cela dit, il faut une distinction claire entre conflit et violence. La violence, sous toutes ses formes, doit être évitée. Le conflit quant à lui est une force positive de changement. Dans les pays, comme le nôtre, touchés par une crise révélant des asymétries de pouvoir sévères entre un régime minoritaire et une majorité menottée, il est alors parfois nécessaire d’intensifier le conflit pour permettre d’avancer vers sa résolution dans l’intérêt général du peuple. »
Le but de l’intensification du conflit est de favoriser un processus conduisant à une transition. C’est la meilleure porte de sortie. Mais avant d’en arriver là, il faut des préalables.
Primo, nous devons sortir du schéma élection-contestation-répression-dialogue établi depuis trente (30) ans.
Ce schéma a montré ses limites et ses travers de violences. Nous devons avoir le courage de ne plus courir derrière d’hypothétiques postes électifs.
Nous n’avons pas besoin d’élections pour avoir la démocratie. Nous avons besoin de démocratie pour avoir des élections.
Secundo, il faut fédérer les forces démocratiques autour d’un projet politique. Ce projet politique doit répondre à la question fondamentale, dans quel Togo voulons-nous vivre ? Quel Togo voulons-nous laisser à la génération future ?
Tertio, nous devons nous engager dans une lutte citoyenne. Comme nous ne voulons plus aller à des élections frauduleuses parce que le régime va confisquer notre victoire, nous devons, pour être cohérent, sortir du schéma qui met les partis politiques ou les organisations de la société civile au-devant la lutte.
Il ne s’agira pas de dissoudre les partis politiques ou les organisations de la société civile. Nous avons payé un lourd tribut pour la conquête du multipartisme et de la liberté d’association. Nous n’allons pas revenir en arrière.
Chaque parti politique, chaque organisation de la société est libre, aussi bien que ses membres, de continuer à dérouler l’agenda de leurs activités.
Mais l’adhésion au projet politique doit être une initiative personnelle affranchie de son manteau politicien. L’idée est de transcender les intérêts égoïstes et partisans de nos organisations respectives pour se fondre dans l’intérêt général. L’objectif poursuivi est d’éclore une lutte citoyenne, loin des calculs politiciens, parfois mesquins.
Tous ceux qui seront porteur de cette nouvelle phase de la lutte, doivent se regrouper. Mais chacun vient en son nom propre et non au titre de représentant d’un parti politique ou d’une organisation de la société civile.
Gnimdéwa Atakpama
Délégué national aux affaires intérieures
Parti des Togolais
Lomé, le 13 juin 2021
Source : icilome.com