Après des mois d’arrêt au nom de la Covid-19, le gouvernement vient, certes sous condition, de donner son feu vert pour la reprise des activités sportives. Un signe de dégel de l’assaut Covid. Mais paradoxalement, des informations émanant de la Coordination nationale de la gestion de la riposte contre le covid-19 font état d’une flambée des nouvelles contaminations, et ce après les fêtes de fin d’année. Pourtant, ces fêtes de fin d’année ont été passées sous couvre-feu.
Pour éviter une augmentation des nouvelles contaminations, avant les fêtes de fin d’année, le gouvernement avait imposé un couvre-feu, à géométrie variable, sur tout le territoire national. Malgré leurs indignations, les populations ont tant bien que mal respecté cette restriction dans une période dédiée aux réjouissances et aux recettes après une année passée en chemin de croix. Mais visiblement, cette mesure, dite préventive n’a pas donné les résultats escomptés malgré l’application des populations que le gouvernement même a félicité. L’épidémie a, malgré tout, connu une flambée ces derniers jours.
En réaction, la région des savanes qui compterait plusieurs clusters est bouclée. Un couvre-feu est imposé dans les préfectures de Tone, de Cinkassé, de Tandjoare, de Kpendjal et de Kpendjal Ouest de 20 heures à 05 heures depuis 17 janvier 2021 et ce, jusqu’à nouvel ordre. « La propagation de la pandémie à la Covid-19 au Togo a été marquée, ces trois dernières semaines, par une augmentation du nombre de cas positifs, en particulier dans la Région des Savanes. Ces cas positifs concernent essentiellement des contacts et des suspects, issus d’une transmission communautaire », explique le gouvernement dans son communiqué.
Les incohérences dans la gestion de l’épidémie…
Sur la flambée des nouvelles contaminations, la Coordination nationale de gestion de la riposte contre le COVID-19 au Togo semble avoir une autre explication. En effet, selon les responsables de la coordination, l’apparition de nouveaux foyers s’explique également par l’arrivée massive des voyageurs par voie aérienne venant des pays de la sous-région, de l’Europe et des Etats-Unis.
Alors la question se pose de savoir pourquoi le gouvernement n’a pas pris officiellement des mesures additionnelles concernant les voyageurs arrivés des pays occidentaux, et dans une moindre mesure, des pays de la sous-région. Sachant que la majorité de ces pays agonise actuellement sous l’effet dévastateur des nouvelles variantes de la Covid-19. En effet, plusieurs études scientifiques ont conclu que les nouvelles variantes du Covid-19 sont largement plus transmissibles. Elles seraient même devenues la forme « dominante » dans plusieurs pays. Pas plus tard qu’en début de semaine, les chercheurs du Ghana voisin ont annoncé la découverte d’une nouvelle variante sur des voyageurs aériens. Le pays a vu spontanément le nombre de nouvelles contaminations augmenté. Passant d’une vingtaine à 200 cas par jour.
Au Togo, la même situation semble se dessiner. Et pour cause, du 6 au 12 janvier 2021, 275 cas positifs ont été enregistrés dont 67 uniquement pour la journée du 12 janvier. Un record. Bon nombre de ces cas ont été détectés parmi les voyageurs venus par vols, confirment de sources officielles.
Et alors que cette situation n’est pas encore décantée, l’exécutif a annoncé une nouvelle décision curieuse. En effet, le ministre des Sports et des Loisirs, Lidi Bessi-Kama a, dans un courrier adressé au Président du Comité National Olympique du Togo (CNO-Togo), autorisé une reprise conditionnée des activités sportives dans le pays. « Après une évaluation satisfaisante du respect du protocole sanitaire, une reprise progressive des activités sportives est possible », a indiqué la ministre. Comment les formations sportives qui disposent de peu de moyens peuvent suivre rigoureusement un protocole sanitaire qui impose des règles stricts notamment les tests (couteux) hebdomadaire des joueurs ? La question reste posée
Cette autorisation intervient également après le départ de l’équipe nationale A’ pour le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) Cameroun. Alors que lors des préparatifs, il a fallu des discussions « interminables » pour accorder une dérogation afin de permettre à l’équipe de se préparer dans de bonnes conditions. Mais sans championnat depuis pratiquement un an, les joueurs togolais, malgré un travail formidable de l’encadrement technique, risquent d’être à court physiquement durant la compétition. La faute donc à une interdiction des activités sportives, alors que dans les pays voisins et dans la perspective de cette compétition, les championnats de football avait repris il y a plusieurs semaines.
En définitive, si cette décision est un soulagement pour le public sportif, elle ne semble pas être cohérente avec la posture adoptée par le gouvernement depuis plusieurs mois.
Aussi, faut-il encore le souligner, alors que le gouvernement continue d’empiler les mesures restrictives, la sensibilisation qui doit être au cœur de la riposte semble être passée au second plan. L’engouement constaté durant les premiers mois de l’épidémie a fini par s’amenuiser. Ce faisant, les populations rechignent à continuer de respecter les gestes barrières, croyant à une disparition du virus.
Selon certains observateurs, « l’incohérence permanente des messages gouvernementaux a des conséquences très claires dans les comportements des togolais ». Un manque de clarté aussi bien dans le plan de riposte contre le covid-19 que la communication autour de la maladie qui renforce le déni de l’épidémie et le relâchement chez les concitoyens.
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com