Togo : L’absence d’un réel secteur privé, un grand frein au développement économique du pays

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Nous avons souvent et toujours écrit que le Togo est un pays bizarre où il se passe parfois des choses étranges. Ce n’est pas une lapalissade.

Togo : L’absence d’un réel secteur privé, un grand frein au développement économique du pays

Beaucoup n’ont rien compris à cette évidence. Et pour cause. Personne ne veut toucher du doigt les vrais problèmes et œuvrer pour trouver les solutions qui s’imposent.

Il nous semble donc indiqué d’aborder sommairement un sujet clé dans cet article qui n’a rien d’exceptionnel mais qui se destine à éveiller les consciences. Il s’agit du secteur privé togolais sur lequel l’Etat doit s’appuyer pour promouvoir le développement de notre pays. Il se trouve que le Togo n’a pas de secteur privé digne de ce nom.

Lorsque le Chef de l’Etat se déplace et effectue des visites officielles dans des pays amis, il se fait accompagner souvent par de nombreux opérateurs économiques togolais. Cela signifie que les opérateurs économiques du Togo doivent rencontrer ceux du pays visité pour négocier des opportunités. Prenons l’exemple de la Chine puisque c’est la mode. En vérité, tous les opérateurs économiques qui accompagnent le Président sont des sous-fifres parce qu’ils ne maîtrisent pas les capitaux des sociétés qu’ils représentent.

Il n’existe donc pas au Togo un opérateur économique digne de discuter pied à pied avec les capitaines d’Industrie chinois par exemple.

Au Togo, tous ceux qui se présentent comme opérateurs économiques ne sont pas détenteurs de capitaux togolais. Ils sont, pour la plupart, des Employés avec grand  » E  » parce qu’ils sont  des DG des Sociétés dont les vrais détenteurs de capitaux sont en dehors du Togo.

Dans notre pays, il n’y a pas une race de capitaines d’industrie ou de grands hommes d’affaires promoteurs comme DANGOTE au Nigéria. En revanche, il y a des hommes d’affaires sous-fifres. Il y a, dans notre pays, un manque cruel de capital. En même temps, nous avons un tissu économique fragile qu’il faut renforcer. Nous avons besoin d’un secteur privé organisé et consolidé, animé par des hommes d’affaires dynamiques. En vérité, notre pays est enfermé dans un cercle vicieux parce que les opérateurs économiques, les chefs d’entreprises ne sont, pour la plupart, que des employés. Ils ne sont pas à la hauteur de l’enjeu économique de notre pays. Ce qui fait dire que leur travail se fait au rabais par rapport à l’intérêt du pays. Prenons par exemple le cas de NSIA. Son DG n’a aucun pouvoir.

Son PDG est ailleurs et peut décider de l’orientation à suivre dans l’intérêt de son pays, la Côte d’Ivoire et non du Togo.

Au Togo, nous n’avons donc que des hommes d’affaires au service de leurs chefs et qui ne sont en rien comparables aux pays de la sous-région notamment la Côte d’Ivoire, le Sénégal où on trouve de véritables capitaines d’industrie. La raison est toute simple. Ceux qui, au départ, avaient le savoir-faire et la volonté de s’investir pour monter de véritables affaires ont été handicapés par des pesanteurs politiques parce que pénalisés par la crise. D’un côté, ils ont peur d’être bloqués par le régime parce qu’ils ne sont pas de son bord. En revanche, ceux qui ont la faveur du pouvoir et qui peuvent œuvrer à l’émancipation du pays ignorent tout de la bonne gouvernance. Le cas de CECO est emblématique.

Au Togo, les capitaux sont détenus par les anciens barons du pouvoir RPT. Ils investissent dans les affaires et se tapissent dans l’ombre. Lorsqu’il y a un problème et qu’il faut redresser la barre, ils sortent de l’ombre. Ils envoient au front des D.G qui n’ont aucun pouvoir. Ils se redressent et se dressent ensuite sur le chemin de la transparence et puisqu’ils sont encore aux affaires et exercent le pouvoir, ils restent puissants et bloquent tout. Même parfois, le Chef de l’Etat ne voit que du feu. Et c’est ainsi que ces détenteurs de capitaux obscurs continuent à nuire au développement de notre pays. Il appartient donc au Chef de l’Etat de couper le nœud gordien pour briser le cercle vicieux dans lequel le pays est enfermé. Il est le seul à pouvoir le faire. Et il doit le faire.

Il est inimaginable de promouvoir de nos jours le développement d’un pays comme le nôtre avec un secteur privé inexistant. Nous ne devons pas nous voiler la face. Ceux qui jouent ou tentent de jouer le rôle d’opérateurs économiques sont, pour la plupart, des usurpateurs parce qu’ils n’ont pas les moyens de leur position.

Le Président doit, par conséquent, tirer les leçons et envisager rapidement la mise en place d’une stratégie efficace de développement sur laquelle viendra se greffer, en appoint, les investisseurs étrangers qui ne pourront pas, à l’évidence, gérer seul le jeu sur la terre de nos aïeux. Il en va de notre intérêt à tous.

Source : Rodrigue, Le Combat du peuple

27Avril.com