Lomé a connu jeudi un deuxième jour d’affrontements entre forces de l’ordre et militants de l’opposition. La marche prévue prévue par cette dernière sur le siège de la Cedeao dans la capitale togolaise n’a finalement pas pu se tenir.
Les manifestations se suivent et se ressemblent ces jours-ci au Togo. Au point que les comptes-rendus de ces face-à-face violents entre militants de l’opposition et forces de l’ordre tendent à se banaliser. Seuls finalement les décomptes diffèrent, très peu cependant, d’un jour à un autre. Pour ce 19 octobre, une chose à retenir en fin de compte : la marche sur les bureaux loméens de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’a pas eu lieu.
Et pour cause, comme la veille, les forces de l’ordre ont fait respecter la décision du gouvernement de ne plus autoriser les marches en semaine. Le bilan diffère d’un camp à un autre : trois morts, 44 blessés par balle et 36 par bastonnade selon l’opposition ; aucun mort ni blessé d’après le gouvernement.
Seule certitude cependant, le 19 octobre dans la soirée, la capitale avait repris un semblant de vie. La circulation était un peu plus importante que la veille à la même heure. Mais la ville porte toujours les stigmates des affrontements de la matinée dans plusieurs zones, notamment le quartier populaire de Bè, dans l’est de la ville.
Lueur d’espoir
La mobilisation de la communauté internationale commence à s’intensifier pour aider les frères ennemis togolais à trouver un terrain d’entente. Le 18 octobre, le chef de l’État béninois, Patrice Talon, a effectué une visite-éclair à Lomé. Il a rencontré à l’aéroport son homologue togolais pendant quelques heures à l’abri des caméras.
Si rien n’a filtré de cette deuxième rencontre en une semaine entre les deux hommes, il est clair que les événements qui se déroulaient à quelques kilomètres du salon présidentiel de l’aéroport étaient au centre des discussions.
Et pour la première fois depuis le début de la crise il y a très exactement deux mois, Tikpi Atchadam s’est montré plutôt favorable à des efforts de médiation. « Je n’ai pas rencontré Patrice Talon mais j’en profite pour le remercier de sa démarche », a indiqué leader du Parti national panafricain (PNP) au micro de RFI.
Appel à Emmanuel Macron
Sur les ondes, il a lancé un appel à Emmanuel Macron pour « mettre son poids dans la balance ». La France appelle depuis le début de la crise les différents protagonistes à privilégier la solution du dialogue pour résoudre la crise, comme l’a encore rappelé le 19 octobre Agnès Romatet-Espagne, porte-parole du Quai d’Orsay.
Dans le camp du gouvernement, on réaffirme l’ouverture au dialogue. « Nous pouvons faire l’économie de ces morts et de ces blessés parce que le sang a trop coulé au Togo », a indiqué Guy Madjé Lorenzo, ministre de la Communication, appelant l’opposition à rejoindre la table des discussions.
Il a aussi annoncé que « les éléments [des forces de l’ordre] qui ont commis des dérapages ont été sanctionnés par leur hiérarchie ».
Les Togolais se réveillent ce vendredi 20 octobre dans l’angoisse de voir se poursuivre les scènes de violence de ces derniers jours, l’opposition ayant renouvelé son appel à la marche. Tous espèrent un miracle qui permettrait aux deux camps de trouver un consensus pour sauver ce qui peut encore l’être de la cohésion sociale du pays.
Jeune Afrique