Bien qu’étant l’un des pôles majeurs du développement économique du Togo, bien que constituant un axe prioritaire pour le gouvernement qui en tire 4% de ses recettes, le secteur minier nourrit à peine ceux qui y travaillent. « Alors que les entreprises minières sont de plus en plus riches, leurs employés et ouvriers ainsi que les communautés qui accueillent ces entreprises sont de plus en plus pauvres », explique avec regret Yves Dossou (photo, à droite), coordonnateur de l’ONG Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD), une organisation qui se bat depuis des années pour le bien-être des personnes travaillant dans le secteur minier togolais.
D’après M. Dossou, le Togo compte au-delà de 4000 personnes travaillant dans le secteur minier. Sauf que les conditions de travail de ces personnes sont exécrables. « Pratiquement 80% de ces travailleurs ne sont pas déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale. Les conditions de sécurité et santé au travail ne sont pas réunies, les questions du respect des droits humains posent problème et les licenciements abusifs sont légions. En plus, le cadre de l’exercice de la liberté syndicale et de négociation collective n’existe pratiquement pas. Il n’y a que quelques rares entreprises qui l’autorisent. Et donc la question de la législation sociale dans notre pays fait largement défaut », indique le premier responsable de l’ONG SAAD qui ajoute que les conventions internationales auxquelles le Togo est parti ne sont pas respectées.
Par ailleurs, il se pose un problème au niveau de la Responsabilité sociétale des entreprises exerçant dans les mines togolaises. « Je puis vous assurez que c’est le cas chez nous au Togo. Lorsque vous prenez des localités comme Tabligbo, Bandjeli, Pagala, Kpomé, Bandjeli et bien d’autres, vous remarquerez que les communautés hôtes des entreprises d’extraction minière sont extrêmement pauvres », fait remarquer Yves Dossou.
Pourquoi ces populations sont-elles pauvres ? La question mérite d’être posée. Et à en croire l’ONG SAAD, cette situation est due au fait qu’au Togo, il se pose un réel problème au niveau de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Une politique qui oblige les entreprises minières à respecter la législation sociale en matière de travail, d’environnement. D’où le besoin d’interpeller les autorités compétentes sur le problème et d’entreprendre des actions pour que les capacités des acteurs sociaux (que sont les organisations de défense des droits de l’homme, les syndicats et les inspecteurs de travail et des mines) soient renforcés afin de leur permettre d’intervenir plus efficacement de façon à renforcer le secteur pour que l’exploitation minière au Togo puisse profiter aux populations.
Voilà qui explique le séminaire-atelier de formation organisé du 8 au 9 juin dernier à Tabligbo (75km au nord-est de Lomé) par l’ONG SAAD autour du thème « Conditions de travail, droits de l’homme et Responsabilité sociétale des entreprises dans le secteur des mines et de la Zone franche au Togo ». La rencontre avait pour objectif de renforcer les capacités des travailleurs de la Zone franche, des mines sur la Responsabilité sociétale dans les entreprises, le droit à un environnement sain et le travail décent.
Elle a donc permis de faire une évaluation rapide des conditions de vie et de travail des employés des mines, des atteintes et des violations des droits de l’homme dans les secteurs des mines et de la Zone franche et mettre en évidence les causes et les conséquences sociales, économiques et environnementales qui en découlent pour les travailleurs et les populations.
Il s’est agi aussi de faire une analyse du cadre juridique et réglementaire et de mettre en évidence les lacunes qui empêchent l’applicabilité et l’effectivité de la RSE dans les entreprises minières au Togo, assortie de recommandations.
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