Le différend foncier qui oppose depuis plusieurs décennies les collectivités Avoussou et Massemé, est loin de connaître un dénouement. Un peu comme dans un jeu de ping-pong, les deux camps se renvoient la balle à chaque fois que l’occasion s’y prête. Il y a quelques semaines, les Massemé ont fait une sortie médiatique accusant notamment leurs adversaires de faire usage des «gros bras » pour opérer. La question du premier arrivé sur les lieux revêt également un gros enjeu et devrait sans doute être déterminante dans le verdict final des juridictions togolaises. Ce samedi 25 juin, c’est le tour des Avoussou de rétablir selon eux les faits en montrant des preuves de leur installation en premier sur les lieux.
L’usage des gros bras pour semer des troubles
Sur l’accusation de l’usage des « gros bras », la réponse des Avoussou est cinglante : ‘‘C’est plutôt les Massemé qui font usage des gros bras. Après leur sale besogne, ils passent directement la frontière et rentrent dans le Ghana voisin. Combien de fois, ils ne nous ont pas fusillés sur nos propres terres, dans nos propres maisons ? A l’heure où nous parlons et malgré le sursis de la Cour d’Appel, les Massemé continuent de faire des chantiers comme si de rien n’était. Quand on a raison on n’utilise pas la force ni sa position sociale’’, a pesté Kwami Tavina, le mandataire de la collectivité Avoussou.
Les preuves matérielles et immatérielles de propriété
S’agissant de la propriété historique des parcelles disputées, les Avoussou brandissent des preuves matérielles et immatérielles. Selon une généalogie dressée par eux, les Massemé ne font que la 4ème génération des descendants d’Avoussou. Plus loin, leur aïeul (Massemé) ne serait en réalité qu’«un enfant adoptif » de la grande famille.
Autres preuves (sic), depuis la création du village Akato-Avoémé, le trône est toujours revenu aux descendants d’Avoussou. Actuellement, il n’y a plus d’autorité coutumière dans la localité, après le décès du dernier chef. Par ailleurs, la plus vieille tombe de la localité date de 1963 et relève des descendants d’Avoussou. Voilà selon la collectivité Avoussou, des preuves matérielles et immatérielles irréfutables qui leur confèrent le droit de propriété sur les 93 hectares en jeu.
Un bref rappel des faits. Au total ce sont 93 hectares qui constituent la pomme de discorde entre les deux collectivités. Un premier partage effectué par le Tribunal de Première Instance de Lomé le 2 décembre 2011 consacrait le partage en deux : à savoir 54 hectares de la parcelle disputée pour la collectivité Avoussou et les 39 hectares restants pour les Massemé. Ensuite, coup de théâtre, la collectivité Massémé demande et obtient le 29 mars 2017, la totalité de la parcelle disputée soit les 93 hectares.
Enfin, le dernier rebondissement judicaire de cette affaire remonte au 19 novembre 2021. Le Président de la Cour d’Appel de Lomé Kokou Amégboh WOTTOR ordonne le sursis de la dernière décision. En clair, la Cour d’Appel doit prononcer une prochaine décision pour confirmer ou infirmer le droit de propriété sur les 93 hectares de terrain litigieux. Voilà là où on en est dans cette affaire de foncier, une de plus qui déchire le tissu social et met en mal le vivre ensemble.
En attendant de connaître la suite de cette affaire à Akato-Avoèmé, tout comme les incalculables litiges fonciers qui naissent et qui renaissent chaque jour au Togo, la collectivité Avoussou demande une confrontation directe entre les deux parties. Evoquez l’histoire et les us et coutumes pour déterminer le propriétaire des parcelles pourrait être une option. Et si d’ici là, cette confrontation venait à ne pas se tenir, le sursis de la Cour d’Appel pourrait rapidement refroidir les ardeurs des uns et des autres.
J.E.
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com