L’insécurité routière à Guérin-kouka est devenue un phénomène récurrent. Le marché de la ville s’anime comme les autres de la localité une seule fois dans la semaine. Les dimanches sont pour les populations de Dankpen, un rendez-vous hebdomadaire. Jour de marché ou se brassent commerçants venus d’ailleurs et habitants de la préfecture. Guérin-Kouka est un grand carrefour d’affaires à l’instar de Kabou, Bassar, Bangeli, Bitcabé, Dimori.
Il y a une dizaine d’années, on n’enregistrait pas de chiffres inquiétants liés aux accidents dans cette commune. Mais depuis un moment, du fait du bitumage partiel d’un tronçon traversant la commune de Kouka, les accidents de circulations s’observent tous les dimanches au niveau du grand rond-point occasionnant les décès tragiques et des handicapés à vie.
Rien que la dernière quinzaine du mois de mars, il y a eu deux accidents de moto occasionnant des pertes en vie humaine. Le premier accident s’était produit un vendredi aux environs de 11 heures au niveau du marché. Le motocycliste qui arrivait à vive allure du côté de Nampoch a fauché mortellement un élève de la classe de 1ère qui, d’après nos informations, se rendait à l’école située en face du marché. L’élève est mort quelques minutes après. L’auteur, un agent d’une entreprise, a été évacué sur Kara. Il mourra également deux jours plus tard.
Le second est un témoignage d’un passager qui a vécu le drame. « Le dimanche 4 avril dernier vers 15heures, je voyageais à bord d’un taxi quand devant moi, deux motos sont entrées en collision. Trois blessés graves ont été dénombrés parmi lesquels une pauvre femme. Les victimes ont perdu beaucoup de sang et le conducteur de moto-taxi était inconscient, tout comme la femme. Quant à la troisième personne, elle avait du sang qui sortait de ses oreilles ». Comme d’habitude, les blessés sont transportés dans un premier temps au CHP de Dankpen pour faire de la médecine de l’impossible. Les plus chanceux sont par la suite évacués sur le CHU Kara.
Un habitant de Dankpen que nous avons rencontré lors de notre séjour en pays Bassar-Konkomba nous a fait part de son combat contre les accidents. Malheureusement, il est incompris par les autorités locales « Dès le premier accident, j’ai contacté le bureau de la mairie pour solliciter une audience afin d’attirer leur attention sur ce phénomène, mais j’ai été informé que le maire était en mission à Kara. Après le deuxième accident dont j’ai été témoin, j’ai appelé le maire M. Beguéme Nakodja André. Au téléphone je lui ai exposé mes préoccupations concernant l’insécurité routière », nous rapporte-t-il.
Le maire lui répondra qu’il en était conscient et que dans la matinée du même dimanche, quelques agents de police ont été mobilisés pour contrôler la circulation. Tous les efforts du maire de la grande commune de Guérin-Kouka pour la protection de ses électeurs s’arrêtent malheureusement là ! Sur tous les plans, nous constatons avec amertume des limites. A propos de l’idée d’implantation des dos d’ânes pour limiter les excès de vitesse, le maire dit qu’il en a fait la demande, mais le ministre des Infrastructures a répondu que c’est une route nationale et que l’on ne peut mettre les dos d’âne. Selon le maire, il faudrait d’abord une route de contournement pour les gros camions. Et si cette voie de contournement devrait prendre encore des mois voire les années ? Les populations seront donc abandonnées à leur triste sort. Au lieu des actions durables, l’autorité municipale compte plutôt sévir contre l’excès de vitesse et ceux qui ne portent pas de casques.
Hormis le déploiement des Forces de Sécurité dont la présence sur les voies publiques ne dure que les heures de service, le dispositif qui semble plus efficace est l’implantation des dos d’âne couplés de sensibilisation. Ces dos d’âne font leur preuve dans la commune voisine de Bassar 1.
Aujourd’hui, la sensibilisation est encore plus accessible dans la localité avec l’installation depuis presque deux ans de la Radio « La Voix de Dankpen » émettant depuis Guerin-Kouka. Pour une population majoritairement analphabète, les structures décentralisées doivent s’approprier la radio locale. Il est aussi possible aujourd’hui pour la Gendarmerie et la Police nationale de sensibiliser à travers les médias.
A l’excès de vitesse et au non-respect du code de la route s’ajoutent l’étroitesse de la route à certains endroits de cette agglomération qui sont sources d’accidents parfois mortels.
B. Douligna
Source : Liberté
Source : 27Avril.com