L’année dernière certains d’entre eux manigancèrent pour son arrestation ou plutôt son kidnapping. Ils se frottèrent les mains quand il fut conduit manu militari la nuit du 16 Octobre 2017 à la prison de Kara. Sa libération le 08 décembre 2017 était venue bousculer leur plan qui consistait à le voir finir ses jours dans un cachot.
Cette fois-ci ils reviennent à la charge et veulent le voir disparaître une fois pour toutes de la circulation.
C’est Alfa Alassane lui-même, il y a quelques jours, qui a tiré la sonnette d’alarme dans un message-audio en langue tem pour accuser certains cadres proches du régime, originaires de Tchaoudjo, qui mijoteraient un complot pour l’assassiner. L’intéressé que nous avons joint par téléphone à Sokodé nous a confirmé la menace de mort qui planerait sur sa personne. Il dit avoir des preuves et surtout les noms des meneurs qu’il nous communiquera au moment venu.
Vendredi, 20 Octobre 2017, lors de la grande prière dans sa mosquée à Sokodé, l’homme de Dieu qu’on ne présente plus, a consacré presque la totalité de son prêche à cette triste actualité. Toujours égal à lui-même, l’Imam Alassane Mollah, dit n’avoir peur ni de personne, ni de la mort, et que seul Dieu est son maître auprès de qui il se tient prêt à retourner. Il a dit ne pas comprendre pourquoi des gens qui se disent croyants chercheraient à faire des veuves et des orphelins dans des familles qui ne leur ont rien fait. Avant de terminer son prêche Alfa Alassane a tenu à faire une confidence à ses fidèles pour prouver la méchanceté et surtout la persécution dont il fait l’objet depuis Août 2017. Il y a quelques mois il lui a été refusé de quitter le Togo pour aller se faire soigner en Côte d’Ivoire. Selon toujours son propos, il se porterait très bien contrairement au souhait de ceux qui voulaient le voir périr en lui interdisant d’aller se faire opérer.
Un cadre est supposé avoir un très bon niveau d’étude, il est à même d’avoir une intelligence au-dessus de la moyenne et occuper un poste de rêve au sein de l’administration. Et beaucoup de ceux que nous appelons cadres, et qui sont originaires de chez nous, répondent à ce profil. Nous le reconnaissons et nous nous en réjouissons. Mais là où le bât blesse, c’est lorsque ces officiers de l’armée et ces cadres de l’administration, proches du pouvoir, se mettent au service du régime qu’ils défendent bec et ongles au risque de paraître quelquefois plus royalistes que le roi lui-même. Quand certains d’entre eux identifient des opposants au régime dans leurs régions comme Tikpi Atchadam, l’Imam Alassane et beaucoup d’autres comme des ennemis à abattre, on est en droit de se demander s’ils le font pour sauvegarder leurs intérêts personnels, ou s’ils sont sponsorisés par le régime qu´ils défendent.
Dans le cas d´espèce, il s’agit d’une accusation grave, très grave que porte Alfa Alassane Mollah sur des personnes qui seraient ses cousins et neveux, qui chercheraient à le faire arrêter, à fermer sa mosquée et à faire tout pour qu’il ne revienne plus vivant parmi les siens. Depuis son retour de prison en décembre 2017 l’homme de Dieu adopte un profil bas, certes, mais ne manque pas de dénoncer de temps en temps, à travers des paraboles au cours de ses prêches, la dictature, l’injustice, la violation des droits humains. La liberté d´expression est-elle interdite à certains citoyens?
L’indignation est grande au Togo et dans la diaspora après l’annonce de l’intéressé du danger de mort qui pèse sur lui. Un compatriote a même posté un message-audio en langue kabyè pour rappeler que chaque région de notre pays a ses cadres, et pour dénoncer l’attitude des cadres de Tchaoudjo qui doivent se ressaisir.
Le bras de fer larvé qui couvait entre certains officiers et certains cadres civils originaires de Tchaoudjo, proches du pouvoir, et l’Imam Alassane Mollah de Sokodé, ne fait que commencer.
Nous y reviendrons.
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com